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Les habitans de Ceylan ressemblent assez à ceux de la côte de Malabar.

Les Maldivois olivâtres sont bien faits.

Les habitans de Cambaye ont le teint gris.

Les Persans, voisins des Mogols, en sont peu différens. Il y a dans la Perse beaucoup de belles femmes, mais elles y sont amenées des autres contrées.

Les peuples de la Perse, de la Turquie, de l’Arabie, de l’Egypte & de toute la Tartarie peuvent être regardés comme une même nation.

Les Arabes vivent misérablement. Ils n’ont des peuples policés que la superstition. Les Egyptiens sont grands, & leurs femmes petites.

Les peuples qui habitent entre le 20 & le 30 ou 35 degré de latitude Nord dans l’ancien continent, depuis l’empire du Mogol jusqu’en Barbarie, & même depuis le Gange jusqu’aux côtes occidentales de Maroc, ne sont pas fort différens les uns des autres. Les hommes en général y sont bruns & basanés, assez beaux & bien faits. Si l’on examine ceux qui habitent sous un climat plus tempéré, on trouvera que les hommes des provinces septentrionales du Mogol & de la Perse, les Arméniens, les Turcs, les Géorgiens, les Mingreliens, les Circassiens, les Grecs & tous les peuples de l’Europe sont les plus blancs, les plus beaux & les mieux proportionnés de la terre ; & que, quoiqu’il y ait fort loin de Cachemire en Espagne, & de la Circassie en France, il ne laisse pas d’y avoir une singuliere ressemblance entre ces peuples si éloignés les uns des autres, mais situés à peu-près à une égale distance de l’équateur.

Les Cachemiriens sont beaux ; le sang est encore plus beau en Géorgie qu’à Cachemire. Les femmes de Circassie sont renommées pour leurs charmes, & c’est à juste titre. Les Mingreliens ne le cedent en rien à ces peuples. Tous ces peuples sont blancs.

Les habitans de la Judée ressemblent aux autres Turcs ; ils sont seulement plus bruns que ceux de Constantinople. Il en est de même des Grecs ; ceux de la partie septentrionale sont fort blancs ; ceux des îles ou provinces méridionales sont bruns. En général, les femmes greques sont plus belles & plus vives que les femmes turques.

Les Grecs, les Napolitains, les Siciliens, les habitans de Corse, de Sardaigne, & les Espagnols, situés à peu-près sous un même parallele, sont assez semblables pour le teint ; mais plus basanés que les François, les Anglois, les Allemands, les Polonois, les Moldaves, les Circassiens, & les autres habitans du Nord de l’Europe jusqu’en Laponie, ou l’on trouve une autre espece d’hommes.

Les Espagnols sont maigres & assez petits. Ils ont la taille fine, la tête belle, les traits réguliers, les yeux beaux, les dents assez bien rangées, mais le teint jaune & basané.

Les hommes à cheveux noirs ou bruns commencent à être rares en Angleterre, en Flandre, en Hollande, & dans les provinces septentrionales de l’Allemagne. On n’en trouve presque point en Dannemarck, en Suede, en Pologne.

Les Goths sont de haute taille ; ils ont les cheveux lisses, blonds, argentés, & l’iris de l’œil bleuâtre.

Les Finois ont le corps musculeux & charnu, les cheveux blonds, jaunes & longs, & l’iris jaune-foncé.

Les Suédoises sont fécondes, & les hommes y vivent long-tems.

L’homme est plus chaste dans les pays froids que dans les climats méridionaux. On est moins amoureux en Suéde qu’en Espagne ou en Portugal, & cependant les Suédoises font plus d’enfans. On a appellé le Nord officina gentium.

Les Danois sont grands & robustes, d’un teint

vif & coloré. Les femmes danoises sont blanches, assez bien faites, & fécondes.

Les Ingriens & les Carliens qui habitent les provinces septentrionales de la Moscovie, sont vigoureux & robustes. Ils ont pour la plûpart des cheveux blonds, & ressemblent assez aux Finois.

Il suit de ce qui précede, que la couleur dépend beaucoup du climat, sans en dépendre entierement. Il y a différentes causes qui doivent influer sur la couleur, & même sur la forme des traits ; telles sont la nourriture & les mœurs.

Achevons de parcourir l’Afrique. Les peuples qui sont au-delà du tropique, depuis la mer Rouge jusqu’à l’Océan, sont des especes de Maures, mais si basanés qu’ils paroissent presque tous noirs ; ils sont mêlés de beaucoup de mulâtres.

Les negres du Sénégal & de Nubie sont très-noirs, excepté les Ethiopiens & les Abyssins. Les Ethiopiens sont olivâtres ; ils ont la taille haute, les traits du visage bien marqués, les yeux beaux & bien fendus, le nez bien fait, les levres petites & les dents blanches. Les Nubiens ont les levres grosses & épaisses, le nez épaté, & le visage fort noir.

Il y a sur les frontieres des deserts de l’Ethiopie un peuple appellé Acridophages ou mangeurs de sauterelles. Ils vivent peu. Cette nourriture engendre dans leurs chairs des insectes qui les dévorent. Après avoir vêcu d’insectes, ils en sont mangés.

En examinant les différens peuples qui composent les races noires, on y remarque autant de variétés que dans les races blanches ; mêmes nuances du brun au noir que du blanc au brun.

Les habitans des îles Canaries ne sont pas des negres, ils n’ont de commun avec eux que le nez applati. Ceux qui habitent le continent de l’Afrique à la hauteur de ces îles, sont des Maures assez basanés, mais appartenans à la race des blancs. Les habitans du Cap blanc sont encore des Maures. Ces Maures s’étendent jusqu’à la riviere du Sénégal, qui les sépare d’avec les negres. Les negres sont au midi, & absolument noirs.

Les Maures sont petits, maigres & de mauvaise mine, avec de l’esprit & de la finesse. Les Negres sont grands, gros, bien faits, mais niais & sans génie.

Il y a au nord & au midi du fleuve, des hommes qu’on appelle Foules, qui semblent faire la nuance entre les Maures & les Negres. Les Foules ne sont pas tout-à-fait noirs comme les Negres, mais ils sont bien plus bruns que les Maures.

Les îles du cap Verd sont toutes peuplées de Mulatres, venus des premiers Portugais & des Negres qui s’y trouverent ; on les appelle Negres couleur de cuivre.

Les premiers Negres qu’on trouve sont sur le bord méridional du Sénégal ; on les nomme Jalofes. Ils sont tous fort noirs, bien proportionnés, d’une taille assez avantageuse, & moins durs de visage que les autres Negres. Ils ont les mêmes idées de la beauté que nous ; il leur faut de grands yeux, une petite bouche, des levres fines & un nez bien fait, mais la couleur très-noire & fort luisante. A cela près, leurs femmes sont belles, mais elles donnent cependant la préférence aux blancs.

L’odeur de ces Negres du Sénégal est moins forte que celle des autres Negres. Ils ont les cheveux noirs, crépus, & comme de la laine frisée. C’est par les cheveux & la couleur qu’ils different principalement des autres hommes.

Si le nez est épaté, si les levres sont grosses par artifice en quelques contrées, il est certain que dans d’autres ces traits sont donnés par la nature.

Les Négresses sont fort fécondes. Les Negres de Gorée & du cap Verd sont aussi bien faits & très-