la nature bon, & l’autre le croit méchant. Selon le philosophe de Genève, l’état de nature est un état de paix ; selon le philosophe de Malmesbury, c’est un état de guerre. Ce sont les lois & la formation de la société qui ont rendu l’homme meilleur, si l’on en croit Hobbes ; & qui l’ont dépravé, si l’on en croit M. Rousseau. L’un étoit né au milieu du tumulte & des factions ; l’autre vivoit dans le monde, & parmi les savans. Autres tems, autres circonstances, autre philosophie. M. Rousseau est éloquent & pathétique ; Hobbes sec, austere & vigoureux. Celui-ci voyoit le trône ébranlé, ses citoyens armés les uns contre les autres, & sa patrie inondée de sang par les fureurs du fanatisme presbytérien, & il avoit pris en aversion le dieu, le ministre & les autels. Celui-là voyoit des hommes versés dans toutes les connoissances, se déchirer, se haïr, se livrer à leurs passions, ambitionner la considération, la richesse, les dignités, & se conduire d’une maniere peu conforme aux lumieres qu’ils avoient acquises, & il méprisa la science & les savans. Ils furent outrés tous les deux. Entre le système de l’un & de l’autre, il y en a un autre qui peut-être est le vrai : c’est que, quoique l’état de l’espece humaine soit dans une vicissitude perpétuelle, sa bonté & sa méchanceté sont les mêmes ; son bonheur & son malheur circonscrits par des limites qu’elle ne peut franchir. Tous les avantages artificiels se compensent par des maux ; tous les maux naturels par des biens. Hobbes, plein de confiance dans son jugement, philosopha d’après lui-même. Il fut honnête homme, sujet attaché à son roi, citoyen zélé, homme simple, droit, ouvert & bienfaisant. Il eut des amis & des ennemis. Il fut loué & blâmé sans mesure ; la plûpart de ceux qui ne peuvent entendre son nom sans frémir, n’ont pas lu & ne sont pas en état de lire une page de ses ouvrages. Quoi qu’il en soit du bien ou du mal qu’on en pense, il a laissé la face du monde telle qu’elle étoit. Il fit peu de cas de la philosophie expérimentale : s’il faut donner le nom de philosophe à un faiseur d’expériences, disoit-il, le cuisinier, le parfumeur, le distillateur sont donc des philosophes. Il méprisa Bayle, & il en fut méprisé. Il acheva de renverser l’idole de l’école que Bacon avoit ébranlée. On lui reproche d’avoir introduit dans sa philosophie des termes nouveaux ; mais ayant une façon particuliere de considérer les choses, il étoit impossible qu’il s’en tînt aux mots reçûs. S’il ne fut pas athée, il faut avouer que son dieu differe peu de celui de Spinosa. Sa définition du méchant me paroît sublime. Le méchant de Hobbes est un enfant robuste : malus est puer robustus. En effet, la méchanceté est d’autant plus grande que la raison est foible, & que les passions sont fortes. Supposez qu’un enfant eût à six semaines l’imbécillité de jugement de son âge, & les passions & la force d’un homme de quarante ans, il est certain qu’il frappera son pere, qu’il violera sa mere, qu’il étranglera sa nourrice, & qu’il n’y aura nulle sécurité pour tout ce qui l’approchera. Donc la définition d’Hobbes est fausse, ou l’homme devient bon à mesure qu’il s’instruit. On a mis à la tête de sa vie l’épigraphe suivante ; elle est tirée d’Ange Politien.
Qui nos damnant, histriones sunt maximi,
Nam Curios simulant & bacchanalia vivunt.
Hi sunt precipuè quidam clamosi, leves,
Cucullati, lignipedes, cincti funibus,
Superciliosi, incurvi-cervicum pecus,
Qui, quod ab aliis habitu & cultu dissentiunt,
Tristesque vultu vendunt sanctimonias
Censuram sibi quamdam & tyrannidem occupant,
Pavidamque plebem territant minaciis.
