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Cet auteur détache les bastions de la courtine, derriere laquelle il forme une espece de retranchement intérieur.

Pour donner une idée plus particuliere de sa construction, soit supposé un octogone à fortifier selon sa grande fortification, c’est-à-dire dont le côté extérieur AB (Pl. III. de la Fortificat. fig. 2.) est de 200 toises.

On prendra sur les rayons les capitales AC, BD, de 46 toises ; on tirera ensuite le côté intérieur CD. On prendra avec le compas 140 toises pour la grandeur de la ligne de défense ; & mettant une pointe du compas sur l’angle flanqué A, on décrira avec l’autre pointe un arc qui coupera le côté intérieur en E ; on prendra ensuite CF égale à ED, & l’on tirera par F & par B la seconde ligne de défense FB. On élevera des points E & F sur les lignes de défense AE & FB, les perpendiculaires EL, FI, qui rencontrant les lignes de défense opposées, détermineront les faces des contre-gardes ou bastions détachés de Scheiter.

Prolongez après cela les lignes de défense vers les capitales, & prenez les parties EH, FP, de 16 toises ; & ayant divisé ces lignes en deux également, tirez les flancs hauts paralleles aux flancs bas. Faites la même chose sur les autres côtés. Prenez après cela la distance PQ ; & mettant une pointe du compas ainsi ouvert au point P, décrivez un arc avec l’autre pointe qui coupe la capitale au point N ; tirez ensuite NQ & NP, & la contre-garde sera achevée.

Décrivez autour de la contre-garde du côté de la place, un fossé large de 18 toises, qui donnera le redan RST ; & comme l’escarpe de ce fossé feroit un angle saillant vers le milieu de la courtine, Scheiter, pour corriger cet inconvénient, y construit un petit bastion de cette maniere.

Du point 3 où les lignes de défense se rencontrent, il abaisse la perpendiculaire 3 4, sur le côté intérieur ; il porte de part & d’autre du point 4, les distances 4, 5 & 4, 6 égales chacune à 4, 3 : après quoi il tire les faces 5, 3 & 3, 6 de ce bastion. Les flancs se menent parallelement à la perpendiculaire 4, 3, jusqu’à ce qu’ils rencontrent la parallele à PF & EH. Lors après qu’ils sont ainsi, tirez la ligne magistrale d’un front de cet auteur.

Le fossé des contre-gardes se trace en prolongeant les faces de 20 toises, comme ZA en X, & tirant une ligne de X à l’angle de l’épaule L, &c.

Sur l’angle rentrant du fossé, il décrit une espece de redoute K, dont la capitale est de 16 toises ; il entoure ses contre-gardes de fausses braies, & tout l’intérieur de son enceinte, à l’exception des faces du petit bastion du milieu des courtines. Il ajoûte au chemin-couvert de la place un avant-chemin-couvert, construit au pié du glacis du premier.

Quoique ce système differe essentiellement de celui que M. le maréchal de Vauban a exécuté au Neuf-Brisack, il s’est cependant trouvé un auteur qui a prétendu que cet illustre ingénieur n’étoit que le copiste de Scheiter, dans la fortification de cette ville : mais M. l’abbé Deidier a démontré l’injustice de cette prétention dans le livre intitulé le parfait ingénieur françois.

On finira cet article par un précis de la fortification de M. Blondel. Le nom & la grande réputation de l’auteur est uniquement ce qui nous y engage ; car la grande dépense qu’elle exige ne permet guere de penser qu’elle soit jamais exécutée. Cette considération nous dispensera d’entrer dans le détail de tous ses défauts ; on se contentera d’observer les principaux.

Fortification de M. Blondel. M. Blondel fortifie en-dedans « comme le comte de Pagan ; mais il commence par l’angle diminué, qu’il trouve en ôtant un angle droit, ou 90 degrés de l’angle du poly-

gone, & en ajoûtant toûjours 15 degrés au tiers

du reste. Mais cet angle, selon ce principe, se peut trouver plus facilement, sans qu’il soit besoin de savoir l’angle du polygone, savoir en divisant 120 degrés par le nombre des côtés du polygone, & en ôtant le quotient toûjours de 45 degrés ; ou bien encore plus facilement, en ôtant de 45 degrés le tiers de l’angle du centre. Ainsi cet angle diminué se trouvera de 15 degrés dans le quarré, de 21 dans le pentagone, de 25 à l’exagone, & il s’augmentera petit-à-petit dans les autres polygones jusqu’à la ligne droite, où il se trouvera de 45 degrés.

» Par le moyen de cet angle ainsi trouvé, on connoîtra que l’angle du bastion est au quarré de 60 degrés, au pentagone de 66, à l’exagone de 70, & qu’il s’augmente peu-à-peu dans tous les autres polygones jusqu’à la ligne droite, où il est de 90 degrés.

» L’angle flanquant est au quarré de 150 degrés, de 138 au pentagone, de 130 à l’exagone ; & il diminue petit-à-petit dans tous les autres polygones jusqu’à la ligne droite, où il n’est que de 90 degrés.

» Comme l’auteur se persuade que la ligne de défense ne doit jamais être plus grande que de 140 toises, ni plus petite que de 120 aux places qu’on appelle royales, il a pour cette cause deux suppositions, qu’il appelle deux manieres, dont la premiere qui est la grande, fait son côté extérieur de 200 toises dans tous les polygones ; ce qui donne par-tout 140 toises pour la ligne de défense, selon sa maniere générale de fortifier, qui est de donner sept dixiemes parties du côté extérieur à la ligne de la défense, & la moitié de la tenaille à la face. La seconde ou la petite fait par-tout le même côté extérieur de 170 toises ; ce qui donne un peu moins de 120 toises pour la ligne de défense : dans lesquels termes il enferme tout ce qui se peut fortifier, parce qu’une plus grande étendue du côté extérieur rend la défense inutile par le trop grand éloignement des flancs, & qu’une plus petite diminue la longueur des flancs, augmente inutilement le nombre des bastions & la dépense.

» Soit (Pl. III. de Fortificat. fig. 3.) AB le côté extérieur d’un exagone ; faites à ces deux extrémités A, B, les deux angles diminués ABC, BAC, chacun de 25 degrés, tels qu’ils doivent être dans l’exagone, par les deux lignes de défense AG, BF, qui se termineront aux points F, G, en les faisant chacune de sept dixiemes parties du côté extérieur AB ; divisez les tenailles AC, BC, chacune en deux également aux points D, E, pour avoir les faces AD, BE, & tirez les flancs DF, EG, avec la courtine FG. Il est aisé de comprendre par cette figure, ce que l’auteur ajoûte à sa fortification pour la rendre dans une très-bonne défense. Il prend en premier lieu sur les flancs DF, EG, les lignes DH, EH, de chacune 10 toises, pour la grandeur de chaque orillon quarré, & il employe le reste au flanc couvert, qu’il retire en-dedans de cinq ou six toises, & cette retraite lui sert pour alonger les courtines aux bastions des polygones de plusieurs côtés, & pour en donner à ceux qui sont sur la ligne droite, parce qu’ils n’en ont point ou fort peu, & dans ce cas il retire ses flancs en-dedans jusqu’à 20 toises de chaque côté, afin d’avoir une courtine un peu plus longue que de 20 toises. La retirade du flanc se mesure sur une ligne droite, tirée par le point H à l’angle du bastion opposé. »

Il fait, comme le comte de Pagan, trois batteries « au-dedans de la casemate, donnant trois toises de largeur à chaque parapet, & cinq à chaque plateforme. Le plan de la batterie basse est au-dessus du