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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/1046

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GUEZE, s. f. (Commerce.) mesure des longueurs en usage chez les Persans, pour mesurer les étoffes, les toiles, & autres semblables marchandises.

Il y a deux sortes de gueze en Perse : la gueze royale, qu’on nomme autrement gueze monkelser : & la gueze racourcie, qu’on appelle simplement gueze. Celle-ci n’est que les deux tiers de l’autre.

La gueze royale contient 2 piés 10 pouces 11 lignes, ce qui revient à d’aune de Paris : ensorte que les cinq guezes font quatre aunes, ou les quatre aunes font cinq guezes.

On se sert dans les Indes d’une sorte de mesure de longueurs, qu’on appelle aussi gueze ; elle est plus courte que celle de Perse d’environ 6 lignes, ce qui peut aller à d’aune moins. Dictionn. de Comm. & de Trévoux. (G)

GUGERNI, (Géog. anc.) ancien peuple de la Belgique, entre les Eubéens & les Bataves ; le canton qu’il habitoit se nomme présentement le pays de Cleves. (D. J.)

GUGUAN, (Géogr.) île de l’Océan oriental, & l’une des îles Mariannes. Elle a 3 lieues de tour, & est à 17d. 45′. de latit. suivant les observations publiées par le pere Gouye. (D. J.)

GUHR, s. m. creta fluida, medulla fluida, lac lunæ, &c. (Hist. nat. Minéralogie.) mot allemand adopté par les Naturalistes pour désigner différentes especes de terres métalliques que l’on rencontre quelquefois, même à la surface de la terre, dans des fentes de roches, & des montagnes qui contiennent des mines. Les premiers auteurs qui ont écrit sur la Minéralogie, ont regardé les guhrs comme la matiere premiere & l’origine de la formation des métaux ; ils se présentent aux yeux sous la forme d’une terre blanche en poudre très-fine, semblable à de la craie, mais dans leur origine ils sont d’une consistence fluide comme du lait, ou plûtôt comme de la bouillie ; les eaux soûterreines après les avoir atténués, les entraînent & les portent en différens endroits, où ils se durcissent par le contact de l’air, & la partie aqueuse s’en dégage par évaporation ou par dessication.

Les Minéralogistes regardent les guhrs comme un indice assez sûr de la présence d’une mine métallique, & croyent que quand on les rencontre, cela prouve que la nature a été troublée dans l’opération par laquelle elle vouloit encore produire des métaux ; de-là vient la façon de s’exprimer des mineurs, qui disent qu’ils sont venus de trop bonne heure, quand ils rencontrent des guhrs. Il y a des guhrs qui ne sont presque que de l’argent tout pur ; ceux qui sont d’une couleur verte ou bleue, annoncent une mine de cuivre ; ceux qui sont blancs ou d’un bleu clair & leger, & qui se trouvent dans des fentes qui paroissent quelquefois même à la surface de la terre, donnent lieu de soupçonner la présence d’un filon de mine d’argent. Voyez Lehmann, traité des mines.

Wallerius distingue deux especes de guhrs, l’un est crétacé, l’autre est métallique : il définit le premier une terre crétacée, fluide, qui quelquefois se desseche & forme des incrustations, des stalactites, & autres concrétions semblables ; il y en a de blanche & de liquide comme du lait, & de grise, mais d’une consistence épaisse comme de la bouillie.

Le guhr minéral ou métallique est ou gris & blanchâtre ; il coule dans les soûterreins des mines, & contient quelque chose de métallique, ou du-moins quelque chose qui est propre à contribuer à la formation des métaux. Voyez la Minéralogie & l’Hydrologie de Wallerius. (—)

GUI, s. m. (Hist. nat. Bot.) Cette plante passoit jadis pour une panacée, & faisoit l’objet de la vénération payenne chez les anciens Gaulois ; mais les idées de leurs successeurs sont bien différentes. Le gui n’est plus pour eux qu’une plante parasite qui

fait grand tort aux arbres dont elle tire sa nourriture, & que les gens soigneux de l’entretien de leurs vergers, s’efforcent à l’envi de détruire.

