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l’air & le feu, dont le dernier degré de force n’est peut-être pas bien connu.

Un fourneau doit être composé d’une fondation solide (Suivez les Pl.) BBCC, de conduits voûtés Q sous le massif & sous l’ouvrage, d’un massif PSPS, de fausses parois IG, de parois & de l’ouvrage IK ; le tout sur le bord d’un courant d’eau, ou sous la chûte d’un petit courant.

Nous trouverons l’épaisseur du total en donnant au massif 8 piés, un pié aux fausses parois, laissant dans l’intérieur un vuide de six à sept piés pour construire les parois & l’ouvrage ; ce qui fera en tout vingt-quatre à vingt-cinq piés.

Il faut commencer par excaver cette partie, connoissant le terrein, les déblais serviront à renforcer une chaussée, &c. Si vous pouvez trouver aisément un fonds solide, bâtissez en gros matériaux, avec chaux & sable, autant que vous le pourrez ; pratiquez des conduits dans l’épaisseur du massif, dont le dessus excede les plus grandes eaux. Faites de même une croisée voûtée dans le milieu, qui se trouvera sous l’ouvrage, sans néanmoins monter les voûtes trop haut ; cela influeroit sur la hauteur des roues & autres équipages, parce que sur la voûte il faut l’épaisseur d’un pié pour placer le fond.

Si après une excavation de six piés plus bas que le commencement des voûtes, & après avoir fondé le terrein, vous ne pouvez trouver le solide sans aller plus bas, élargissez l’excavation de deux piés tout-autour, prenez des bois de huit jusqu’à douze pouces d’équarrissage (supposons-les de douze) & sur la totalité du vuide vous établirez des longrines à douze pouces de distance, dans les encoches desquelles vous établirez des traversines de pareil échantillon, ce qui produira une grille moitié bois & moitié vuide ; vous remplirez les vuides de bons matériaux. Sur ce premier grillage vous en établirez un second avec une recoupe autour d’un pié ; & plaçant en longrines ce qui tenoit lieu de traversines avec pareil remplissage, il résultera que sur les six piés d’excavation, il y a deux piés d’élévation ; que ces deux piés peuvent être regardés comme un total de charpente ; que le plus fort poids ne peut qu’affermir ; & que recoupant encore un pié tout-autour pour commencer un massif total en maçonnerie, l’excédent peut être regardé comme autant de points d’appui. Vous ferez de même pour les chaufferies, fonderies, &c.

Quand sur ces grillages le total de maçonnerie sera élevé de quatre piés, il faut distribuer l’ouvrage pour ménager les conduits dont nous avons parlé. Les conduits voûtes à un demi-pié au-dessus des plus grandes eaux, & de l’épaisseur d’un pié de voûte, vous éleverez tout-autour le massif seul, de 9 piés d’épaisseur sur 4 piés d’hauteur. Comme sur le devant & le côté de la thuyere, la maçonnerie est diminuée d’épaisseur du haut en-bas, & que le travail y est grand, il faut que la maçonnerie des angles qu’on appelle piliers GG, soit des plus solidement bâties, & ces parties garnies de plaques de fonte BBB, fortes & épaisses, tenant tout l’espace entre les piliers, dans lesquels il faut ménager à cinq piés d’hauteur, une naissance de ceintre pour renforcer & fermer le dessus du devant & de la thuyere, ayant soin de ménager en-devant une ouverture pour les fumées. Le mieux seroit encore, que de ces mêmes piliers sortissent deux autres ceintres, pour voûter tant sur le moulage que les soufflets. Ces voûtes bandées contre de bons murs d’appui, affermissent toute la maçonnerie.

Sur le massif élevé de quatre piés, ce qui ne doit être regardé que comme trois, en en supposant un pour l’épaisseur du fond, vous ferez une recoupe intérieure d’un pié, ce qui réduira le massif à huit piés

d’épaisseur, que vous éleverez de douze piés ; ce qui joint aux trois ci-dessus & trois piés de banc, fera une élévation de 18 piés : elle peut être poussée à vingt & vingt-quatre. Sur cette recoupe, vous éleverez en bonne maçonnerie, pierre ou brique, un mur d’un pié d’épaisseur, qu’on nomme fausses parois. Il faut remarquer que ces fausses parois du côté du devant, ne sont quelquefois pas disjointes, mais font un total avec le massif, que la nécessité du travail fait beaucoup diminuer par le bas dans cette partie. Ces fausses parois seront élevées à la hauteur du massif. Il ne faut pas négliger de pratiquer des ventouses provenant du fond, sans quoi la maçonnerie se fendra en plusieurs endroits. Ces ventouses sont de petits soupiraux ménagés, & circulant dans la maçonnerie. Comme les fumées qui en sortiront seront dangereuses, il faut en placer l’ouverture dans les endroits que les ouvriers ne fréquentent pas. Ces soupiraux font un effet plus assûré que les liens de fer ou grosses pieces de bois DD, que plusieurs employent pour tenir la maçonnerie en respect, & qui ne résistent jamais à la raréfaction. Donnez jour à l’évaporation, & l’ouvrage est sauvé.

On ne pratique des fausses parois, que parce qu’il arrive communément que le feu ne se contentant pas de détruire les parois, il perce souvent & ronge une partie des fausses parois, quelquefois même du massif. Le cas arrivant, il est aisé de les réparer, ou en partie, ou même de les refaire en entier sans toucher au massif.

Dans les six à sept piés de vuide qui restent dans l’intérieur des fausses parois, on établit les parois. C’est ici que commence la science du fondeur.

Nous supposons les soufflets NN, posés ou imaginés dans une ligne parallele au fond de l’ouvrage R, & dont le vent doit se croiser dans le milieu R ; nous supposerons encore les parois à monter pour des mines mêlées, ni trop chaudes ni trop froides, en termes d’art ; la construction que nous allons décrire étant donnée, il sera aisé de diminuer, augmenter, varier les dimensions, suivant la qualité des mines, quand on en saura bien les raisons.

Du milieu de l’entre-deux des soufflets posés ou imaginés, vous tirez avec un cordeau une ligne droite, qui traverse le vuide que les fausses parois ont laissé. Du milieu de chaque soufflet, vous tirez deux autres lignes. Le point où elles se croisent sur la premiere, doit faire le milieu R. Du fourneau, du point de chaque côté de la premiere ligne, vous tirerez deux perpendiculaires, ou une prolongée qui traverse le point milieu ; ce qui formera une croix à angles droits. Vous terminerez les extrémités des lignes du côté de la thuyere & du contrevent, à compter du point milieu, à deux piés trois pouces, & celles du côté du devant & de la rustine, a deux piés & demi. Au bout de chacune de ces lignes, vous ferez avec une équerre des retours, & vous aurez formé un quarré de cinq piés sur quatre & demi. Les fondeurs se servent ordinairement de baguettes, dont l’une a cinq piés, & l’autre quatre piés & demi dans notre hypothese ; & en les couchant l’une sur l’autre, ils les alongent pour avoir la diagonale, qui est d’environ six piés neuf pouces ; ce qu’ils font méchaniquement, se réglant seulement à vûe d’œil sur l’ouverture destinée à placer la thuyere : de-là les abus immenses dont on rejette l’évenement sur des choses qui n’y ont aucune part.

De dessus la voûte du côté du contrevent & de la rustine, vous réglant sur les marastres du devant & du dessus de la thuyere, vous éleverez dans les dimensions ci-dessus perpendiculairement les parois MI, dont vous prendrez la naissance pour le devant, & la thuyere sur les marastres, & les pousserez tout-autour à environ deux piés plus haut que la véritable position de la thuyere.