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ques qui font une petite élévation par-dessus, qui se trouve précisément de niveau avec la partie supérieure des vaisseaux. A l’extrémité opposée est un tuyau de poêle de cinq ou six pouces de diametre. Quand on veut distiller, on met un double rang de cuines tout le long du fourneau ; on les ajuste à d’autres qui servent de récipient & qui portent sur le mur en talud. Nous proscrirons cette mauvaise pratique en parlant des vaisseaux. On couvre tous les vaisseaux qui sont dans le fourneau avec des tuiles & des carreaux dont on bouche les intervalles avec de la terre à four, & l’on allume le feu qu’on fait de bois ; tel est l’appareil avec lequel les distillateurs font l’eau-forte à Paris.

La fig. 67. est non-seulement un appareil de distillation latérale, mais encore d’une distillation où l’on expose le corps à distiller au feu nud, sans l’intermede d’aucun vaisseau : nous avons promis, en parlant des fourneaux à aludels, de parler de la fig. 66. en même tems ; c’est aussi ce que nous allons faire, parce qu’elle est dans le même genre, quoiqu’elle soit pour la sublimation. Voyez Glauber, furn. nov. philosoph page 1.

La grandeur du fourneau, fig. 67. n’est point fixée, on peut lui donner celle qu’on voudra ; cela dépend encore de la quantité de matiere qu’on a à traiter ; peu importe aussi qu’il soit rond eu quarré, en briques, ou en terre. Sur un pan de diametre, il doit en avoir quatre de haut ; un depuis le sol jusqu’à la grille, un depuis la grille jusqu’au trou par où l’on jette le charbon, & les deux autres depuis ce trou jusqu’à celui qui est destiné au canal enfile par les vapeurs, qui doit sortir au moins d’un pan hors de la paroi, pour empêcher que les récipiens ne s’échauffent par la proximité du fourneau. Ce canal doit avoir à son extrémité le tiers du diametre du fourneau, sans compter que la partie qui y est scellée doit être plus large. Il faut que la grille soit telle qu’on ait la facilité de l’ôter au besoin pour la nettoyer ; car comme elle est aisément obstruée dans la distillation des sels qui se fondent à-travers les charbons, il arrive que la communication de l’air avec le feu est interceptée, & conséquemment la distillation interrompue. Pour plus grande commodité, on peut la faire de quatre ou cinq barres de fer isolées, soûtenues par deux autres ; il y aura entre elles un travers de doigt de distance, & elles sortiront du fourneau, afin qu’on ait la facilité de les en tirer avec une tenaille dans le cas où il faudra les nettoyer ; ensuite de quoi on les remet en place : il est même à-propos que le fourneau soit ouvert vis-à-vis la grille, pour plus de facilité.

Ce fourneau doit être couvert d’une pierre ou d’un carreau de terre ayant un trou au milieu, avec une rainure tout-autour pour recevoir ce couvercle & l’appliquer plus juste, à l’aide du sable ou des cendres qu’on y mettra : par ce moyen, le cercle borchera, & empêchera mieux la dissipation des esprits des corps qu’on jettera dans le fourneau ; ainsi ils seront forcés de passer totalement dans les récipiens : nous ne parlerons point ici de ces vaisseaux, c’est à leur article qu’ils doivent être renvoyés, & qu’on doit voir ce que nous avons à dire du manuel général de la distillation dans ce fourneau. Après ce que nous avons dit de celui qui sert pour la distillation latérale, nous n’avons que peu de choses à ajoûter au sujet de celui qui sert à la sublimation : le trou du premier, qu’on ferme d’un couvercle, est dans la fig. 66. fermé par le bas du premier aludel qui y entre ; son dôme n’a point de regitre, les aludels en servent.

Nous avons déjà parlé de la figure 69 : nous l’avons mise au nombre des fourneaux de décoctions ; mais elle peut encore trouver sa place ici en qualité

de fourneau servant aux distillations latérales, comme il paroît par le vaisseau dont elle est chargée. Nous ne nous étendrons sur cet article qu’en parlant des vaisseaux.