Cependant cette même plante parasite n’en est pas moins dans l’esprit du physicien un végétal singulier, dont l’origine, la germination, le développement méritent un examen attentif, & des recherches particulieres. C’est ainsi qu’en ont pensé Malpighi, Tournefort, Vaillant, Boerhaave, Linnæus, Barel, & Camérarius : enfin M. du Hamel a publié dans les mém. de l’Acad. des Scien. année 1740, des observations trop curieuses sur ce sujet, pour négliger de les rapporter ici ; elles rendront cet article intéressant.

Caracteres du gui. On pourroit peut-être caractériser ainsi le gui. Il est mâle & femelle ; ses feuilles sont conjuguées, étroites, & oblongues ; les fleurs de la plante mâle sont monopétales, faites en bassin, divisées d’ordinaire en quatre parties égales, marquetées de porreaux. L’ovaire est une substance tendre, environnée de quatre petites feuilles ; il devient ensuite une baie à-peu-près ronde, pleine d’une sorte de glu, & contenant une semence plate, ovale, triangulaire, en forme de cœur, & de différente figure. Les baies du gui donnent chacune quelquefois deux semences.

Il faut remarquer que ces fruits commencent par des embryons couronnés de quatre feuilles, ou qui portent une couronne radiée, composée de quatre petites feuilles jaunâtres, articulées autour de la tête de chaque embryon. Ces embryons partent d’une masse ronde, jaunâtre, articulée avec l’extrémité de la branche & de deux feuilles opposées qui la terminent des deux côtés.

Il n’y a qu’une espece de gui qui vient sur tout arbre. On est presque d’accord à n’admettre qu’une seule espece de gui. Il est vrai que le P. Plumier en décrit plusieurs dans son histoire des Antilles, qui paroissent différentes de notre gui ordinaire ; cependant le sentiment le plus généralement reçu des botanistes modernes, est qu’il n’y en a qu’une seule espece, & ils n’en ont jamais vû davantage.

Que l’on seme sur le tilleul, sur le saule, sur le poirier, sur l’épine, &c. des semences, des piés de gui qui auront cru sur le pommier, elles végetent également sur ces différens arbres avec succès. D’ailleurs on ne remarque aucune différence considérable ni dans la figure des feuilles, ni dans la forme des fruits, ni dans le port extérieur des piés de gui qui viennent sur les divers arbres de nos forêts de France. Les expériences faites en Angleterre confirment le même fait. Concluons donc que nous ne connoissons qu’une seule espece de gui ; elle est nommée simplement par les Botanistes viscum, viscus, viscum vulgare, viscus arborum, par C. Bauh. J. Bauh. Ray, Gerard, Barkinson, Tournefort, Boerhaave, &c.

Cette plante ne vient jamais à terre, mais sur tous les arbres.

Les uns disent l’avoir trouvé sur le sapin, sur la meleze, sur le pistachier, sur le noyer, sur le coignassier, sur le poirier franc, & sur le sauvage, sur le pommier sauvage & sur le domestique, sur le nefflier, sur l’épine blanche, sur le cormier, sur le prunier, sur l’amandier, sur le rosier. D’autres disent l’avoir vû sur le liége, sur le châtaignier, sur le noisetier, sur le tilleul, sur le saule, sur le peuplier noir & sur le blanc, sur le hêtre, sur l’orme, sur le noirprun, sur le buis, sur la vigne, sur le faux acacia : enfin le gui vient sur l’yeuse, & sur le chêne commun. Comme ce dernier gui est le plus fameux, il suffira d’en donner ici la description.

Description du gui de chêne. C’est une maniere d’arbrisseau qui croît à la hauteur d’environ deux piés ;