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vement cesse, que la dilatation ou expansion diminue, que les parties se rapprochent & qu’elles peuvent s’appliquer les unes aux autres, de maniere que le corps perde son état de fluidité : l’évaporation produit aussi les mêmes effets ; mais on ne dit guere que des cires, des huiles, des graisses, & des liqueurs animales, qu’elles se figent. Voyez Glace.

FIGUERIE, s. f. (jardinage) lieu où on éleve des figuiers. Dans les grands potagers, il y a toûjours un petit jardin séparé pour ces arbres, de même qu’une melonniere. (K)

FIGUIER, s. m. (Hist. nat. bot.) ficus, genre de plantes dont les fleurs, au rapport de Valerius-Cordus, naissent dans la cavité du fruit en forme de petits filets qui tiennent à une sorte d’enveloppe qui renferme une semence ordinairement arrondie : le fruit est le plus souvent en forme de poire ou arrondi ou ovoïde ; il est charnu, mol, & n’a presque point de pédicule. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Les caracteres du figuier ont été parfaitement établis par nos botanistes modernes, par Tournefort, Miller, Boerhaave, & sur-tout par Linnæus.

Ses fleurs, dit Miller, toûjours renfermées au milieu du fruit, sont monopétales, mâles & femelles. Les fleurs mâles sont situées autour de la couronne du fruit ; les femelles croissent près du pédicule, & sont succédées par de petites graines dures : le fruit entier est de figure de poire, ronde ou ovale, charnu, succulent, & d’une saveur douce.

Boerhaave caracterise ainsi le figuier : de l’extrémité du pédicule, part un petit calice à trois pieces, d’où naît le péricarpe, enfermé dans une membrane tant-soit-peu épineuse, & retrécie au sommet du fruit ; il y forme un ombilic, & s’insere dans plusieurs petites feuilles écailleuses & pointues par le bout, couchées successivement les unes sur les autres, & couvrant presque entierement la cavité du péricarpe. Les feuilles extérieures soûtenues par des pédicules sorts, s’appliquent étroitement ensemble, & celles qui sont les plus avancées en-dedans, n’ont point de pédicule : de la cavité du péricarpe, partent circulairement des fleurs longues, tubuleuses, à plusieurs pétales, hermaphrodites, avec des ovaires qui sont autant de capsules testacées, croissant les unes dans les autres, rudes, & formant des gousses pulpeuses.

Notre illustre botaniste fait mention de huit especes de figuiers communs, Miller de quinze, Tournefort de dix-sept ; mais de ce grand nombre d’especes, nous ne parlerons que du figuier domestique, & du figuier sauvage ordinaire ; car il n’y a pas un moindre nombre d’especes de figuiers sauvages, & de figuiers exotiques, qu’il y en a de cultivés.

Le figuier commun cultivé, s’appelle en grec συκῆ ἥμερον, & par les botanistes ficus, ficus communis, ficus sativa, &c. c’est un arbre d’une hauteur médiocre, branchu, touffu ; son tronc n’est pas tout-à-fait droit ; son écorce n’est pas unie, mais un peu raboteuse, sur-tout lorsqu’il est vieux : son bois est blanchâtre, mou, moëlleux, il n’est pas employé : ses feuilles sont amples, découpées en maniere de main ouverte, partagées en cinq parties, & ayant cinq angles ; elles sont rudes, dures, & d’un verd foncé : les fruits naissent auprès de l’origine des feuilles, sans aucune fleur apparente qui ait précédé : ils sont petits dans le commencement, grossissent peu-à-peu, verds d’abord, ensuite pâles, rougeâtres, ou tirant sur le violet ; ils sont tous moëlleux, mous, & remplis d’une infinité de petits grains ; si l’on blesse ces fruits avant leur maturité, ou la queue des feuilles, ou l’écorce nouvelle du figuier, il en sort un suc laiteux, acre & amer.

