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doré ; au lieu que ceux des gardes-suisses le portent d’argent. Ils ont aussi leur juge particulier, qu’on nomme le prevôt des bandes. Leur uniforme est bleu, paremens rouges, avec des agrémens blancs, leurs drapeaux bleus traversés d’une croix blanche & parsemés de fleurs-de-lis d’or. Plusieurs compagnies montent la garde chez le roi, & sont relevées par autant d’autres au bout de quatre jours. Ils gardent les bâtimens extérieurs du louvre, les cours & avant cours, où ils se rangent en haie, lorsque le roi ou la reine doivent sortir ; ils restent dehors jusqu’à la rentrée du roi ou de la reine ; les tambours battent au champ pendant leur passage. Ils appellent pour les enfans de France, & ils rendent le même honneur à leur colonel. On les employe aussi à différentes gardes dans Paris, où ils sont logés dans les fauxbourgs, & ont divers corps-de-garde ; & lorsque le roi n’est pas à Versailles, ils fournissent toûjours un certain nombre d’hommes pour la garde de la reine & des enfans de France.

Gardes-Suisses, régiment d’infanterie composé de douze compagnies en quatre bataillons. Leur uniforme est rouge avec des paremens bleus & des agrémens blancs. Ce corps a ses officiers de justice ; mais la compagnie colonelle a son juge particulier, qui ne dépend que du colonel général. Les gardes-suisses montent la garde chez le roi, conjointement avec les gardes-françoises. Il faut remarquer ici que pour désigner les officiers de ces différens corps, on dit capitaine des gardes-du-corps, pour les commandans des quatre compagnies des gardes-du-corps ; capitaine aux gardes, pour les commandans de celles des gardes-françoises ; & pour les suisses, capitaine aux gardes-suisses.

Capitaine des gardes, exempt des gardes, brigadier des gardes, colonel des gardes, capitaine aux gardes ; Voyez Capitaine, Exempt, Brigadier, Colonel, &c.

Garde du dedans, & Garde du dehors ; ce sont deux parties de la garde du roi, ainsi nommées l’une & l’autre du poste qu’elles occupent, & des lieux où elles servent. La garde du dedans est composée des gardes-du-corps, dont quelques uns sont gardes de la manche, des cent-suisses, des gardes de la porte, & des gardes du grand-prevôt de l’hôtel. La garde du dehors est de gendarmes, chevau-legers, mousquetaires, deux régimens des garces, l’un françois & l’autre suisse.

Gardes de la Manche ; ce sont vingt-quatre gentilshommes, gardes du corps, de la compagnie écossoise, qui servent toujours au côté du Roi. On y a joint le premier homme d’armes qui fait le vingt-cinquieme. Ils ne servent que deux-à-deux, sinon dans les jours de cérémonie où ils sont six. Leur service est d’un mois. Ils ont sur le just-au-corps un corcelet ou hoqueton à fond blanc brodé d’or, avec la devise du Roi. Ils sont armés de l’épée qu’ils ont au côté, & d’une pertuisanne dont le bois est semé de clous d’or, & le haut frangé : ils l’ont à la main droite. Ils se tiennent toûjours debout, excepté à l’élévation. Aux funérailles des rois, ils sont debout aux côtés du lit. Ils déposent le corps dans le cercueil, & le cercueil au lieu qui lui est destiné.

Gardes de la Porte ou des Portes, hommes d’armes qui veillent jour & nuit aux portes interieures du palais où est le Roi. Il y en a cinquante. Ils sont armés de l’épée, de la carabine, avec la bandouliere chargée de deux clés en broderie, & just-au-corps bleu comme les gardes du corps, mais les galons & les ornemens différens. Ils ont un chef & quatre lieutenans qui les commandent ; on appelle le chef capitaine des portes. Ils servent par quartier. Ils se placent aux portes du dedans du logis où est le Roi : le matin à six heures, ils relevent les gardes du corps, & n’en sont relevés que le soir.

Gardes de la Prevôté de l’Hôtel, hommes d’armes qui font exécuter la police où demeure le Roi. Ils sont commandés par le prevôt de l’hôtel, qui est aussi grand-prevôt de France, & par quatre lieutenans qui servent par quartier. Quand le Roi marche en carrosse à deux chevaux, ils précedent les cent-suisses qui sont devant le carrosse. Ils arrêtent les malfaiteurs qui s’introduisent dans les lieux qu’habite le Roi. Ils portent le hoqueton incarnat-bleu-blanc, avec broderie, & la devise d’Henri IV. ou la massue, & ces mots, erit hæc quoque cognita monstris.

Garde ou Quart, (Marine.) Voyez Quart.

Gardes-corps, (Marine.) ce sont des nattes ou des tissus que l’on fait avec des cordages tressés, & qu’on met sur le haut des vaisseaux de guerre de chaque côté pour couvrir les soldats & les garantir des coups de mousquet de l’ennemi. Ces gardes-corps sont hauts de deux piés & demi, & ont quatre à cinq pouces d’épaisseur ; ils sont soûtenus par des épontilles & recouverts de pavois par-dessus. On les fait ordinairement de gros cables nattés ; ils ne descendent pas jusque sur le pont, afin de laisser l’espace pour tirer le mousquet. (Z)

Gardes-côtes. Ces gardes sont composés des communes des villages les plus proches de la mer ; les habitans des villages destinés à la garde-côte ne tirent point à la milice.

Les gardes-côtes sont distribués par capitaineries. Le commandant de la province leur fait donner des armes & des munitions en tems de guerre ; le major de la capitainerie répond des armes, & les fait reporter dans les arsenaux à la paix.

Les capitaineries & la nomination des officiers dépendent du ministre de la Marine ; les capitaines & les principaux officiers sont toûjours choisis parmi les gens de condition de la province qui servent ou qui ont servi.

Par des arrangemens particuliers faits sous les ordres de l’intendant de la province, ces troupes ont des gratifications en tems de guerre, & ont presque toutes des uniformes de serge ou de grosse toile avec des paremens de différentes couleurs ; elles ont aussi des drapeaux.

Les gardes-côtes sont très-utiles pour épargner le service aux troupes du Roi ; & lorsqu’une capitainerie est bien tenue, comme celles du Calaisis, de Verton, du Crotoy, & de Cayeux, qui ont fort bien servi pendant la derniere guerre, elles sont suffisantes pour la défense de la côte, dont elles connoissent les plages & les points où l’ennemi pourroit aborder pour faire un coup-de-main.

Cependant nous croyons que l’ordre établi dans le Boulonnois, est meilleur que celui des capitaineries gardes-côtes. Le Boulonnois en tout tems a cinq régimens d’infanterie & trois de cavalerie, dont les colonels & les officiers sont brevetés par le Roi. Ces troupes sont sous les ordres du ministre de la guerre. Chaque village ou hameau fournit un nombre de cavaliers & de soldats, proportionné aux fermes & aux habitans qui le composent.

En tems de guerre on choisit dans ce nombre trois ou quatre bataillons, qui sont armés, équipés & entretenus par le Roi, comme les autres régimens d’infanterie. Ces régimens ont leur inspecteur particulier ; ils servent en garnison à Boulogne & dans les places maritimes voisines, & prennent rang dans l’infanterie du jour de leur création.

On assemble à Boulogne deux compagnies de cavalerie, armées, montées, équipées & payées comme le reste de la cavalerie. Ces compagnies servent à envoyer des détachemens à la découverte le long de l’Estran ; & en cas d’alerte elles fournissent des ordonnances pour envoyer en différens bourgs