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santeur avoit augmenté depuis trois dragmes jusqu’à neuf dans l’espace de 57 jours, & avoit changé la position de l’index d’une balance de 30 degrés. Un seul grain pesant de cette liqueur, après son entier accroissement, a varié si sensiblement son équilibre, que l’index d’une balance qui n’avoit qu’un pouce & demi de long, a décrit un arc de quatre lignes, qui seroit même allé jusqu’à trois pouces, si l’index eût été d’un pied, malgré la petite quantité de liqueur ; d’où cet auteur conclut qu’en employant plus de liqueur, on pourroit, au moyen d’une simple balance, avoir un hygrometre beaucoup plus exact qu’aucun de ceux qu’on a inventés jusqu’aujourd’hui. Ce même auteur donne à entendre qu’on pourroit substituer à l’huile de vitriol l’huile de soufre per campanam, l’huile de tartre par défaillance, &c.

On peut faire cette balance de deux façons, ou en mettant le stile au milieu du levier auquel le poids E est attaché, & en joignant à ce stile un index d’un pied & demi de long qui marqueroit les divisions sur une lame graduée comme dans la figure 12.

Ou bien, on peut suspendre le bassin qui contient la liqueur au bout du fleau près du stile, & faire l’autre extrémité si longue qu’elle puisse décrire un arc d’une grandeur considérable sur un ais placé pour cet effet, comme dans la fig. 13.

M. Coniers conclud d’une suite d’observations hygroscopiques, dont on peut voir la description dans les Transactions philosophiques, 1o. que le bois se resserre en été & s’enfle en hiver, mais qu’il est plus sujet à ces altérations dans le printems : 2o. que ce mouvement arrive sur-tout pendant le jour, n’y ayant presque point de variations pendant la nuit : 3o. qu’il s’y fait un changement même dans les tems secs, le bois s’enflant le matin & se resserrant après-midi : 4o. que le bois se resserre de nuit comme de jour, lorsque le vent est au nord, au nord-est & à l’est en hiver & en été. Le même auteur ajoute qu’on peut connoître par le moyen de l’hygrometre les saisons de l’année ; car il se meut beaucoup plus vîte au printems qu’en hiver ; il se resserre plus dans l’autonne qu’au printems, & il a moins de mouvement en autonne qu’en été ; mais l’auteur n’a pas sans doute prétendu donner cette regle pour sure ni pour exacte. Elle est d’ailleurs tout-à-fait inutile, puisqu’on a d’autres moyens que les hygrometres de connoître les saisons. Wolf & Chambers.

Le plus simple de tous les hygrometres se fait avec une corde de dix à douze piés que l’on tend foiblement dans une situation horisontale & dans un endroit à couvert de la pluie, quoiqu’exposé à l’air libre : on attache au milieu un fil de laiton, au bout duquel on fait pendre un petit poids qui sert d’index, & qui marque, sur une échelle divisée en pouces & en lignes, les degrés d’humidité en montant, & ceux de sécheresse en descendant. Tel est l’hygrometre que l’on voit suspendu sous une des portes du vieux Louvre, mais qui est trop vieux à présent pour être bon. Assez souvent on fait des hygrometres avec un bout de corde à boyau qu’on fixe d’un côté à quelque chose de solide, & que l’on attache par l’autre perpendiculairement à une petite traverse qui se tourne à mesure que la corde se tord ou se détord ; aux extrémités de cette petite traverse on place deux petites figures, dont l’une rentre & l’autre sort d’une petite maison qui a deux portiques, lorsque le sec ou l’humide fait tourner la corde, & l’on fait porter un petit parapluie à celle des deux figures que le mouvement de la corde fait sortir, lorsque l’humidité augmente. Les hygrometres que l’on fait de cette façon ou d’une maniere équivalente, en cachant la corde pour y mettre un air de mystere, ne sont bons que pour amuser les enfans :

