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verture, & sert au porte-flamme dans son chemin, qui peut être de huit lignes en-avant ou en-arriere, de guide, de terme, & en même tems de cramponet, au moyen de la vis K, qui entre dans le centre du quarré fixe G, & dont la tête large, fendue & applanie en-dessous, s’étend sur le plat des deux jumelles. Ce quarré doit être placé sur le palâtre, de telle sorte que le porte-flamme étant à son dernier point d’avancement, les taillans de la flamme se dégagent du palâtre jusqu’à leur naissance. Un autre méchanisme à-peu-près semblable, mais en sens opposé, équivaut à un second cramponet, & en fait l’office. Le palâtre porte lui-même une ouverture q. Cette ouverture est égale & semblable à celle du porte-flamme, & sur la même ligne de foi. Elle commence à environ un pouce au-dessous du premier guide G. Un bouton à coulisse ou languette M, ajusté à l’appui du doigt dont l’embase est capable par sa longueur & par sa largeur de recouvrir en tout état l’ouverture du palâtre, s’éleve en quarré sur sa superficie inférieure & plane. Ce quarré a la longueur nécessaire pour traverser d’une part l’épaisseur du palâtre, au moyen de l’ouverture qui lui livre passage, & à la largeur de laquelle il est ajusté, & de l’autre le porte-flamme dont l’épaisseur est doublée en cette partie. Le trou du porte-flamme qui le reçoit, lui est pareillement proportionné. Une vis à tête plate, fendue & noyée, qui entre dans ce quarré, assemble avec le porte-flamme le bouton. Ce bouton par ce même quarré, par la face lisse de son embase, par la face lisse du porte-flamme, & par le parallelisme des joues de l’ouverture, tant par rapport à leur distance que par rapport à leur épaisseur, devient un second guide & un second terme, accordés l’un & l’autre aux premiers, & tient en même tems lieu du second cramponnet sans lequel la flamme eût pû se devoyer dans son trajet.

C’est ainsi que le porte-flamme peut se mouvoir, il nous reste à en examiner le moteur.

Deux ressorts à boudin 4. 4. l’un à droit, l’autre à gauche, dont les lames égales entr’elles ont trois lignes de largeur, jusqu’à un pouce & de ni près de leur petit bout, cinq pouces de longueur totale, & trois quarts de ligne dans leur plus grande épaisseur, sont fixés au palâtre par vis qui traversent l’empatement duquel chacun d’eux prend naissance, & sont contre-butés près de cette même origine, par des termes inhérens au palâtre. Ils viennent après deux évolutions, croiser & appuyer leur pointe alongée en jonc ou en foüet, sous le crochet I du porte-flamme. Leur effort chasse perpétuellement la flamme en-avant. On les arme en retirant en-arriere le bouton M. Ils restent armés au moyen du cliquet S attaché par vis à tige ronde au palâtre, à côté du porte-flamme. Ce cliquet sans cesse chassé contre le côté de cette piece, par un ressort aussi attaché au palâtre, rencontre dans ce côté un cran T, dans lequel il engage son bec qui ne peut en sortir, & par conséquent abandonner la flamme au jeu des ressorts, si l’on ne presse la détente. Cette détente consiste en une petite tige de fer terminée par un bouton V, laquelle traverse la cloison à angle droit sur la ligne de foi du porte-flamme, & va au-delà de cette même piece s’assembler mobilement, & à-peu-près à angle droit, au bout d’un bras prolongé du cliquet. L’assemblage en est effectué par un clou rond, porté latéralement par ce bras, & reçû dans un œil qui termine la tige V. Un petit écrou dans lequel s’engage l’extrémité de ce clou contient ensemble ces pieces. Le ressort du cliquet est opposé à la puissance qui sollicite la tige V d’entrer dans la cloison, mais dès que cette puissance peut vaincre le ressort, c’est-à-dire dès qu’on appuye sensiblement le doigt sur le bouton V, le cliquet sort de son cran, & livre la flamme à la détente impétueuse des ressorts.

