Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/929

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tuel, en conséquence de ce que leur surface est couverte de quelques ordures, comme de poussiere, de cendres, ou de ce qu’elles sont unies aux acides. Dans le premier cas, on employe le borax, le nitre, le sel ammoniac, & le sel marin : le flux blanc & l’alkali fixe servent dans le second. Il est à remarquer que comme le borax donne à l’or une pâleur qu’on ne lui enleve que par le nitre ou le sel ammoniac, on mêle ordinairement le borax & le nitre, pour lui servir de fondant, ou le borax & le sel ammoniac, mais jamais le nitre & le sel ammoniac, parce qu’ils détonnent ensemble. On employe aussi quelquefois ces sels avec les métaux imparfaits & leurs chaux : mais ils en calcinent une partie, & même la vitrifient. Comme il arrive de la part du borax, bien loin de réduire la chaux qui peut s’y trouver. Voyez les Flux. Ainsi donc on n’en peut faire aucun usage dans les essais, sans tomber dans l’erreur. Ces sels, le borax, le nitre, le sel ammoniac, le sel marin, l’alkali fixe, & le flux blanc, nettoyent la surface des molécules des impuretés qui s’y trouvent, & favorisent ainsi la réunion en un régule, de celles qui sont en fonte. L’alkali fixe & le flux blanc, que nous regardons presque comme les mêmes, outre ces propriétés, ayant presque plus de rapport que ces métaux avec les acides qui leur restent unis après la précipitation ou concentration, les leur enlevent, & favorisent par la même raison la réunion de leurs molécules : ainsi en pareil cas, ils ont un autre effet que celui de fondant ; c’est celui d’absorbant. Ce premier effet, qui n’est que de surérogation dans la conjoncture présente, n’empêche pourtant pas qu’ils n’ayent aussi celui qui y est propre. L’expérience a appris que le feu ne se communique ni avec la même rapidité, ni avec le même degré d’intensité, aux corps divisés qu’aux corps continus. Les sels, par l’interposition de leurs molécules fondues, remplissent les vuides, & communiquent le feu de proche en proche aux molécules métalliques, qu’ils aident à la fusion. Mais il faut encore leur reconnoître une qualité particuliere par laquelle ils agissent sur certaines substances ; d’où il suit qu’ils ont une triple action : c’est par les deux dernieres que le borax est en usage pour souder l’or, l’argent, & le cuivre. Les artistes qui sont occupés du travail de ces métaux, appliquent le plus exactement qu’ils peuvent, les plans de contact avivés des pieces qu’ils veulent unir. Ils mettent tout-autour des paillons de soudure pour l’or & pour l’argent, & de la soudure en grenaille pour le cuivre ; ils saupoudrent cette soudure de borax, & portent leurs pieces au feu, ou se servent de la lampe de l’émailleur. Les métaux qu’ils veulent souder étant de plus difficile fusion que la soudure, celle-ci entre en fonte la premiere à la faveur du borax, & fond la partie du métal à laquelle elle est appliquée. C’est-là le point que les bons artistes savent bien saisir pour retirer leurs pieces du feu : car sans cette attention, la partie soudée ne tarde pas à tomber dans le feu en gouttes métalliques, & l’on a perdu son tems & ses peines. On connoît que la fusion en est à son point, quand on voit que la surface de l’endroit soudé a l’éclat du miroir, & réfléchit de même les objets. Les scories legeres qui se forment en même tems à la surface du métal, & qui s’opposent à l’action de la soudure & du fondant, sont fondues & vitrifiées par le borax : il s’ensuit que dans les circonstances où on a à essayer un ustensile d’or ou d’argent, on ne doit jamais en couper un essai dans les endroits soudés ; parce que la soudure pour l’or étant un alliage d’or, d’argent, & quelquefois de cuivre, celle de l’argent, un alliage de ce métal avec le cuivre, l’ustensile essayé se trouvera toûjours fort au-dessous de son titre réel.

