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roue. Les premieres sont plus commodes. Les roues sont placées sur le devant. On veut que la herse ait six pieds de long, que les dents en soient rangées à cinq pouces les unes des autres, & qu’elles ayent environ quatre pouces de saillie hors des travers. Une herse bien mince, & chargée convenablement, entre en terre d’un bon doigt, ce qui suffit à son effet. Les herses sans dents ne sont qu’un tissu d’osier, ou des especes de fortes claies avec lesquelles on applanit les terres semées en lin, lorsqu’elles sont sabloneuses & légeres. Voyez la herse à labour, Planch. d’Agriculture. Voyez l’article Herser.

* Herse, (Pêche.) engin qui ne differe guere des herses à labour. On s’en sert sur-tout de basse marée, aux eaux vives, & dans les grandes marées des saisons chaudes. On leur attele un cheval ou un bœuf, & on les promene sur le fond d’où elles entraînent toutes les especes de poissons plats qui s’y sont ensablés, comme soles, petits turbots, barbues, plyes, limandes, carelets, &c. Un homme conduit la herse ; deux autres placés sur les côtés, attendent les poissons qui se désallent, & les prennent à la main. De ces herses les unes sont endentées de bois, d’autres de fer.

HERSÉ, adj. en termes de Blason, se dit d’une porte dont la herse ou coulisse est abattue.

HERSER, v. act. (Agriculture.) c’est faire passer la herse à plusieurs reprises, sur une terre semée, ou seulement labourée. Beaucoup de laboureurs n’emploient la herse qu’à recouvrir la semence lorsqu’on ne l’enterre pas par un leger labour ; mais on ne peut trop en multiplier l’usage. Cette opération divise les grosses mottes retournées par la charrue, & rend la terre plus féconde en l’atténuant. Le labour ne remplit parfaitement son objet qu’autant qu’il est suivi du herser. Il faut donc herser la terre autant de fois qu’on la laboure. Dans toutes les terres moyennes cette pratique est très-utile ; & elle est nécessaire dans les terres fortes & argilleuses. On n’en peut excepter que les sables.

Ce n’est pas immédiatement après le labour que le herser est avantageux. On doit laisser passer quelques jours. Si la terre a été labourée dans un tems très-sec, il faut attendre qu’une pluie l’ait un peu trempée & attendrie ; mais que le tems soit actuellement sec. Si le labour a été fait dans un tems humide, il faut que la terre soit ressuyée, un peu hâlée ; mais sans être durcie. Outre qu’en passant à plusieurs reprises & en tout sens, la herse atténue les mottes, elle acheve de déraciner les herbes que la charrue n’avoit pas entierement détruites. Le hâle empêche ces herbes de reprendre racine. On se sert presque toujours de herses qui ont des dents de bois, & elles suffisent aux usages ordinaires. Mais lorsqu’une terre, immédiatement après avoir été semée, est battue par une pluie forte, on est contraint quelquefois d’avoir recours à des herses dont les dents soient de fer. Qu’on ne craigne pas alors de déraciner une partie du grain qui est levé. On n’a rien à attendre dans une terre battue & scellée, & il n’y a de ressource que dans cette espece de labour superficiel, qui est un bienfait de la herse. Mais dans ce cas-là, il faut choisir un tems couvert & légérement humide, pour ne pas exposer au hâle les racines du grain que l’on veut conserver. Voyez Jonchere, Labour, Semer, &c.

HERSILLIERES, s. f. (Marine.) ce sont des pieces de bois courbes qu’on met au bout des plats bords d’un bâtiment, qui sont sur l’avant & sur l’arriere pour les fermer. (Z)

HERSILLON, s. m. terme de Fortification. Les hersillons sont de planches longues de dix à douze piés, qui ont leurs deux côtés remplis de pointes de clous

& dont on se sert pour incommoder la marche de l’infanterie & de la cavalerie.

