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vent d’abord engourdis par le froid, & ne peuvent rentrer dans les lieux chauds, que la peau de leur visage ne s’enleve, & qu’ils n’ayent quelquefois les doigts des piés gelés.

L’on peut encore juger de la rigueur du froid extérieur, sur ce que le capitaine Middleton rapporte, que les lacs d’eau dormante, qui n’ont que 10 à 12 piés de profondeur, se gèlent jusqu’au fond, ce qui arrive également à la mer qui se gèle à la même hauteur. La gelée est seulement un peu moindre dans les rivieres qui sont plus près de la mer, & où la marée est forte.

Le grand froid fait fendre quelquefois cette glace avec un bruit étonnant, presque aussi fort que celui du canon.

Il y a donc lieu de croire que le froid qu’on éprouve à la baie d’Hudson, est pour le moins aussi grand que celui qu’on ressent en Sibérie, même à Jeniseskoi, dont on peut voir l’article ; mais pour en être parfaitement sûr, il faudroit avoir des observations du thermometre à la baie d’Hudson, & nous n’en avions pas encore en 1750. La société royale est ici priée de nous en procurer à l’avenir ; ce soin n’est pas indigne d’elle. (D. J.)

Hudson (Compagnie de la baie d’) Commerce. Société de négocians anglois qui se forma vers le milieu du dernier siecle pour le commerce de cette partie la plus septentrionale de l’Amérique, où les Européens ayent des colonies.

Les belles pelleteries que Hudson rapporta de cette baie, où il avoit été obligé de passer l’hiver après sa découverte, persuada sa nation qu’on pouvoit y établir un commerce avantageux de cette précieuse marchandise. Alors plusieurs négocians anglois formerent une société, & envoyerent sur les lieux le capitaine Nelson, qui fonda la premiere colonie de cette baie, & éleva un fort de son nom à l’embouchure d’une grande riviere qui s’y jette, & qui prend sa source du lac des Assinipouals.

En 1670, une charte de Charles II. en faveur du prince Robert & de ses associés, leur accorda inconsidérément pour toûjours en propriété toutes les terres voisines & au-delà de la baie de Hudson, qui ne sont point occupées par quelque autre peuple, avec le commerce exclusif de peaux d’ours, de martres, d’hermines, & autres fourrures abondantes dans ces contrées.

La colonie fut déclarée, par cette charte, relever du château royal de Gréenwich, dans le comté de Kent ; S. M. B. ne se réservant que la foi & hommage, avec une redevance de deux élans & de deux castors noirs par an, payables quand ils seroient demandés.

Pour le gouvernement de la compagnie, on établit un gouverneur, un député & sept directeurs.

Son premier fonds capital étoit de 10500 livres sterlings (341500 liv. tournois) ; & ce fonds modique, qui fut suffisant pour les dépenses de l’établissement, a si-bien prospéré, qu’en 1690 la compagnie, pour mettre quelque proportion entre ses dividendes & son capital, prit le parti de le tripler en apparence par un appel simulé sur ses actionnaires, ensorte que chacun d’eux, sans rien débourser, vit avec joie ses fonds tripler ; & pour dire quelque chose de plus, les actions de cette compagnie ont valu jusqu’à 500 livres sterlings. Il est vrai que les guerres presque continuelles qu’il y a eu entre la France & la Grande-Bretagne jusqu’à la paix d’Utrecht, ont souvent apporté de grandes diminutions à la valeur des actions de cette société.

Les François & les Anglois se sont alternativement plusieurs fois chassés de leurs établissemens, les uns pour confirmer leur commerce de pelleterie sur le lac supérieur, les autres pour se maintenir

dans le même négoce qu’ils avoient attiré à la baie de Hudson.

Enfin, cette baie a été rendue à l’Angleterre par le traité d’Utrecht ; & les François qui s’en étoient emparés pendant la guerre pour la succession d’Espagne, & qui y avoient construit de nouveaux forts, l’abandonnerent dans l’état qu’elle se trouvoit.

