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intendant de toute la gymnastique ; 2°. le xystarque, ou celui qui présidoit aux xystes & au stade ; 3°. le gymnaste ou le maître des exercices, qui en connoissoit les différentes qualités, & les accommodoit aux âges & aux diverses complexions ; 4°. le pædotriba, ou prevôt de salle, employé à enseigner méchaniquement les exercices, sans en entendre les avantages par rapport à la santé. Sous ces quatre principaux officiers, dont on peut consulter les articles, servoit une foule de subalternes, dont les noms assez peu importans désignoient les différentes fonctions qu’ils avoient en sous-ordre. (D. J.)

GYMNASIARQUE, s. m. (Littér. greq. & rom.) officier qui avoit la surintendance & l’administration suprème des gymnases ; Plaute l’appelle gymnasii præfectus.

Le gymnasiarque régloit souverainement tout ce qui regardoit la police du gymnase ; sa jurisdiction s’étendoit sur les athletes, & sur tous les jeunes gens qui venoient y apprendre les exercices nécessaires. Il étoit le dispensateur des récompenses & des châtimens ; & pour marque de son pouvoir sur ce dernier article, il avoit droit de porter une baguette, & d’en faire porter devant lui par des bedeaux, toûjours prêts à exécuter ses ordres lorsqu’il s’agissoit de punir ceux qui contrevenoient aux lois athlétiques : il paroît même que cet officier suprème exerçoit dans le gymnase une espece de sacerdoce, & qu’il y prenoit soin des choses sacrées. Pausanias témoigne que jusqu’à son tems, le gymnasiarque d’Olympie célebroit chaque année l’anniversaire d’Ætolus ; il étoit vêtu de pourpre à la célébration des jeux publics.

Les prérogatives du gymnasiarque alloient même jusqu’à lui permettre de célébrer des jeux en son nom propre, comme il est facile de le recueillir d’une ancienne inscription publiée par Fulvius Ursinus, où il est parlé de Baton le gvmnasiarque, qui avoit donné des jeux gymniques en l’honneur d’Hercule, & en mémoire du retour de la santé du prince ; dans lesquels jeux il avoit proposé des prix pour les combattans. Plutarque dans la vie de Marc-Antoine, nous représente ce romain au milieu d’Athenes, se dépouillant de toutes les marques de sa dignité, pour prendre l’équipage de gymnasiarque, & en faire publiquement les fonctions.

Au reste, tout ce qui concerne les gymnasiarques & les autres officiers des gymnases, est traité si complétement dans une savante dissertation de M. Vandale de gymnasiarchis, qu’il est à propos d’y renvoyer le lecteur ; car l’Encyclopédie n’a point pour objet les détails de ce genre d’érudition. (D. J.)

GYMNASTE, s. m. (Littér. greq. & rom.) officier préposé pour accommoder les différentes especes d’exercices d’usage dans les gymnases, aux diverses complexions des athletes, & pour les élever dans ces exercices. La plûpart des auteurs confondent le gymnaste & le pédotribe, pædotriba, & Pollux entr’autres appelle du même nom, celui qui présidoit aux lieux d’exercice & aux exercices mêmes ; mais Galien établit une différence considérable entre le gymnaste & le pédotribe. Elle consiste selon lui, en ce que le gymnaste joignoit à la science des exercices un discernement exact de tous leurs avantages par rapport à la santé ; au lieu que le pédotribe ou prevôt de salle, peu inquiet sur ce dernier point, bornoit ses lumieres au détail méchanique de ces mêmes exercices, & ses soins à former de bons athletes. C’est pourquoi Galien compare le gymnaste à un medecin ou à un général qui prescrivent avec connoissance de cause, & le pédotribe à un cuisinier, ou à un simple officier, qui se contentent d’exécuter. On ne doit pas même s’imaginer qu’il fût nécessaire pour être un bon gymnaste, ou

pour être un bon pédotribe, d’avoir brillé dans les jeux publics ; l’on en trouvoit quantité de cette derniere profession au rapport de Galien, qui n’étoient que de très-médiocres athletes, & que nulle victoire n’avoit jamais illustrés. Nous voyons de même parmi nous, divers maîtres d’exercice très-capables de former d’excellens disciples, mais qui cependant soûtiendroient mal leur réputation, s’il étoit question pour eux de se donner en spectacle au public. Les gymnastes étoient quelquefois charges à la place des agonothetes d’encourager les athletes avant le combat, & les animer par les motifs les plus pressans à remporter la victoire. (D. J.)

GYMNASTÉRION, (Littérat. greq. & rom.) appartement des gymnases, qui servoit d’une garderobe ou l’on quittoit ses habits, soit pour les exercices, soit pour le bain, & ou l’on se r’habilloit ensuite ; il se nommoit aussi apodyterion & spoliarium, car ces deux mots ont le même sens. On fit cet appartement avec une grande magnificence, quand les bains reprirent faveur sur la fin du regne de Néron ; il composoit dans les thermes de Dioclétien, un sallon octogone, de figure oblongue, dont chaque face formoit un demi-cercle, & dont la voûte étoit soutenue par plusieurs rangs de colonnes d’une hauteur extraordinaire. (D. J.)

GYMNASTIQUE, s. f. (Littérat. greq. & rom.) l’art ou la science des divers exercices du corps.

Les hommes acquérant la force & l’agilité de leur corps par divers exercices, se sont proposé différentes fins : d’abord ils ont eu en vûe de pourvoir à leur sûreté, & de se rendre plus propres aux fonctions de la guerre, en s’accoûtumant à tous les mouvemens qui peuvent être de quelque utilité pour l’attaque ou pour la défense ; & c’est ce qui a produit la gymnastique militaire. Voyez Gymnastique militaire.

Le soin qu’ils ont pris de leur santé, les a engagés à la fortifier du secours des exercices les plus convenables, qu’ils ont assujettis à certaines lois, conformément aux avis & aux décisions des medecins ; & de-là est née la gymnastique médicinale. Voyez Gymnastique médicinale.

L’amour du plaisir, & sur-tout de celui qui est inséparable des spectacles, joint au desir de donner des preuves publiques de sa force & de son agilité, en remportant un prix proposé, mit en grande vogue une troisieme espece de gymnastique, la plus fameuse de toutes, la gymnastique athlétique. Voy. Gymnastique athlétique.

On vint à introduire dans les cérémonies de la religion, c’est-à-dire dans le culte divin & dans les honneurs funebres rendus aux manes des défunts, la plûpart de ces exercices qui n’avoient servi qu’à disposer les hommes au métier de la guerre : or comme il étoit difficile de perfectionner tous ces exercices, sans les assujettir à certaines lois ou les renfermer dans certaines regles, on forma de toutes ces choses une science fort étendue à laquelle on donna le nom général de gymnastique, parce qu’elle enseignoit tout ce qui concernoit les exercices du corps ; mais cette doctrine gymnastique se trouve éparse en tant de livres différens d’antiquité, qu’on doit être fort redevable aux littérateurs modernes qui se sont donné la peine de la rassembler ; c’est à l’exécution de cette entreprise qu’ont dignement concouru Mercurialis, Faber, Falconerii, Van Dale, Meursius, & M. Burette : disons un mot de leurs travaux.

Mercurialis (Hyeronimus) a singulierement approfondi la gymnastique des Grecs & des Romains, surtout la gymnastique médicinale : la bonne édition de ses six livres de arte gymnasticâ, est de Paris, 1677, in-4°.

Fabri (Petri) agonisticor. lib. III. peuvent servir