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relatives des limites qui circonscrivent ces deux parties de notre globe, on observe que la mer environne de tous côtés quatre grands continens, & qu’elle pénetre en plusieurs endroits dans l’intérieur des terres : ce sont des mers Méditerranées, des golfes, des baies, des anses. D’un autre côté, les continens forment des avances considérables dans le bassin de la mer ; ce sont des caps, des promontoires, des peninsules. Le canal resserré par lequel la mer coule entre deux terres pour former des golfes, se nomme détroit. Il y a trois sortes de détroits, en tant que l’on considere les terres qui forment les bords du canal ; ou ces deux lames de terre appartiennent au même continent, ou elles font partie d’un continent & d’une île, ou enfin elles sont les rivages oposés de deux îles. Les détroits, sous un autre rapport, peuvent être considérés comme formant une communication d’un bassin à un autre, & l’on en peut aussi distinguer de trois sortes ; ceux qui forment une communication d’une mer à une mer, comme celui de Magellan ; d’une mer à une baie, comme celui de Babelmandel, qui réunit le golfe arabique à la mer des Indes ; ou enfin d’une baie à une baie, comme celui des Dardanelles. Il y a des golfes qui s’étendent en longueur, d’autres s’arrondissent à leurs extrémités, & présentent une vaste ouverture sans d’autres détroits que ceux qui sont formés entre une île & un continent, ou bien entre une île & une île : tels sont ceux du Mexique, de Bengale. Enfin quelques-uns se ramifient en plusieurs branches, comme la mer Baltique.

Une lame de terre resserrée entre deux mers, se nomme isthme. Les isthmes réunissent de grandes portions de continens à d’autres, & des presqu’îles aux continens.

Je reprends ces idées, & j’oppose les continens aux mers, les îles aux lacs, les golfes aux presqu’îles, & les détroits aux isthmes. Ce sont des configurations correspondantes & opposées, qu’il est bon de saisir sous ce point de vûe d’opposition.

Dans la discussion des affections générales du globe, que nous venons de disséquer en indiquant la nomenclature de ses différentes configurations, il est nécessaire de suivre quelque plan.

1°. Nous présenterons d’abord les résultats généraux des observations qui ont un rapport direct avec l’organisation constante & réguliere du globe, & nous envisagerons cet objet sous deux points de vûe différens ; l’organisation extérieure, & l’organisation intérieure.

2°. Nous nous occuperons des phénomenes généraux qui paroissent indiquer une altération dans cette organisation constante.

3°. Enfin les affections relatives de la terre, dépendantes de l’atmosphere & des différens aspects du globe par rapport au Soleil & à la Lune, feront la matiere de la troisieme section.

Affections générales de l’organisation extérieure du globe. La terre ferme comprend quatre grands continens : 1° l’ancien : 2° le nouveau : 3° les terres australes connues ou soupçonnées : 4° les terres arctiques, dont la séparation d’avec l’Amérique n’est pas encore bien déterminée ; la configuration des terres australes est encore moins connue. Nous nous bornerons donc à raisonner sur l’ancien & le nouveau continent.

En considérant avec attention l’ancien continent & le nouveau, on observe que l’ancien est plus étendu vers le nord que vers le sud de l’équateur, & qu’au contraire le nouveau l’est plus au sud qu’au nord de l’équateur. On voit aussi que le centre de l’ancien continent se trouve à 16 ou 18 degrés de latitude nord, & celui du nouveau à 16 ou 18 degrés de latitude sud. Ce centre est déterminé par l’intersection des lignes menées sur les plus grandes longueurs & largeurs des continens.

Ils ont encore cela de remarquable, qu’ils paroissent comme partagés en deux parties qui seroient toutes quatre environnées d’eau, & formeroient des continens à part, sans deux petits isthmes ou étranglemens de terre ; celui de Suez & celui de Panama. Le premier est produit en partie par la mer Rouge, qui semble l’appendice & le prolongement d’une grande anse avancée dans les terres de l’est à l’oüest, & en partie par la Méditerranée. L’autre est de même produit par le golfe du Mexique, qui présente une large ouverture de l’est à l’oüest.

Bacon observe que ce n’est pas sans quelque raison que les deux continens s’élargissent beaucoup vers le nord, se retrécissent vers le milieu, & alongent une pointe assez aiguë vers le midi. On peut même ajoûter que les pointes de toutes les grandes presqu’îles formées par les avances des continens, regardent le midi ; que quelques-unes même sont coupées par des détroits dont le canal est dirigé de l’est à l’oüest.

Si nous voyageons maintenant sur la partie seche du globe, nous y remarquerons d’abord différentes inégalités à sa surface, de longues chaînes de montagnes, des collines, des vallons, des plaines. Nous appercevrons que les diverses portions des continens affectent des pentes assez régulieres depuis leur centre, ou depuis les sommets élevés des chaînes qui les traversent, jusque sur les côtes de la mer, ou le terrein s’abaisse sous l’eau pour former la profondeur de son bassin : réciproquement, en remontant des rivages de la mer vers le centre des continens, nous trouvons que le terrein s’éleve jusqu’à certains points qui dominent de tous côtés sur les terres qui les environnent.

Osons sonder la profondeur des mers, nous trouverons qu’elle augmente à-mesure que nous nous éloignons davantage des côtes, & qu’elle diminue au contraire à-mesure que nous nous en approchons davantage ; ensorte que le fond de la mer gagne par une élevation insensible les terres qui s’élevent au-dessus des flots. Dans le même examen nous découvrons que la vaste étendue du bassin de la mer nous offre des inégalités correspondantes à celles des continens ; il a ses vallées & ses montagnes : les roches à fleur d’eau, les îles, ne sont que les sommets les plus élevés des chaînes montueuses qui sillonnent par diverses ramifications la partie du globe que la mer recouvre.

Je remarque que les eaux de la mer, en se répandant dans de grandes vallées où le terrein est assujetti à des pentes plus rapides, ont formé les golfes, les mers Méditerranées ; & que réciproquement les terres éprouvant une irrégularité dans leur abaissement vers les côtes de la mer, & se prêtant moins à la courbure des terreins qui se plongent sous les flots, s’avancent au milieu des eaux, & forment des caps, des promontoires, des presqu’îles.

Entrons maintenant dans un plus grand détail, & examinons de plus près chaque objet dont les différentes particularités nous échappoient dans le lointain où ils ont été présentés.

Nous reconnoissons d’abord que toutes les montagnes forment différentes chaînes principales qui se lient, s’unissent, & embrassent tant par leurs troncs principaux que par leurs ramifications collatérales la surface des continens. Les montagnes, qui sont proprement les tiges principales, présentent des masses très-considérables & par leur hauteur & par leur volume ; elles occupent & traversent ordinairement le centre des continens : celles de moindre hauteur naissent de ces chaînes principales ; elles diminuent insensiblement à-mesure qu’elles s’éloignent de leur tige, & vont mourir ou sur les côtes de la mer, ou dans les plaines : d’autres se soûtiennent en-