Le contour du palâtre HH est aussi resserré que le permettent la liberté nécessaire au jeu de ces mêmes ressorts, & la grace du tout ensemble. Une platine assemblée par charniere 5. 5. à la cloison, & fermée par un mentonnet qu’elle porte, & qui s’engage sur un petit ressort à pouce 2, lequel est fixé sur la partie de la cloison opposée à celle qui soûtient la charniere, met ce méchanisme à l’abri de toute insulte dans l’espece de boîte qui résulte du tout. La longueur totale de cette boîte dont la forme a quelque rapport à celle d’une croix plate, est de cinq pouces sur une largeur de trois pouces environ ; son épaisseur est à-peu-près de quatre lignes & demie. La cloison n’est interrompue que pour livrer passage à la flamme. Ce passage est un canal de quelques lignes de longueur, ajusté au corps de cette même flamme, & formé par l’inclinaison en-dedans & en amortissement des quatre parois. Cette inclinaison, quant à la cloison, commence dès l’extrémité des bras de cette espece de croix ; & quant au couvercle ainsi qu’au palâtre, elle ne commence qu’à sept ou huit lignes de l’extrémité qui livre un passage à la flamme ; le porte-flamme s’arrêtant à ce point dans la détente des ressorts, ainsi que la tête de la vis qui lui assujettit la flamme.

Personne n’ignore la maniere dont on se sert de la flamme françoise. Lorsque la pointe en est présentée sur la veine que l’on se propose d’ouvrir, un coup sec du manche du brochoir donné sur la tige à l’endroit où la flamme sort en forme de peloton, la détermine & la chasse dans le vaisseau. Mais l’incertitude fréquente de ce coup, la frayeur qu’excite dans l’animal l’action du bras qui doit frapper, le mouvement auquel il se livre dès qu’il l’apperçoit, mouvement qui s’oppose à l’assujettissement exact de la veine, l’embarras enfin de l’opérateur qui tente de la comprimer avec les doigts de la même main qui se trouve saisie de l’instrument, tout m’engageroit à donner la préférence aux flammes à ressort.

Celles dont on fait communément usage en Allemagne, ont néanmoins leurs inconvéniens. Premierement, outre qu’elles sont pour l’ordinaire construites sans soin, sans proportion & avec la derniere inexactitude, il est difficile de juger exactement du point précis, où la pointe de la flamme s’imprimera. En second lieu, l’appui inévitable de la cloison ou de l’extrémité de la boîte tenue dans un sens vertical par le maréchal contre les parties saillantes du vaisseau qu’on veut percer, l’empêche souvent d’arriver à ceux qui sont profonds. Ajoûtons que sa réaction n’étant contrebalancée que par le poids très-médiocre du total de cet instrument, auquel la main ne peut rien ajoûter de quelque façon qu’elle le saisisse, il peut arriver qu’un cuir d’une dureté même non considérable, lui résiste & s’oppose à son effet, en renvoyant en-arriere la boîte. La flamme nouvelle dont j’ai developpé la construction, n’a été imaginée que pour parer à tous ces défauts. L’opérateur la tient perpendiculairement à la surface du vaisseau ; ainsi quelque caché qu’il soit, la lancette l’atteint toûjours : d’ailleurs le poids plus considérable de cette flamme, sa position dans la ligne de direction, la main & le bras du maréchal qui se trouvent sur cette même ligne, rendent le point d’appui très-sûr, & le recul très-peu sensible, ce qui donne à cet instrument un avantage réel sur tous les autres.

Du reste, je ne sais si celui dont Albucasis fait mention, & que les anciens nommoient fossorium, n’étoit point une petite flamme semblable à la flamme françoise ; on s’en servoit dans la phlébotomie des hommes. Albucasis l’a prescrit pour ouvrir la veine frontale ; elle pénétroit dans le vaisseau au moyen d’un coup leger que le chirurgien donnoit sur l’instrument. On peut même croire qu’on la préféroit au phlebotomus dans l’ouverture des vaisseaux du bras. Le terme