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Le framboisier d’automne : il ne differe du premier que parce que son fruit est tardif.

Le framboisier sans épines ; c’est une petite variété dont la rareté fait le seul mérite.

Le framboisier à fruit noir : cet abrisseau est originaire de l’Amérique septentrionale, du Canada surtout ; ses feuilles ressemblent à celles de notre framboisier ordinaire, si ce n’est qu’elles sont lanugineuses en dessous : mais les framboises qu’il produit sont aigres & de moindre qualité que les nôtres.

Le framboisier de Canada. Il est très-différent des autres especes : ses feuilles sont grandes, d’un verd gai, découpées en cinq parties fort ressemblantes à celles du groseiller sans epines, & elles ont un peu d’odeur ; ce qui a fait donner à cet arbrisseau le nom de ronce odoriferante. Ses fleurs, d’une vive couleur de pourpre violet, sont de la forme d’une rose sauvage ; elles paroissent au commencement de Juin, & elles se succedent pendant deux mois : ce qui doit mériter à ce framboisier d’avoir place parmi les arbrisseaux fleurissans ; d’autant mieux que ses tiges sont sans épines. Son fruit est plus gros que nos framboises, mais il a peu de parfum ; il n’est pas à beaucoup près de si bon goût, & ce framboisier en donne très-rarement. Si cependant on vouloit lui en faire porter, il faudroit le planter dans une terre forte & limonneuse : mais s’il y avoit trop d’humidité, l’arbrisseau ne s’y soûtiendroit pas long-tems.

Le framboisier de Pensylvanie. Cet arbrisseau prend plus de hauteur que les précédens ; il a peu d’épines, & les extrémités de ses rejettons sont bleuâtres : c’est aussi pour sa feuille qu’on le cultive plûtôt que pour son fruit, qui ressemble parfaitement à celui de nos ronces communes : il a pourtant un goût différent, mais qui n’approche pas de celui de nos framboises ; il ne mûrit que sur la fin de l’automne.

Toutes ces especes étrangeres de framboisiers se multiplient & se conservent comme ceux d’Europe. Voyez Ronce. (c)

Framboisier, & Framboise, (Mat. med. & Diete.) Les feuilles & les sommités du framboisier sont legerement détersives & astringentes, & peuvent être substituées à celles des ronces pour les gargarismes qu’on employe dans les maux de gorge & de gencives, lorsqu’il s’agit de procurer un leger resserrement à ces parties. C’est à-peu-près là tout l’usage qu’on tire de l’arbrisseau.

Son fruit rouge & blanc est plus employé sur les tables qu’en Medecine. Les belles framboises pleines de suc, & nouvellement cueillies, ont un goût & une odeur aromatique, également fine & flateuse ; ce qui provient du sel essentiel de ce fruit, joint & uni avec quelques parties huileuses un peu exaltées ; lesquelles picotant legerement les nerfs du goût & de l’odorat, excitent une sensation agréable. Comme les framboises contiennent à-peu-près les mêmes principes que les fraises ; elles sont humectantes, raffraichissantes, & contraires à l’acrimonie bilieuse.

On prépare avec ce fruit, du sucre, & de l’eau, une boisson appellée eau de framboise très-bonne pour appaiser la soif dans les maladies aiguës. Le nitre dissous & crystallisé avec le suc de framboise, remplira le même but.

On fait aussi avec le suc de ce fruit, des gelées & des syrops très-convenables dans les fievres & les diarrhées putrides. On trouve le syrop de framboise tout préparé dans les boutiques d’Apoticaires, sous le nom de syrupus rubi-idœi. Le vin rouge framboisé, c’est-à-dire dans lequel on a infusé des framboises, paroît assez propre pour le vomissement causé par la foiblesse & l’atonie de l’estomac.

On tire des framboises, comme de tous les fruits rouges, une eau spiritueuse. (D. J.)

* FRAME, s. f. (Hist. anc.) espece de javelot dont les Germains se servoient autrefois à pié & à cheval ; le fer en étoit court & tranchant ; ils combattoient avec cette arme de loin & de près : elle fut aussi à l’usage de ces peuples dans les tems moyens.

* FRANC, FRANCHE, adjectif dont on fait l’article Franchise. Voyez cet article. Il se compose avec un grand nombre de mots. Voyez les articles suivans.

Franc, (greffer sur) Jardinage. Voyez Greffer.

Franc ou Sauvageon, c’est ainsi qu’on appelle le sujet sur lequel on a dessein de greffer quelque bonne espece de fruit.

Franc, (Peint.) Peindre franc, c’est peindre facilement, hardiment, sans tâtonner, & à pleine couleur, sans le secours des glacis. Voyez Glacis.

Franc, (Jurispr.) ce terme a dans cette matiere plusieurs significations différentes, & s’applique à différens objets.

Franc signifie quelquefois une personne libre, c’est-à-dire qui n’est point dans l’esclavage.

Loysel, liv. I. tit. j. régl. 6. dit que toutes personnes sont franches en ce royaume, & que si-tôt qu’un esclave a atteint les marches d’icelui en se faisant baptiser, il est affranchi.

Ce que dit cet auteur n’a pas lieu néanmoins à l’égard des esclaves negres qui viennent des colonies françoises en France avec leurs maîtres, pourvû que ceux ci ayent fait leur déclaration en arrivant à l’amirauré, qu’ils entendent renvoyer ces negres aux îles. Voyez Esclaves & Negres. (A)

Franc est aussi quelquefois opposé à serf ; car quoiqu’en France il n’y ait point d’esclaves proprement dits, il y a des serfs de main-morte qui ne joüissent pas d’une entiere liberté. Ceux qui sont exempts de cette espece de servitude sont appellés francs, ou personnes de condition franche. Voyez Main-morte & Serfs. (A)

Franc, Frankis, ou Franquis, (Hist. mod.) est le nom que les Turcs, les Arabes & les Grecs donnent à tous les Européens occidentaux.

On croit que ce nom a commencé dans l’Asie, au tems des croisades, les François ayant eu une part distinguée dans ces entreprises ; & depuis les Turcs, les Sarrasins, les Grecs & les Abyssins, l’ont donné à tous les Chrétiens européens, & à l’Europe celui de Frankistan.

Les Arabes & les Mahométans, dit M. d’Herbelot, appellent Francs, les François, les Européens, les Latins en général.

Franc signifie encore libre & exempt de quelque charge ; par exemple, un noble est par sa qualité franc & exempt de taille. Il y a des lieux qui sont francs, c’est-à-dire exempts de tailles & de certaines autres impositions ; d’autres qu’on appelle francs à cause de la liberté que la coûtume du pays accorde pour tester, comme dans le comté de Bourgogne. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot Franc. (A)

Franc ou Frent est un françois, & par extension un européen, ou plûtôt un latin ; à cause, dit M. d’Herbelot, que la nation françoise s’est fait connoître & distinguer entre toutes les autres qui ont porté les armes dans l’Orient au tems des croisades. Voyez Croisade.

Le P. Goar, dans ses notes sur Codin, c. v. n. 43. nous fournit une autre origine du mot franc beaucoup plus ancienne que la premiere. Il observe que les Grecs n’appelloient d’abord Francs que les François, c’est-à-dire les Allemands établis en France ; ensuite ils donnerent le même nom aux habitans de la Pouille & de la Calabre, après que les Normands eurent conquis ces provinces. Dans la suite ils ont donné ce nom à tous les Latins.

Ainsi Anne Comnene & Curopalate, pour dis-