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blance avec un étrier. Voyez-en la figure dans Vesale & du Verney.

On le divise en tête, en jambes ou branches, & en base. Sa base qui, à la maniere des anciens étriers, n’est point percée, bouche la fenêtre ovale dans laquelle elle est comme enchâssée. Sa tête est jointe à l’os orbiculaire. Les deux branches de cet osselet ne sont point parfaitement égales ; la postérieure est ordinairement un peu plus longue, plus courbe & plus grosse ; elles sont creusées toutes les deux par une rainure qui se continue sous la tête de l’étrier. Sa situation est presque horisontale ; sa tête est tournée du côté de la membrane du tambour, & sa base est attachée au fond de la caisse.

L’espace enfermé entre sa base & ses branches, est tapissé d’un périoste très-délié, & parsemé de vaisseaux, selon les observations de Ruysch.

L’étrier est couché, par rapport à la situation de l’homme considéré comme étant debout. Sa tête est en-dehors, auprès de l’extrémité de la jambe de l’enclume. Sa base est en-dedans, & enchâssée dans la fenêtre ovale. La jambe longue est couchée en-arriere, & la courte en-devant, toutes les deux dans un même plan. Par-là on connoîtra facilement si un étrier est du côté droit ou du côté gauche.

Ingrassias & Colombus s’attribuent tous deux la découverte de cet osselet ; mais malgré leurs prétentions, cette découverte paroît plûtôt devoir être attribuée à Eustachi, & la maniere dont il s’exprime est trop précise pour qu’on le soupçonne d’en imposer. « Je peux me rendre ce témoignage, dit-il, qu’avant que qui que ce fût eût parlé de l’étrier, ni que qui que ce fût l’eût décrit, je le connoissois très-bien ; je l’avois fait voir à plusieurs personnes à Rome, & même je l’avois fait graver en cuivre ».

L’étrier n’a qu’un muscle, décrit premierement par Varole, mais d’une maniere très-défectueuse, puisqu’il ne décrit que ce seul muscle dans l’oreille interne. Casserius le trouva en 1601 dans le cheval & dans le chien, le représenta d’après ces animaux, & le prit avec assez de raison pour un ligament. En effet, dans l’homme c’est un muscle tendineux, petit, court, passablement gros, & cache dans la petite pyramide osseuse du fond de la caisse. La cavité qu’il occupe, touche de fort près le conduit osseux de la portion dure du nerf auditif. Il se termine par un tendon grêle, qui sort de la moitié osseuse par le petit trou dont la pointe de la pyramide est percée. Ce tendon, en sortant du trou, se tourne en-devant, & s’attache au cou de l’étrier, du côté de la jambe la plus grande & la plus courbe de cet osselet. Nous ignorons l’usage de l’étrier, & vraissemblablement nous l’ignorerons toûjours. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Etrier, terme de Chirurgie, bandage dont on se sert pour la saignée du pié. Il se fait avec une bande longue d’une aulne & demie ou environ, large de deux travers de doigt, roulée à un chef. Le chirurgien qui est assis, ou qui a un genou en terre, après avoir réuni la plaie, & avoir posé la compresse, qu’il soûtient avec le pouce de la main gauche, si c’est au pié droit, prend le globe de la bande, dont il laisse pendre l’extrémité de la longueur d’un pié : il pose ce bout sur son genou, & l’assujettit par le talon du malade : il conduit alors le globe sur la compresse, pour faire un circulaire de devant en-arriere autour de la partie inférieure de la jambe. On vient croiser sur la compresse ; on passe sous la plante du pié, & on revient sous la malléole interne : on conduit le globe de bande postérieurement, pour croiser le tendon d’Achille ; & quand on est parvenu sur la malléole externe, on dégage le bout qui étoit sous le talon. On le releve sur la compresse, & on le conduit sur la malléole externe, pour le noüer

