Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/991

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lades à l’abri de l’incommodité de baver continuellement, ou d’éjaculer de la salive sur les personnes à qui ils parlent. (Y)

GRÈS, voyez Grais.

Grès, s. m. (Vénerie.) ce sont les grosses dents d’en-haut d’un sanglier qui touchent & frayent contre les défenses, & qui semblent les aiguiser ; c’est d’où ce nom est venu.

GRESIL, s. m. (Verrerie.) c’est ainsi qu’on appelle des fragmens de crystal, destinés à être remis en fusion dans les pots. Voyez l’article Verrerie.

GRESILLER, GRÉSER, ou GROISER du verre, en termes de Vitrier, c’est le façonner avec l’outil qu’on nomme un grésoir. Voyez Grésoir.

GRESOIR, s. m. terme de Vitrier, est un instrument de fer qui sert à égruger les extrémités d’un carreau de verre. Cet instrument est de fer ; il a à chaque extrémité une entaille, dans laquelle l’ouvrier engage le bord du verre à égriser ; ce qu’il exécute en tenant ferme son outil de la main droite, en tournant le poignet sur lui-même, & faisant glisser de la main gauche le bord du verre dans l’entaille du gresoir, à mesure que le travail avance.

GREVE, s. f. (Géog.) le mot de Greve signifie une place sablonneuse, un rivage de gros sable & de gravier sur le bord de la mer ou d’une riviere, où l’on peut facilement aborder & décharger les marchandises. On appelle greve en Géographie, un fond de sable que la mer couvre & découvre, soit par ses vagues, soit par son flux & reflux : le mot de greve n’est usité que parmi les équipages des bâtimens de Terre-Neuve. (D. J.)

GREVER, v. act. (Jurisp.) signifie charger quelqu’un de quelque condition ; ce terme s’applique, surtout en matiere de substitution & de fidéi-commis ; on di grever un héritier ou légataire de substitution ou fidéi-commis : le grevant, gravans, est celui qui met la condition ; le grevé, gravatus, est celui qui en est chargé.

On ne peut en général grever personne, qu’en lui faisant quelque avantage ; c’est ce que signifie la maxime, nemo oneratus nisi honoratus. Voyez Fidéi-Commis & Substitution. (A)

GRIBANE, s. f. (Marine.) c’est une espece de barque qui pour l’ordinaire est bâtie à sole, c’est-à-dire sans quille, & qui est du port depuis trente jusqu’à soixante tonneaux. Ce bâtiment porte un grand mât, un mât de misene sans hunier, & un beaupré ; ses vergues sont mises de biais comme celle de l’artimon. On se sert de cette sorte de bâtiment pour transporter des marchandises le long des côtes de Normandie, & sur la riviere de Somme depuis S. Valleri jusqu’à Amiens. (Z)

GRIEFS, s. m. pl. (Jurisprud.) signifie tort, préjudice qu’un jugement fait à quelqu’un.

On entend aussi singulierement par griefs, les différens chefs d’appel que l’on propose contre une sentence rendue en procès par écrit ; on distingue le premier, le second grief &c.

On appelle aussi griefs les écritures qui contiennent les causes & moyens d’appel dans un procès par écrit ; au lieu que sur une appellation verbale appointée au conseil, ces mêmes écritures s’appellent causes & moyens d’appel.

Les griefs sont quelquefois intitulés, hors le procès, parce que c’est une piece qui ne fait pas partie du procès par écrit : mais cette qualification ne convient proprement que quand il y a déjà des griefs qui font partie du procès, comme cela arrive quand il y a déjà eu appel devant un premier juge, & reglé comme procès par écrit, où l’on a fourni des griefs. Lorsqu’il y a encore appel devant le juge supérieur, les griefs que l’on fournit devant lui sont hors le procès ; à la différence des griefs qui ont été fournis de-

vant les premiers juges, lesquels font partie du procès.

L’appellant en procès par écrit fournit donc ses griefs, & l’intimé ses réponses à griefs, auxquelles l’appellant peut répliquer par des écritures qu’on appelle salvations de griefs. (A)

GRIFFADE, s. f. (Vénerie.) c’est la blessure d’une bête onglée.

GRIFFE, s. f. l’extrémité de la patte d’un animal lorsqu’elle est armée d’ongles crochus & recourbés : on dit la griffe d’un chat & la griffe de quelques oiseaux de proie, mais plus communément la serre de l’oiseau. Griffe se prend aussi quelquefois ou pour un doigt avec son ongle, ou pour l’ongle seul.

Griffes, (Commerce.) marques en forme de pattes d’oie, que les essayeurs d’étain de la ville de Roüen font aux saumons de ce métal qui viennent d’Angleterre ; ces marques désignent la qualité. L’étain le plus pur n’a point de griffes, il a un agneau pascal ; les autres étains moins fins se marquent à une, deux, ou trois griffes.

Griffe de renoncule, (Jardinage.) se dit de ses cayeux, & mieux qu’oignons. Ces griffes ont leurs doigts, d’où il sort des fibres, ainsi que du collet ou liaison dans lequel s’articulent les doigts de la griffe. (K)

Griffe, en terme de Doreur, c’est une espece de tenailles ou serres montées sur un morceau de bois, qui servent à tenir le bouton pour le brunir à la main.

Griffe, en terme de Bijoutier & de Metteur en œuvre, sont de petites épaisseurs de forme conique, prises & réservées sur l’épaisseur des sertissures, dont la tête excédant un peu la sertissure & le feuillet des pierres, repose en s’inclinant sur les faces de ces pierres, & les retient assujetties dans leur œuvre.

Dans les ouvrages à griffe, ce ne sont que de petites branches soudées aux bâtes sur lesquelles reposent les pierres, & excédantes de beaucoup ces bâtes, qui étant rabattues, embrassent les pierres par-dessus, & les tiennent assujetties ; ces sortes d’ouvrages sont fort peu solides.

Griffe, ouvrage à griffe, ce sont des bijoux en pierreries fausses, dont les pierres reposent simplement sur une bâte, & sont retenues uniquement par des griffes.

* Griffe, (Serrurerie.) on donne en général ce nom à un grand nombre de pieces de fer, qui sont recourbées, & qui servent à en fixer d’autres dans une situation requise, ou quelquefois à les reprendre, quand elles en sortent, & à les y ramener.

GRIFFENHAGEN, viritium, (Géog.) ville d’Allemagne, dans la Poméranie prussienne, au duché de Stétin, sur l’Oder, à 4 lieues de la ville de Stétin. Long. 38. 45. latit. 53. 17.

Elle ne fut érigée en ville que l’an 1262, après avoir été prise & reprise durant les guerres civiles de l’Empire. Elle a été finalement cédée à l’électeur de Brandebourg par le traité de Saint-Germain-en-Laye en 1679.

Griffenhagen est la patrie d’André Muller, dont les ouvrages montrent la grande érudition qu’il avoit acquise dans les langues orientales & la littérature chinoise ; il mourut en 1694. (D. J.)

GRIFFER, v. n. (Vénerie.) c’est prendre de la griffe, comme les oiseaux de proie.

GRIFFON, ou plûtôt GRYPHON, s. m. (Myth. & Littérat.) en grec γρὺψ, animal fabuleux qui par-devant ressembloit à l’aigle, & par-derriere au lion ; avec des oreilles droites, quatre piés, & une longue queue.

Hérodote, Pomponius Méla, Elien, Solin, & Apulée, semblent avoir crû que cette espece d’animal existoit dans la nature ; car ils nous disent que