4°. Aux mauvaises qualités de l’air par son infection, son intempérie, sa pesanteur, sa legereté, ses variations subites, &c.
5°. Aux vices de régime, comme sont l’intempérance dans l’usage des alimens, les grandes abstinences, les exercices outrés, la vie trop sédentaire, le déreglement des passions, l’incontinence, les veilles immodérées, l’application excessive de l’esprit, &c. Le tempérament ou la complexion du corps peu capable de soûtenir les excès, occasionne aussi la fievre.
6°. A la contagion, qui dans certain cas produit par le contact, la respiration & les exhalaisons, des fievres putrides, rougeoliques, scorbutiques, hectiques, dyssentériques, &c.
7°. Aux défauts des excrétion, & des secrétions.
8°. A la suppression lente ou subite des excrétions ou évacuations accoûtumées, par quelque cause que ce soit.
9°. Aux maladies qui sont elles-mêmes des causes de maladies. Ainsi les inflammations des parties nerveuses procurent la fievre.
Enfin toutes les causes qui produisent en nous quelque lésion, & les lésions elles-mêmes, peuvent produire la fievre ; mais la puissance de l’art ne s’étend pas jusqu’aux hetérogenes fébriles, lorsqu’ils sont confondus avec nos humeurs ; la nature seule a le pouvoir de les dompter dans les fievres continues ; la Medecine n’est capable que de remédier quelquefois aux dérangemens ou aux obstacles qui s’opposent à la défense de la nature, & qui peuvent la faire succomber.
Effets généraux de la fievre. L’expulsion, la propulsion plus prompte des liqueurs, l’agitation des humeurs qui sont en stagnation, le mélange, la confusion de toutes ensemble, la résistance vaincue, la coction, la secrétion de l’humeur digérée, la crise de la matiere qui en irritant & en coagulant, avoit produit la fievre, le changement des humeurs saines en une nature propre à supporter ce à quoi le malade étoit le moins accoûtumé, l’expression du pus liquide, l’épaississement du reste, la soif, la chaleur, la douleur, l’anxiété, la foiblesse, un sentiment de lassitude, de pesanteur, l’anorexie, sont les effets de la fievre.
Périodes de la fievre. On en distingue quatre périodes : son commencement, son augmentation, son état & son déclin ; mais comme ce sont des choses fort connues, passons aux différentes manieres dont la fievre se termine.
Terminaison de la fievre. La fievre se termine de trois manieres différentes ; ou elle cause la mort, ou elle dégénere en une autre maladie, ou elle se guérit.
La fievre cause la mort, lorsque les solides se détruisent par la violence qu’ils souffrent, ou lorsque le sang est tellement vicié, qu’il bouche les vaisseaux vitaux, ou ceux qui doivent porter de quoi réparer la déperdition. C’est ainsi que la fievre produit dans les visceres nobles, tels que le cœur, le poumon & le cervelet, l’inflammation, la suppuration, la gangrene, ou des aphtes dans les premieres voies.
Elle dégénere en une autre maladie, quand elle cause une si grande agitation, que les vaisseaux en sont endommagés, & qu’à force de dissiper les parties les plus fluides des humeurs, elle épaissit le reste ; ou quand elle n’a pas la force de résoudre par elle-même la matiere coagulée ; ou lorsqu’elle dépose la matiere critique dans certains vaisseaux obstrués, dilatés ou rompus. De-là des taches rouges, des pustules, des phlegmons, des bubons, la parotide, la suppuration, la gangrene, le sphacele, &c.
La fievre se guérit, 1°. toutes les fois qu’elle peut d’elle même dompter sa cause matérielle, la rendre mobile, & l’expulser par les voies de l’insensible transpiration ; il faut en même tems que son mouve-
dans toute sa liberté : 2°. lorsque la matiere morbifique, domptée & devenue mobile, n’est pas parfaitement saine, de sorte qu’elle empêche l’égale distribution des fluides, & irrite les vaisseaux, ce qui occasionne quelqu’évacuation sensible, avec laquelle cette matiere est expulsée hors du corps ; comme par des sueurs, des crachats, des vomissemens, des diarrhées, & des urines qui surviennent après la coction : 3°. la matiere de la maladie domptée, résolue, devenue mobile par l’action de la fievre même, assimilée de nouveau aux humeurs saines, circule avec elles sans produire aucune crise, ni d’autres maux.
Pour bien connoitre la terminaison des fievres, il faut observer leur nature, leur commencement, & leur progrès.
Prognostics. Plus une fievre s’écarte de son cours ordinaire, & moins le présage devient favorable : d’un autre côté, moins il faut de tems pour résoudre la lenteur, & pour calmer l’irritation de l’accéleration du pouls, plus la fievre est douce & salutaire, & réciproquement au contraire. Toute fievre qui a été mal gouvernée, devient plus opiniâtre & plus difficile à guérir, que si elle eût été abandonnée à elle-même. Le malade dont la fievre se dissipe naturellement, aisément & sans remede, joüit pour lors d’une meilleure santé qu’au paravant.
On tire aussi différens présages de toutes les affections morbifiques qui peuvent accompagner la fievre ; par exemple, du spasme & de ses especes, du coma, du délire, de la prostration des forces, de la déglutition, de la respiration, de l’état du bas-ventre, des hypochondres, des lassitudes, des angoisses, de la chaleur, du froid, des tremblemens, des urines, du vomissement, du flux de ventre, des déjections sanguines & putrides, des sueurs, des pustules inflammatoires, des douleurs locales, des aphthes, &c. mais nous n’entrerons point dans ce détail qui est immense, & qui a été savamment exposé par M. Quesnay ; le lecteur peut y avoir recours.
Cure. Pour parvenir à la meilleure méthode de traiter toutes les fievres, & à leur cure générale, 1°. il faut pourvoir à la vie & aux forces du malade : 2°. corriger & expulser l’acrimonie irritante : 3°. dissoudre la lenteur & l’évacuer : 4°. calmer les symptomes.
On ménage la vie & les forces du malade par des alimens & des boissons fluides, aisés à digérer, qui résistent à la putréfaction, & qui sont opposés à la cause connue de la fievre : on donne ces alimens dans le tems & la quantité nécessaire ; ce qu’on regle sur l’âge du malade, son habitude, le climat qu’il habite, l’état & la véhémence du mal.
On corrige l’acrimonie irritante par les remedes opposés à cette acrimonie ; on l’expulse par les vomitifs, les purgatifs, ou de simples laxatifs. Si le corps irritant qui donne la fievre étoit étranger, on l’ôtera promptement. & on fomentera la partie lésée par des matieres mucilagineuses, douces, anodynes, un peu apéritives.
On dissout la lenteur par divers remedes, dont le principal est la fievre même, modérée, de façon à pouvoir dissiper la viscosité. On y parvient aussi en diminuant le volume du sang par la saignée, ou en augmentant son mouvement par des irritans. Enfin l’on rend aux matieres visqueuses leur fluidité par les diluans, les sels, les fondans & les frictions.
Quand on a détruit la cause fébrile, les symptomes ou accidens qui accompagnent la fievre cessent avec elle ; s’ils peuvent subsister avec la fievre sans danger, ils demandent à peine une cure particuliere. Quand ils viennent des efforts de la nature