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son jeu, il fait la bête, & on lui tire au hasard celles qu’il a de trop dans son jeu. S’il n’en prenoit pas assez, il peut reprendre dans le talon ce qui lui manque, s’il est encore sur la table, sinon au hasard dans les écarts, & il ne fait pas la bête, si l’on n’a pas commencé de jouer. Celui qui n’a pas de la couleur dont on joue n’est pas obligé de couper, & celui qui a de la couleur n’est pas obligé de forcer, quoiqu’il le puisse. L’on ne doit point jouer avant son rang, mais on ne fait pas la bête pour cela : celui toutefois qui n’étant pas à jouer jetteroit une carte qui pourroit nuire à l’hombre, feroit la bête.

L’hombre qui a vû une carte qu’un des joueurs a tiré de son jeu, n’est pas en droit de la demander, à-moins qu’étant vûe, elle puisse préjudicier à son jeu ; auquel cas, celui qui a montré sa carte est obligé de la jouer, s’il le peut sans renoncer, sinon il ne la jouera pas, mais il fera la bête. Il est libre de tourner les levées faites par les autres pour voir ce qui est passé ; l’on ne doit cependant pas tourner les levées faites, ni compter tout haut ce qui est passé, que lorsqu’on est à jouer, devant laisser compter son jeu à chacun Celui qui au lieu de tourner les levées qui sont devant un joueur, tourne & voit son jeu, fait la bête de moitié avec celui à qui sont les cartes retournées ; de même celui qui au lieu de prendre le talon, prendroit le jeu d’un des tiers. Dans ce dernier cas, il faudroit faire remettre le jeu comme il étoit ; & s’il étoit confondu de maniere à ne pouvoir être remis, il dépendroit de l’hombre de refaire. Celui qui renonce fait la bête autant de fois qu’il renonce, si l’on l’en fait appercevoir à chaque différente fois qu’il a renoncé ; mais si les cartes sont pliées il ne fait qu’une bête quand il auroit renoncé plusieurs fois ; il faut pour que la renonce soit faite que la levée soit pliée. Celui qui ayant demandé en quoi est la triomphe, couperoit de la couleur qu’on lui auroit dit, quoi qu’effectivement ce ne soit pas la triomphe, ne feroit pas la bête, mais il ne pourroit pas reprendre sa carte. Celui qui sans avoir demandé la triomphe couperoit d’une couleur qui ne la seroit pas, feroit la bête. Il n’est pas permis à l’hombre de la demander remise, ni de s’en aller quand sa couleur n’est pas favorable ; il le lui est pas libre non plus de donner codille à qui bon lui semble, étant obligé de le payer à celui qui le gagne de droit.

L’hombre ne peut en aucune maniere demander gano ; celui des deux tiers qui est sûr de ses quatre mains, ne doit pas demander gano ni faire appuyer ; celui qui a demandé gano ayant sa quatrieme main sûre, & a gagné codille par ce moyen, est en droit de tirer le codille, mais cela ne se fait point parmi les beaux joueurs. Plusieurs bêtes faites sur un même coup vont ensemble, à-moins qu’on ne soit convenu autrement ; celui qui en fait deux à-la-fois, peut les faire aller ensemble ; mais celui qui en fait une sur une autre, ne le peut que du consentement des autres tiers. Quand les joueurs marquent diversement, on paye suivant celui qui marque le plus, & on fait la bête de même. Quand on a gagné codille on met trois jettons au jeu, quoiqu’il y ait encore des bêtes à tirer. Les trois matadors ne peuvent être forcés par une triomphe inférieure ; le matador supérieur force l’inférieur lorsqu’il est jetté par le premier qui joue ; le supérieur ne force pas l’inférieur s’il est joué sur une triomphe inférieure jouée la premiere ; les matadors ne se payent que dans la main de l’hombre. Si celui qui joue sans prendre avec des matadors demande l’un sans l’autre, il ne lui est dû que ce qu’il a demandé. Celui qui au lieu de demander les matadors qu’il a, demanderoit le sansprendre qu’il n’auroit pas, ou le sans-prendre au lieu de matadors, ne pourroit exiger ni l’un ni l’au-