& on ne doit pas s’attendre qu’ils apprennent quel est l’état actuel de l’atmosphere, par rapport à l’humidité ou à la sécheresse, parce qu’on les garde dans des appartemens fermés, & que la corde qui en est la piece principale est contenue comme dans un étui, où l’air ne se renouvelle que peu ou point. Enfin le meilleur de ces instrumens n’apprend presque rien autre chose sinon que la corde est mouillée ou qu’elle est seche. Car 1o. l’humidité qui l’a une fois pénétrée n’en sort que peu à peu, & selon l’exposition du lieu, le calme ou le vent qui y regne ; & bien souvent il arrive que l’atmosphere a déja perdu une grande partie de son humidité, avant que la corde en puisse donner aucun signe. 2o. Tout ce qu’on peut attendre d’un hygrometre à corde, c’est qu’il fasse connoître s’il y a plus ou moins d’humidité dans l’air par comparaison au jour précédent ; & l’on sait cela par tant d’autres signes, qu’il est assez inutile de faire une machine qui n’apprend rien de plus. Ce qu’il importeroit le plus de savoir, c’est de combien l’humidité ou la sécheresse augmente ou diminue d’un tems à l’autre, & de pouvoir rendre ces instrumens comparables. Mais il paroît bien difficile de pouvoir faire des hygrometres qui ayent cet avantage.

Le bois verd, humide, lorsqu’on l’emploie, le devient moins à mesure qu’on le garde dans la chambre, & par conséquent il se retire & ce retrécit naturellement. Les cordes, ayant leurs fils entrelacés les uns sur les autres, se lâchent & se détordent d’elles-mêmes ; devenant plus humides, elles se tordent davantage, mais non pas à proportion des vapeurs qu’elles reçoivent. La chose réussit assez bien les premiers mois, mais ce tems passé, il s’en faut bien qu’elle ait le même succès. La corde à boyau se racourcit trop lorsqu’elle n’est que peu humide, & s’allonge trop lorsqu’elle se trouve chargée de beaucoup de vapeurs. Le parchemin n’est pas assez épais pour rassembler long-tems l’humidité ; il se desseche aussi trop vîte, & n’a pas assez de mouvement. Quant au coton suspendu à une balance, pour faire un hygrometre, il est bien vrai qu’il devient plus pesant au commencement, mais il reste dans la suite trop pesant, & son poids dépend aussi de celui de l’air, & de la poussiere qui se trouve dans l’air. Pour ce qui est du tuyau d’épi de blé, dont on fait aussi un hygrometre, il tourne très-sensiblement, tandis qu’il est verd, mais cela ne dure pas long-tems. L’éponge que l’on trempe dans du vinaigre, où l’on a fait fondre auparavant du sel marin & du sel ammoniac, & que l’on suspend ensuite à une balance, après l’avoir pressée, reste bonne pendant quelques mois ; elle devient beaucoup plus pesante, lorsqu’elle est humide ; elle rassemble même autant d’humidité qu’il en découle ; mais elle perd par-là beaucoup de son sel qui devient volatil, de sorte que cet instrument ne reste jamais le même toute une année. On fait grand cas du cuir de brebis, trempé dans la liqueur précédente ; mais quand il fait un tems humide, ce cuir s’humecte & s’allonge trop ; & si l’humidité augmente extrèmement, le cuir se charge de tout côté d’une quantité prodigieuse d’humidité, de sorte qu’il en découle plusieurs gouttes, & qu’il s’accourcit au lieu de s’allonger, sans compter qu’il ne sauroit rester une demi-année au même état. Tous ces instrumens sont donc fautifs, & on doit prendre garde qu’ils ne jettent dans l’erreur. Mussch. Essai de Physiq. (O)

Hygrometre, (Méd.) les différens instrumens propres à mesurer les degrés de l’humidité de l’air, plus ou moins considérables, sont employés fort utilement par les médecins, qui ont le zéle aussi louable, que laborieux, de faire des recherches sur les influences de cet élement & de tout ce qui y a rap-