Cette plante n’est pas privée de fleurs, comme plu-

sieurs l’ont crû ; mais elles sont cachées dans le fruit même, comme Tournefort l’avoit soupçonné après Valerius-Cordus ; quoique ni lui ni les autres botanistes n’ayent connu les vraies parties essentielles de ces fleurs, jusqu’à l’année 1712, que M. de la Hire, medecin, & membre de l’académie des Sciences, a découvert & démontré publiquement dans cette célebre académie, les étamines des figues, & leurs sommets couverts d’une poussiere très-fine ; car M. Tournefort avoit pris pour les fleurs, de certains filamens extrèmement fins, qui sortent des enveloppes qui renferment la graine, & même les pistiles de ces mêmes graines ; mais comme les parties naturelles des fleurs sont, sur-tout les étamines & les sommets, pleines d’une poussiere très-fine, & que les filamens de Tournefort ne sont point garnis de ces sommets, ils ne doivent pas être appellés fleurs, sur-tout si l’on trouve de ces étamines ailleurs garnies de leurs sommets. La fleur dans cette plante est donc renfermée dans le fruit lui-même ; ou plûtôt le fruit est le calice, dans lequel la fleur & les graines sont cachées.

Voici quelle est la disposition & la forme des différentes fleurs du figuier, selon M. Linnæus (Genera Plant. 776). Le calice des fleurs est commun, ou plûtôt c’est la figue elle-même ; il est en forme de poire, très-gros, charnu, creux, fermé à sa partie supérieure par beaucoup d’écailles triangulaires, pointues, dentelées & recourbées. Sa surface interne est toute couverte de petites fleurs, dont les extérieurs, ou les plus proches de ces écailles sont les fleurs mâles, qui sont en petit nombre ; & au-dessous de celles-là, sont les fleurs femelles en très grand nombre.

Chaque fleur mâle a son pédicule, & son propre calice partagé en trois, quatre & cinq parties, dont les découpures sont en forme de lance, droites, égales, sans pétales : elle a trois étamines ou cinq. Selon Ponthedera, ce sont des filets déliés de la longueur du calice, qui portent chacun un sommet à deux loges, & entre ces étamines est une apparence de pistiles. Les fleurs femelles ont chacune leur pédicule, & leur calice propre partagé en cinq parties, dont les découpures sont pointues en forme de lance, droites, presqu’égales, mais sans pétales. L’embryon est ovalaire, & de la longueur du calice propre ; il est surmonté d’un stile en forme d’alêne qui sort de l’embryon, à côté de son sommet : ce stile est terminé par deux stigmates pointus & refléchis, dont l’un est plus court que l’autre : le calice est placé obliquement & contient une seule graine assez grosse, arrondie & applatie.

Le suc du figuier tiré de l’arbre par incision, ou exprimé des feuilles, est clair, laiteux, amer, acre & chaud. Il enleve la peau & l’excorie ; on s’en sert même pour extirper les porreaux appellés myrmecia ; quelques-uns le préparent, & en font un détersif, pour appliquer extérieurement dans les maladies cutanées ; mais nous avons de beaucoup meilleurs remedes. L’acidité du même suc fait coaguler le lait, & le met en fromage ; cela doit être.

Il entre encore dans la classe de ces écritures sympathiques, qui ne sont visibles qu’en les chauffant ; c’est-à-dire que si l’on trace des lettres sur un papier avec le lait, ou le suc des jeunes branches de figuier, elles disparoîtront ; pour les lire il faut approcher le papier du feu ; lorsque ce papier sera fort échauffé, alors les caracteres deviendront lisibles ; c’est une expérience fort connue ; & l’on sait que le suc du figuier la partage non-seulement avec le vinaigre, le suc du limon, & les autres acides, mais de plus, toutes les infusions, & toutes les dissolutions, dont la matiere dissoute, peut se brûler à très-petit feu, & se réduire en une espece de char-