Ce mot est un diminutif de herse, le hersillon faisant l’office d’une petite herse. Chambers. (Q)

HERSTAL, (Géog.) ancienne ville d’Allemagne en Westphalie, dans l’évêché de Padersborn, sur le Weser. Long. 26. 30. lat. 43. 50. (D. J.)

HERSTBERG, (Géog.) ville & château d’Allemagne en Westphalie, de la dépendance & de l’électorat de Cologne.

HERSTEIN, (Géog.) ville d’Allemagne au bas Palatinat, sur la riviere de Naho.

HERTE, ou HERTHE, s. f. (Antiq.) divinité que d’anciens peuples de Germanie, comme les Semnons, les Neudinges ou Thuringes, les Avions, les Angles, les Varins, les Eudons, les Suardons, & les Nuitons adoroient.

Tacite est le seul qui nous en instruise, & il pourroit bien lui-même avoir été mal informé ; cependant ce qu’il en rapporte est trop singulier, pour le passer sous silence. Il dit dans son livre des mœurs des Germains, chap. xl. qu’il y avoit dans l’Océan (c’est apparemment la mer Baltique qu’il nomme ainsi), une isle (on soupçonne que c’est l’isle de Rugen) où se trouvoit une forêt appellée Castum, au milieu de laquelle étoit un char consacré à la déesse Hertus.

Il n’étoit permis qu’au seul prêtre de toucher à ce char, parce qu’il savoit le tems que la déesse qu’on y adoroit venoit dans ce lieu ; quand il sentoit la présence de cette divinité, il atteloit des buffles à ce char, & le suivoit avec grande vénération ; tout le tems que duroit cette cérémonie, c’étoit des jours de fête, & par-tout où le char alloit, on le recevoit avec beaucoup de solennités ; toute guerre cessoit, toutes les armes se renfermoient, on ne respiroit que la paix & le repos, jusques à ce que le prêtre eût reconduit dans son temple la déesse rassasiée de la conversation des hommes. Alors on lavoit le char dans un lieu secret, & les étoffes qui le couvroient, & la déesse elle-même ; on se servoit pour cela d’esclaves, qui étoient aussi-tôt après jettés & engloutis dans un lac voisin.

Vossius conjecture que cette déesse Hertus doit être Cybèle ; mais il est plus vraissemblable que c’est la Terre ; le nom y répond du moins parfaitement ; les Allemans emploient encore le mot herth, pour signifier la terre, & les Anglois ont toujours dit earth dans le même sens ; comme la plûpart des peuples se sont imaginés n’avoir point d’autre origine que la terre, les Germains pourroient bien l’avoir adorée, & plusieurs raisons concourent à se le persuader.

Il y a dans la plaine du comté de Salisbury en Angleterre, des amas de pierres circulaires, que plusieurs savans croyent avoir été un temple de la déesse Herte ; on nomme ces pierres stone-henges, c’est-à-dire pierres suspendues, parce qu’elles sont mises les unes sur les autres, de maniere qu’elles paroissent être en l’air, telles qu’on suppose qu’étoit le temple de Herte. Mais cette supposition n’est au fond qu’un fruit de l’imagination, qu’on ne peut appuyer d’aucune preuve.

On ignore parfaitement quel étoit l’usage de cette espece de monument, que les anciens appelloient en latin chorea gigantum. On dispute même de la nature de ces pierres ; car les uns prétendent qu’elles sont naturelles, tandis que d’autres les regardent comme artificielles, composées de sable, de chaux, de vitriol, & d’autres matieres bitumineuses. Ce dernier sentiment paroît le moins vraissemblable : quoi qu’il en soit, les curieux qui n’ont pas vû les stone-henges de Salisbury, peuvent consulter sur leur nature & leur ancienne destination apparente, les Antiq. britann. de Cambden, & même ils en trouveront le dessein dans cet auteur. Je pense que les Transactions philosophi-