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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/799

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GOUJONNER, v. act. chez les Layetiers ; c’est assembler des planches avec les pointes de clous dont les Maréchaux se servent pour ferrer les chevaux.

GOUJURE, s. f. (Marine.) C’est une entaille faite autour d’une poulie, afin d’encocher l’étrope. Ce mot se dit aussi pour celle qu’on fait autour d’un cap de mouton, ou qui servent à tenir les haubans.

Goujure de chouquet ; c’est l’entaille qu’on fait à chaque bout par où passe la grande étague. (Z)

GOULAMS, s. m. pl. (Hist. mod.) En Perse, ce sont des esclaves ou fils d’esclaves de toutes sortes de nations, & principalement de Géorgiens renégats, qui forment le second corps de l’armée du sophi. Il en a environ 14 mille à son service. On appelle leur général koullas-agassi. Ils ont plusieurs grands seigneurs dans leur corps. Thevenot, voyage du Levant. (G)

GOULETS, s. m. pl. (Pêche.) Suivant nos auteurs sur la pêche, les goulets sont des entrées qui vont en s’étrécissant dans le milieu d’un filet ; ensorte que le poisson qui se présente est conduit par les goulets dans le corps du filet, dont ensuite il ne peut plus sortir, à cause qu’il ne sauroit plus trouver le lieu étroit par lequel il est entré.

GOULETTE, s. f. en Architecture, petit canal taillé sur des tablettes de pierre ou de marbre posées en pente, qui est interrompu d’espace en espace par de petits bassins en coquille, d’où sortent des bouillons d’eau, ou par des chûtes dans les cascades, &c.

On voit de ces goulettes taillées sur les tablettes de la terrasse du jardin du Luxembourg, en face du château. Il y a des goulettes en plomb. (P)

Goulette, (la) Géog. fort considérable d’Afrique sur la côte de Barbarie ; ce fort est composé de deux châteaux. Le corsaire Barberousse le prit en 1535 ; Charles V. l’emporta d’assaut en 1536 ; mais Selim II. s’en empara en 1574. Il est à huit lieues N. de Tunis, sur la lagune de Tunis à l’endroit le plus étroit. Long. 28. 25. latit. 37. 10. (D. J.)

GOULOTTE, sub. f. terme d’Architecture ; voyez Gargouille.

GOULU, adj. (Gramm.) qui mange avec trop d’avidité. C’est-là ce qui a fait appeller goulu le poisson galeus glaucus d’Artedi. Voyez l’article suivant.

Goulu de mer, galeus glaucus d’Artedi, (Icthyolog.) espece de squalus, & l’un des plus voraces de tous les animaux aquatiques. Il est d’un beau bleu sur le dos & d’un blanc-argentin sur le ventre ; ses narines s’étendent transversalement à toute la longueur du nez ; les trous de ses yeux sont de forme elliptique : il a deux rangs de dents larges & triangulaires ; sa queue est fourchue, mais une des fourches est plus grosse que l’autre ; enfin il a cette particularité remarquable, & néanmoins commune avec les autres poissons de son genre, c’est que sa vaste gueule est à la partie inférieure de la tête, ensorte qu’il est obligé de se tourner sur le dos avant que de pouvoir attraper sa proie. Si les poissons auxquels il donne la chasse, ne s’échappoient dans cet intervalle, dit le docteur Hansloane, aucun d’eux ne pourroit l’éviter, tant il a d’ardeur, de vîtesse, & de force en nageant. (D. J.)

