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souffler une chandelle pour l’éteindre : au contraire, on les retirera vers les coins de la bouche, afin qu’elles soient unies & applaties. Il faut placer l’embouchure O de la flûte vis-à-vis de cette petite ouverture, souffler d’un vent modéré, appuyer la flûte contre les levres, & la tourner en-dedans ou en-dehors, jusqu’à ce qu’on ait trouvé le sens de la faire parler.

Lorsqu’on sera parvenu à faire parler la flûte, & qu’on sera bien assûré de l’embouchure, on posera les doigts de la main gauche les uns après les autres, & on restera sur chaque ton en réitérant le souffle, jusqu’à ce qu’on en soit bien assûré ; on placera de même les doigts de la main droite, en commençant par le doigt indicateur, qui est aussi le doigt de la main gauche, que l’on a posé le premier. Le ton le plus grand se fait en bouchant tous les trous, comme on peut voir dans la tablature qui est à la fin de cet article.

Cette tablature contient sept rangées de zéros noirs ou blancs ; chacune de ces rangées répond au trou de la flûte, qui a le même chiffre que cette rangée. Une colonne de sept zéros noirs ou blancs, represente les sept trous de la flûte : le zéro supérieur répond au premier trou de cet instrument, qui est le plus près de l’embouchure ; & les autres en descendant, répondent successivement aux autres trous de la flûte, selon les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, fig. Les blancs marquent quels trous de la flûte doivent être ouverts, & les noirs quels trous doivent être fermés, pour tirer de la flûte le ton de la note qui est au-dessus de la colonne de zéro ou d’étoiles dans la portée de musique qui est au-dessus.

L’étendue de la flûte est de trois octaves, qui répondent aux colonnes de zéros de la tablature.

Le son le plus grave de la flûte, non compris l’ut ♯, est le qui sonne l’unisson du qui suit immédiatement après la clé de c-sol-ut des clavecins, lesquels sont à l’octave au-dessous du prestant de l’orgue. Voyez Clavecin, & la table du rapport & de l’étendue des instrumens de musique. Ce son, de même que l’ut ♯ au dessous, se fait en bouchant tous les trous exactement & soufflant très-doucement, observant par l’ut ♯ de tourner l’embouchure en-dedans. Il faut remarquer que plus on monte sur cet instrument, plus on doit augmenter le vent : ensorte que par le à l’octave du plus grave son de la flûte, il puisse la faire monter à l’octave.

Il faut observer que lorsque l’on descend de l’ut naturel de la seconde octave au si bémol, ou que du si ♭ on monte à l’ut, le si ♭ doit se faire comme il est marqué à la seconde position de ce si, qui outre qu’elle est plus juste, conduit plus facilement à celle de l’ut naturel.

Les sons aigus si, ut, ré de la troisieme octave, ne peuvent pas se faire sur toutes les flûtes ; plus elles sont basses, plus il est facile de les en tirer. On les obtient avec un corps d’amour, & plus facilement encore avec une basse de flûte traversiere.

On adapte quelquefois à une flûte jusqu’à 7 corps de la main gauche de différentes longueurs, & que l’on peut substituer les uns aux autres pour baisser le son total de la flûte avec les longs, & le hausser avec les plus courts. La différence des sons produits par le

plus long & le plus court de ces corps, est d’environ un ton, ensorte que par ce moyen la flûte peut s’accorder avec quelqu’instrument fixe que ce soit, à l’unisson duquel elle ne pourroit pas se mettre, si elle n’avoit qu’un seul corps.

Il y a d’autres flûtes plus grandes ou plus petites que celles-ci, qui n’en different ni par la structure ni le doigter, mais seulement par la partie qu’elles exécutent ; telles sont les tierces, quintes, octaves & basses de flûtes.

Comme il ne suffit pas pour bien joüer de cet instrument, de faire facilement tous les tons qu’on en peut tirer, mais qu’il faut encore pouvoir faire les cadences sur tous ces tons, c’est pour les enseigner que nous avons ajoûté une suite à la tablature, par laquelle on connoît par les zéros noirs & blancs conjoints par une accolade, de quel trou la cadence est prise, & sur lequel il faut frapper avec le doigt ; le premier trou compris sous l’accolade, marque où se fait le port de voix, & la seconde de ces deux choses qui est suivie d’une virgule, marque le trou sur lequel il faut trembler. On doit passer le port de voix & la cadence d’un seul coup de langue. Voyez la tablature. Il y a quelques cadences qui se frappent de deux doigts, comme par exemple, celle de l’ut ♯, prise du naturel, & quelques autres finissent en levant les doigts, ce qu’on peut connoître par les zéros blancs accompagnés de la virgule.

Outre la connoissance des tons, semi-tons, & des cadences, il faut encore avoir celle des coups-de-langue, des ports-de-voix, accents, doubles-cadences, flatemens, battemens, &c. Les coups-de-langue articulés sont l’explosion subtile de l’air que l’on souffle dans la flûte, en faisant le mouvement de langue que l’on feroit pour prononcer tout bas la syllabe tu ou ru. On donne un coup-de-langue sur chaque note, ce qui les détache les unes des autres ; lorsque les notes sont coulées, on donne un coup-de-langue sur la premiere, qui sert pour toutes les autres que l’on passe du même vent. Les coups-de-langue qui se font sur tous les instrumens à-vent, doivent être plus ou moins marqués sur les uns que sur les autres ; par exemple, on les adoucit sur la flûte traversiere, on les marque davantage sur la flûte-à-bec, & on les prononce beaucoup plus fortement sur le hautbois.

Le port-de-voix est un coup-de-langue anticipé d’un degré au-dessous de la note sur laquelle on le veut faire ; le coulement au contraire est pris d’un ton au-dessus, & ne se pratique guere que dans les intervalles de tierces en descendant.

L’accent est un son que l’on emprunte sur l’extrémité de quelques tons, pour leur donner plus d’expression ; la double cadence est un tremblement ordinaire, suivi de deux doubles croches, coulées ou articulées.

Pour les flatemens ou tremblemens mineurs & les battemens, voyez les principes de la flûte traversiere du sieur Hotterre le Romain, flûte de la chambre du Roi, imprimées à Paris, chez J. B. Christophe Ballard ; ouvrage dont nous avons tiré une partie de cet article.