Outre les ouvrages philosophiques d’Hobbes, il
y en a d’autres dont il n’est pas de notre objet de parler.
HOBEREAU ou HAUBEREAU, subbuteo, s. m. (Hist. nat.) oiseau de proie, dont Willughbi a décrit une femelle qui pesoit neuf onzes ; elle avoit un pié de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout de la queue, & environ deux piés & demi d’envergure. Le bec ressemble à celui de la cresselle ; il a une couleur bleuâtre, excepté à sa base qui est blanchâtre ; la membrane qui la recouvre en partie, est jaune ; les paupieres sont aussi de couleur jaune : il y a au-dessus des yeux une ligne roussâtre ; les plumes du dessus de la tête ont les côtés noirs, & le bord extérieur de couleur de maron ; le cou est roussâtre ; le dos & le dessus des aîles ont une couleur brune noirâtre ; le noir domine sur le brun au milieu du dos & dans les grandes plumes des aîles, & le brun est le plus apparent sur les petites plumes des aîles & sur le croupion. Le menton & la gorge ont une couleur jaunâtre ; il y a de chaque côté deux taches blanches, dont l’une s’étend depuis la bouche jusqu’à la gorge, & l’autre depuis l’occiput aussi jusqu’à la gorge. Le bas-ventre est roux, & l’espace qui se trouve entre le bas-ventre & la gorge est couvert de plumes noirâtres dans le milieu & blanches sur les bords. Les cuisses sont rousses, & ont des taches noires plus petites que celles de la poitrine. Chaque aîle a vingt-quatre grandes plumes, dont la seconde est la plus longue : elles ont toutes des taches transversales blanches & noires sur leurs barbes intérieures. Les petites plumes du dessous des aîles sont noires, & ont des taches blanches & rondes. La queue a cinq pouces de longueur, & douze plumes ; les deux du milieu sont les plus longues. Les pattes, les piés & les doigts ont une même couleur jaune ; les ongles sont noirâtres. Les alouettes sont la proie la plus ordinaire du haubereau. Willug. Ornit.
HOBLERS ou HOBILERS, s. m. pl. (Hist. mod.) étoient autrefois des gens demeurant sur les côtes, qui étoient obligés de tenir un cheval prêt, en cas de quelque invasion, afin d’en donner avis.
C’étoit aussi le nom qu’on donnoit à certains chevaliers irlandois, qui servoient dans la cavalerie légere. (G)
HOBRO, (Géog.) petite ville de Danemarck, avec un port dans la partie septentrionale du Jutlande.
HOBUS, s. m. (Hist. nat. Botan.) espece de prunier des Indes occidentales, qui est fort grand & très-touffu. La prune qu’il porte n’est point fort charnue, & ressemble à celle qu’on nomme prune de damas. Elle devient jaune en mûrissant, & renferme un noyau très-dur ; le goût en est agréable, mais un peu aigre, & ce fruit est plein de filets. Quelques gens regardent ces prunes comme une espece de mirobolans. Les Indiens font une eau aromatique avec les sommités des rameaux de l’arbre, & avec leur écorce ; elle est, dit-on, propre à ranimer lorsqu’on est fatigué : le fruit a la propriété de fortifier l’estomac, & cependant de lâcher le ventre. Lorsqu’on rompt la racine, il en sort une eau qui est très-bonne à boire.
HOC, s. m. (Jeux.) ce jeu a deux noms, le hoc mazarin & le hoc de lion : il se joue différemment ; mais comme le premier est plus en usage que l’autre, nous ne parlerons ici que de lui.
Le hoc mazarin se joue à deux ou trois personnes ; dans le premier cas, on donne quinze cartes à chacun ; & dans le second, douze. Le jeu est composé de toutes les petites.
Le roi leve la dame, & ainsi des autres, suivant l’ordre naturel & ordinaire des cartes.
Ce jeu est une espece d’ambigu, puisqu’il est mêlé