GOUPILLE, sub. f. petite cheville de laiton, & quelquefois d’acier, dont les Horlogers se servent pour faire tenir plusieurs pieces ensemble. C’est par le moyen de goupilles que la platine de dessus tient avec les piliers, & le cadran avec la grande platine, &c. Voyez Platine, Cadran, Cage, &c. (T)

GOUPILLER, v. act. terme d’Horlogerie ; c’est faire tenir plusieurs pieces ensemble avec des goupilles. Voyez Goupille, Platine, Cage, Cadran, &c. Il signifie aussi simplement mettre les goupilles dans les trous qui leur sont destinés. (T)

* GOUPILLON, s. m. en terme de Vergettier ; c’est

un instrument garni de tous sens de soies de porc prises dans des fils-d’archal passés à l’extrémité d’un manche de bois ou de métal. Le goupillon a plusieurs usages différens. Il sert à l’Eglise, où il a remplacé la queue du renard, à distribuer aux Chrétiens l’eau-bénite ; dans les maisons, à nettoyer différens vaisseaux, & sur-tout ceux qui servent à des usages honteux ; dans les atteliers, à répandre sur des ouvrages des substances fluides par gouttes, &c. Voyez les articles suivans.

* Goupillon, chez les Cartiers ; c’est une grosse brosse faite de soie de cochon & emmanchée d’un manche de bois, qu’ils trempent dans le pot à la colle dont ils se servent pour coller les quatre feuilles de papier dont ils fabriquent les cartes.

Il y a encore un autre goupillon fait en forme de brosse, dont on se sert aussi pour coller ; & l’un & l’autre servent encore à puiser la couleur que l’on applique sur les cartes par-dessus les patrons. Voyez les Planches du Cartier. La premiere représente un ouvrier qui prend de la colle avec un goupillon ; la fig. seconde représente un autre ouvrier qui passe avec un goupillon de la couleur sur un moule.

* Goupillon, (Chapel.) c’est un bâton d’un pié & demi de longueur, dont le bout est garni en-travers de plusieurs brins de soie ou poils de cochon. Les Chapeliers se servent de ce goupillon pour arroser le bassin & la feutriere, lorsqu’ils travaillent à feutrer les chapeaux. C’est ce qu’ils appellent arroser le feutre ou arroser le chapeau.

GOURA, Gura, (Géogr.) ville de Pologne au palatinat de Mazovie, appartenant à l’évêque de Posnanie. Celui qui vivoit du tems de Jean Sobieski, peupla cette ville de monasteres, éleva des autels dans tous les bois des environs ; & d’une butte de sable, entourée d’épaisses forêts, il en fit une parfaite Jérusalem polonoise. Elle est sur la Vistule à cinq lieues de Warsovie, & prend son nom de sa situation sur une hauteur ; car les Polonois appellent gouri tout côteau, toute montagne, tous lieux un peu élevés ; on écrit d’ordinaire gura. Long. 39. 25. lat. 52. 4. (D. J.)

* GOURGOURAN, s. m. (Commerce.) étoffe travaillée en gros-de-Tours, mais plus forte en chaîne & en trame ; les soies n’en sont point moulinées, mais elles sont seulement gommées & préparées par faisceaux de huit brins. Voyez l’article Gros-de-Tours. Le gourgouran vient des Indes, où l’on fait employer la soie comme elle se devide de dessus les cocons. Nos ouvriers n’en sont pas encore venus là.

GOURMAND, (Gramm.) il se prend tantôt substantivement, & tantôt adjectivement, & se dit en général d’un animal qui mange avec excès & avec avidité. Voyez ci-après Gourmandise.

Gourmand ou Larron, adj. (Jardin.) se dit d’une branche qui s’échappe & emporte toute la nourriture de l’arbre ; on a grand soin de la retrancher. Voyez Taille. (K)

GOURMANDER, v. act. (Gramm.) c’est en général traiter durement en paroles. Il est encore d’usage, mais moins qu’autrefois.

Gourmander un cheval, (Manége.) expression usitée pour designer spécialement l’action d’un cavalier, qui, par des sacades & des ébrillades continuelles, offense cruellement la bouche du cheval, & le précipite perpétuellement dans la confusion & dans le desordre.

Suivant les auteurs du dictionnaire de Trévoux, ce mot ne paroît applicable que du cheval au cavalier. Ce cheval gourmande son cavalier, le jette bas, s’il ne se tient bien ferme. Je ne sais sur quelle autorité ils pourroient étayer cette maniere de s’énoncer inconnue à tous les écuyers, & dont nous n’avons eu garde d’enrichir encore notre art. Ne seroit-ce pas