La figure 73 n’est au fond que la répétition de la premiere, qu’on a mise ici plus pour l’appareil que pour l’utilité : nous en donnerons cependant les proportions, parce qu’elles sont un peu différentes. La figure en question a 22 pouces de haut, sur huit de diametre en-bas, & neuf & demi dans le haut, à la partie la plus large de son dôme, hors d’œuvre. Son épaisseur est d’un pouce & demi. Le cendrier a cinq pouces de haut, y compris l’épaisseur du sol ; le soupirail est large de trois pouces, & haut de deux & demi. Le foyer est haut de huit pouces, & a sa bouche arquée, ses pitons & sa grille, comme nous l’avons détaillé en parlant de la figure premiere : cette bouche est haute & large de trois pouces. L’ouvroir a son échancrure pour la cornue ; il est haut de quatre pouces & demi. Le dôme est de même hauteur, & a un trou ou regître au milieu d’un pouce de diametre, qu’on diminue à volonté au moyen d’un couvercle. Les portes ont leur fermeture à l’ordinaire.

La figure 145. est dans Libavius, pag. 322. qui l’a prise dans Evonynus, pag. 90. C’est un fourneau en briques quarré, pour distiller les acides minéraux à feu nud : on y voit deux matras posés horisontalement, dont l’un est le vaisseau distillatoire, & l’autre le récipient. Les barres sont courbées, pour s’ajuster au vaisseau qui passe par un trou, comme nous l’avons déjà vû fig. 69. tirée de Glauber Le dôme a un trou ou regître au milieu, comme il convient ; mais on voit encore quatre regîtres inutiles & nuisibles aux quatre coins. On a isolé exprès une des barres pour en donner l’idée. La même courbure se trouve aussi dans Dornæus. Nous n’en dirons pas davantage sur ce fourneau ; une plus longue explication seroit inutile. On en peut voir la figure.

La figure 161. est encore un fourneau dont nous avons parlé à la section des fourneaux à distiller par ascension, & dans ses subdivisions en fourneaux à capsule, à aludel ; & elle n’est en effet autre chose que les ustensiles représentés fig. 12, 13 & 14. L’appareil, qui est de Glauber, en sait la différence : cet auteur n’y met pourtant qu’un gros balon ; mais on sait depuis long-tems qu’on en a enfilé des centaines ensemble. Ainsi l’on voit de plus en plus qu’un même fourneau peut être employé à différentes opérations. C’est en partie pour cette raison que nous en avons présenté quelques-uns sous différens aspects. Nous examinerons pourtant, en parlant des polychrestes, jusqu’à quel point cela peut être vrai.

On fait encore des distillations latérales dans les fourneaux dont nous parlerons dans la suite ; comme aussi plusieurs des opérations auxquelles sont employés ceux de notre premiere section, nous en parlerons à-mesure que l’occasion s’en présentera.

Des fourneaux à distiller par descension. Comme ces sortes de fourneaux ne sont pas d’un grand usage, & que d’ailleurs on y peut suppléer par d’autres appareils, nous n’en avons donné qu’un seul exemple : il est tiré de la pharmacopée italienne de M. de Sgobbis. On le construit en briques, de la hauteur nécessaire pour contenir les vaisseaux. On ouvre de plusieurs côtés le cendrier, qui n’en est point un au fond, & on ne lui laisse même la plûpart du tems que quatre piliers, qui font les quatre coins : ensuite on place une grille à un pié de haut environ du sol ou pavé. Cette grille a un trou au milieu assez grand pour admettre le cou du matras descensoire ; il est même bon d’observer qu’on n’y en met que pour employer ce fourneau à un autre usage ; car dans le cas du descensoire il ne faut qu’un disque de terre cuite, au milieu duquel on introduit le vaisseau descensoire : ainsi on