On employe aussi quelquefois les sels avec les mé-

taux imparfaits & leurs chaux ; mais ils en calcinent

une partie, & même la vitrifient ; sans compter que leurs particules divisées se calcinent bien toutes seules, & résistent par-là à leur réunion : ainsi ils ne doivent jamais être traités par ces fondans, sur-tout dans ces essais, où ils causeroient des erreurs considérables. Voyez les Flux. Le borax ne fait pas même exception à cette regle, quoique ce soit le corps qui de tous accélere le plus la fusion, & que par-là il ait été regardé comme un flux réductif. Si l’on veut dépouiller, par exemple, un alliage d’or & d’argent du cuivre qu’ils contiennent, on y ajoûte du borax : ce sel met la masse en fonte non-seulement, mais attaque encore les molécules des scories cuivreuses qui surnagent, où l’or est niché comme dans les pores d’une éponge ; il a la propriété de les résoudre, de s’unir avec elles, & de les convertir en un verre qui surnage le régule composé du culot principal & de l’accessoire des molécules qui étoient éparses dans les scories.

Mais il y a une troisieme espece de corps qui étant absolument réfractaires par eux-mêmes, se fondent avec d’autres de même nature : tels sont le spath alkalin avec l’argille, la craie avec la même argille.

C’est sur la propriété qu’a la litharge, & conséquemment le plomb, de fondre les terres & les pierres, & tous les métaux & demi-métaux, qu’est fondé le travail des mines dont on retire l’or, l’argent, & le cuivre par son moyen : quand elle est mélée bien intimement par la vitrification avec la masse de ces corps composés, une addition de phlogistique la réduit en un régule qui se précipite au fond par son plus grand poids spécifique, emportant avec lui les métaux précieux dont elle a dépouillé la masse de scories qui la surnagent : il y en reste un peu à la vérité, mais on peut le retrouver en partie. Voyez les Flux, & les articles Œuvre, Liquation, & Essai.

On n’a soin de bien fermer les vaisseaux où l’on fond les verres tirés des métaux, que pour empêcher la chûte des charbons : on conçoit à-présent qu’ils y porteroient un principe inflammable qui ne manqueroit pas de réduire en régule une portion du métal qu’on a eu en vûe de vitrifier : cet inconvénient n’est guere à craindre, quand la surface de la matiere vitrifiable est couverte de nitre. Ce sel, qu’on employe ordinairement comme fondant, détonne avec le charbon qu’il détruit en s’alkalisant. Voyez Nitre fixe par les charbons. Les pailles, les cheveux, les menus brins de bois, & enfin tous les corps réductifs ou qui peuvent le devenir, dont nous avons parlé, produisent le même phénomene.

Parmi les fondans, on en trouve qui se séparent des corps après qu’ils ont exercé leur action sur eux. On conçoit aisément encore que tel fondant qui reste uni à un corps après la fusion, se séparera d’un autre après cette opération, ou sous quelqu’autre condition. Les corps qui ne restent point unis ensemble, quand l’un a servi de fondant à l’autre, sont le plomb uni à l’or & à l’argent, quand le grand feu a vitrifié le premier, ou scorifié sa litharge sur une coupelle qui la boit avec les autres métaux imparfaits, s’il s’en trouve dans l’alliage (Voyez Essai & Affinage) ; parce que pour lors ils ne peuvent plus faire d’union avec des métaux qui n’ont pû subir le même état. L’étain est obligé d’abandonner le plomb, quand on donne à leur alliage un feu assez fort pour calciner le premier qui surnage. Le régule d’antimoine & sa mine se séparent de l’or & de l’argent, quand on les calcine & qu’on les fait fumer. Voyez faire fumer l’antimoine. Le zinc ne s’unit jamais au bismuth. L’alkali fixe, le sel marin, le nitre, le sel ammoniac, & le borax, se séparent de l’or & de l’argent dont ils