tre, ce jeu demandant une explication formelle ; le

jeu, la consolation & la bête peuvent se demander plusieurs coups après. On ne peut pas revenir des méprises en comptant les bêtes, passé le coup où elles ont été tirées ; celui qui gagne par codille ne manque point au tour, non plus que celui qui fait la vole. Quand la vole est entreprise, ceux qui la défendent peuvent se communiquer leur jeu, & convenir de ce qu’ils garderont pour l’empêcher. Celui qui ayant joué sans prendre s’étoit engagé à faire la vole & ne la fait pas, paye à chacun le droit de la vole, & il n’est payé ni du sans-prendre ni des matadors, pas même de la consolation ni du jeu. Il ne gagne rien, mais il ne fait pas la bête, à-moins qu’il ne perde le jeu ; auquel cas, il doit payer à chacun, outre la vole manquée, ce qui lui revient pour le sans-prendre, les matadors, & le jeu, & fait la bête à l’ordinaire.

Lorsqu’on admet les hazards au jeu de l’hombre, on ne les paye à celui qui fait jouer qu’autant qu’il gagne, de même qu’il les paye aux deux tiers lorsqu’il perd.

L’hombre se joue aussi à deux ; il n’est pas amusant. Il se joue comme à trois, à peu de différence près : il faut ôter une couleur rouge, de sorte que le jeu n’est que de trente cartes ; on n’en donne que huit à chacun trois, trois, & deux, en sorte qu’il en reste quatorze au talon, dont chacun prend ce qui lui convient. Pour gagner il faut faire cinq levées ; la partie est remise si chacun en fait quatre ; si celui qui défend en fait cinq il gagne codille. Remarquez qu’on ne peut nommer la couleur que l’on a ôtée ; car s’il étoit permis de la nommer, avec spadille seul, on feroit quelquefois la vole avec plusieurs cartés de la même couleur, & à soi à jouer.

HOMÉLIE, s. f. (Théolog.) signifioit originairement conférence ou assemblée ; mais il s’est dit ensuite des exhortations & des sermons qu’on faisoit au peuple. Voyez Prédication.

Le nom grec d’homélie, dit M. Fleury, signifie un discours familier, comme le mot latin sermo ; & l’on nommoit ainsi les discours qui se faisoient dans l’Eglise, pour montrer que ce n’étoit pas des harangues & des discours d’apparat, comme ceux des orateurs profanes, mais des entretiens comme d’un maître à ses disciples, ou d’un pere à ses enfans.

Toutes les homélies des peres grecs & latins sont faites par des évêques. Nous n’en avons aucune de Tertullien, de Clément Alexandrin, & autres savans hommes, parce qu’aux premiers siecles il n’y avoit que les évêques qui eussent la permission de prêcher, & elle ne fut ordinairement accordée aux prêtres que vers le cinquieme siecle.

S. Jean Chrysostome fut le premier prêtre qui prêcha : Origene & S. Augustin ont aussi prêché comme prêtres, mais c’étoit par un privilege particulier.

Photius distingue l’homélie du sermon, en ce que l’homélie se faisoit familierement dans les églises par les prélats qui interrogeoient le peuple, & qui en étoient interrogés, comme dans une conférence ; au lieu que les sermons se faisoient en chaire à la maniere des orateurs. Voyez Oraison, Harangue, &c.

Il nous est resté plusieurs belles homélies des peres, particulierement de S. Chrysostome & de S. Grégoire, &c. Dictionn. de Trévoux. (G)

HOMEL, (Géog.) petite ville de Lithuanie, sur la riviere de Sosz, dans le palatinat de Meizlau.

HOMÉOMÉRIE, s. f. (Méthaphysiq.) Des deux mots grecs ὅμοιος, semblable, & μέρος, partie. Ce terme exprime l’opinion d’Anaxagore, qui prétendoit que chaque tout dans la nature est composé de parties qui, avant leur union, étoient déja de même