avec l’autre extrémité de la bande. Ce bandage représente un étrier, d’où lui vient son nom. Si la bande se trouve trop longue, on employe le superflu à faire quelques circonvolutions qui croisent les premieres. Il faut noüer les deux bouts de la bande antérieurement sur le coup de pié, afin que le malade ne soit point incommodé du nœud en se couchant sur le côté, comme il arriveroit, si le nœud étoit fait sur la malléole externe, comme quelques personnes le pratiquent. Il ne faut pas négliger les plus petites choses, lorsqu’elles peuvent procurer de l’aisance aux malades. Voyez le pié gauché de la figure 1, Planche XXX. de Chirurgie. (Y)

Etrier, en Architecture, espece de lien de fer coudé quarrement en deux endroits, qui sert à retenir par chaque bout une chevetre de charpente assemblée à tenon dans la solive d’enchevétrure, & sur laquelle l’étrier est attaché. Il sert aussi à armer une poutre qui est éclatée.

Etrier, (Marine.) C’est un des chaînons des cadenes de haubans, qu’on cheville sur une seconde précinte, afin de renforcer ces cadenes. (Z)

Etriers, (Marine.) Ce sont de petites cordes dont les bouts sont joints ensemble par des épissures. On s’en sert pour faire couler une vergue ou quelqu’autre chose au haut des mâts, le long d’une corde. On s’en sert aussi dans les chaloupes, pour tenir l’aviron au tolet. (Z)

ETRIERE, s. f. (Manége.) petit morceau de cuir d’environ un pan & demi de longueur, & dont la largeur est d’environ dix lignes, placé à chaque côté de la selle, à l’effet de tenir les étriers suspendus & relevés en-arriere. Il est fixé par son extrémité supérieure en-arriere & à côté de la bande de fer qui fortifie l’arçon de derriere, & à environ cinq doigts de la pointe de ce même arçon. Il est fendu dans son milieu, & son extrémité inférieure est terminée par un bouton, qui n’est autre chose qu’un morceau de cuir plus épais, arrondi & percé, dans le trou duquel on fait passer cette même extrémité ; après quoi on pratique une legere fente ou une très-petite ouverture à l’étriere que l’on replie par le bout, pour insinuer ce bout dans la fente : & de ce replis résulte une sorte de nœud qui retient le bouton. Lorsque l’on veut relever ou retrousser l’étrier, on passe dans un des bras de l’espece d’anse que nous offre son corps (voyez Etrier), l’étriere, dont on arrête ensuite l’extrémité inférieure, en l’engageant par le bouton dans la grande fente qui en occupe le milieu.

Il faut observer ici, 1°. que le cuir dont il s’agit, doit être cloüé de maniere qu’il tombe perpendiculairement, & qu’il suive la direction des pointes de l’arçon dont il dépend. Quelques selliers dans les petites villes le placent horisontalement, & l’arrêtent par son milieu, après en avoir fendu l’une des extrémités. Cette pratique est défectueuse, en ce que d’une part l’étrier étant retroussé, est porté si fort en-arriere & en-haut, que le moindre heurt de l’animal contre un corps dur, le blesseroit essentiellement ; & que de l’autre les deux doubles de cuir, dont les deux extrémités se replient pour embrasser l’étrier, font une saillie trop considérable & difforme. 2°. Il est important que les clous servant à fixer l’étriere, soient minces & legers : parce que dans le cas où, par l’imprudence d’un palefrenier, l’étrier étant suspendu, l’animal seroit accroché dans sa marche, & retenu par l’étriviere ; on doit préférer que l’étriere cede plûtôt que l’étriviere, dont le cheval pourroit emporter la boucle ; & d’ailleurs la solidité que l’on doit exiger, ne va pas jusqu’à une résistance telle, qu’elle pourroit, dans de semblables circonstances, obliger l’animal à un effort dont ses membres pourroient aussi se ressentir.

On retrousse les étriers pour prévenir des accidens