La compagnie d’Hudson, au moyen de la paix dont l’Angleterre a joui depuis 1712 jusqu’en 1720, augmenta jusqu’à 103500 liv. sterlings (2280500 liv. tournois) ses fonds, qu’elle estima (morts & vifs) 94500 livres sterlings (2273500 liv. tournois.)

En effet, quoique le seul négoce de ce pays-là se borne aux pelleteries, il faut que les profits soient bien grands, puisque les deux nations rivales s’en disputent de nouveau la possession, sans se rebuter du froid extrême qu’il fait dans cette partie de l’Amérique, & qui subsiste sept mois de l’année, pendant lesquels la neige y tombe ordinairement de dix ou douze pieds de haut ; la mer s’y glace à la même épaisseur, & les arbres & les pierres s’y fendent par l’excessive rigueur des gelées : ajoûtez que le pays ne fournit absolument rien pour la nourriture, ni pour le vêtement des habitans de ces tristes & malheureuses contrées.

Au reste, l’auteur françois qui a pris, dans un petit ouvrage sur le commerce, le nom de Nickole, a fait voir combien la compagnie de la baie d’Hudson est un exemple sensible & déplorable de cette vérité, qu’une compagnie exclusive peut jouir longtems du négoce le plus lucratif, & négliger toutes les facilités qu’elle a de l’augmenter, au mépris de son devoir & de l’intérêt de la nation dont elle est membre. (D. J.)

HUDWICHWALD, (Géog.) ville maritime de Suede, capitale de l’Helsingie, sur la côte orientale du golfe de Bothnie, entre les îles d’Agan & de Holsoon. Long. 36. 10. latit. 60. 40. (D. J.)

HUÉ, Sinoa, (Géog.) ville d’Asie, capitale, & la seule de la Cochinchine, avec un palais fortifié où le roi fait sa résidence ; elle est dans une plaine, partagée de l’est à l’ouest par un grand fleuve. Long. 132. 40. latit. 17. 40. (D. J.)

HUED-YL-BARBAR, (Géog.) fleuve d’Afrique. Il tire sa source du Grand-Atlas, près de la ville de Lorbus au royaume de Tunis, & se jette dans la mer près du port de Tabure ; c’est le Rubricatus de Ptolomée. (D. J.)

* HUÉE, s. f. (Gramm.) cri d’improbation de la multitude. Un mauvais poëte se fait huer au théatre. On hue un mauvais acteur, une mauvaise actrice. On hue dans les rues un prêtre ou un moine qui sort d’un mauvais lieu.

* HUER, v. act. (Gram.) c’est desaprouver par une huée. Ce mot est de Vénerie. On hue le loup, ou on le poursuit à grands cris. Il est aussi de pêche. On hue le poisson ; le poisson est hué ou poussé par les cris des pêcheurs vers les filets. On hue, en Fauconnerie, en imitant le cri du hibou.

HUESCA, (Géog.) ancienne ville d’Espagne au royaume d’Arragon, avec un riche évêché, suffragant de Saragose, & une université. Autrefois Sertorius, au rapport de Plutarque, y avoit établi une académie ; on la nommoit alors Osca. Elle est dans un terrain fertile & excellent en vin, sur l’Isnela, à 9 lieues N. O. de Balbastro, 14 N. E. de Saragosse. Long. 17. 22. latit. 42. 2. (D. J.)

HUESCAR, (Géog.) ville d’Espagne au royaume de Grenade, dans une plaine, au pied du mont Sagra, à 2 lieues N. E. de Grenade. Longit. 15. 50. latit. 37. 32. (D. J.)

HUESNE, (Géogr.) petite île de la mer Baltique dans le Sund, qui n’a rien de remarquable que pour avoir été le lieu de l’observatoire immortel de Ty-