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le à rompre, & remplie de moëlle. Les feuilles, placées sur la tige, sont nombreuses, sans ordre, semblables à celles qui sont vers la racine, mais plus étroites, & dentelées à leur base. Des aisselles de ces feuilles s’élevent de petits rameaux garnis de folioles semblables, plus petites, portant à leur cime une, deux, ou trois fleurs composées de plusieurs fleurons en tuyau, découpées profondément vers leur sommet en cinq parties ; ces fleurons sont purpurins, fort serrés, appuyés sur un embrion, & renfermés dans un calice ; ce calice est composé d’écailles noirâtres, disposées en maniere de tuile, & garnies de poils à leurs bords. Quand les fleurs sont seches, les embryons se changent en des semences oblongues, petites, d’un noir-gris dans la maturité, chargées d’une aigrette, & nichées dans un duvet court & épais.

Cette plante est commune dans les pâturages. Elle contient beaucoup de sel alkali, fixe ou volatil, joint à une huile bitumineuse ; ses feuilles & ses fleurs sont rarement d’usage, excepté pour déterger & résoudre les ulceres. (D. J.)

JACHAL, voyez Jaccal.

JACHERE, s. f. (Agricult.) c’est une terre labourable, sur laquelle on ne seme rien pendant une année, & que cependant on cultive pour la disposer à produire du blé.

Les spéculateurs en agriculture ont beaucoup raisonné pour & contre ce repos périodique, qui de trois années paroît en faire perdre une. L’usage constant de cette méthode dans beaucoup de pays est une présomption qu’elle est appuyée sur des raisons très-fortes ; & le succès d’une culture différente dans d’autres lieux est une preuve que cette année de repos n’est pas par-tout d’une indispensable nécessité.

Il paroît difficile de se passer de l’année de jachere dans toutes les terres que la nature n’a pas douées d’une fertilité extraordinaire, ou dont on ne peut pas compenser la médiocrité par des engrais fort abondans. En général les terres qu’on fait rapporter sans interruption s’épuisent, à moins qu’on ne répare continuellement ce que la fécondité prend sur elles. L’année de repos est pour la plûpart une condition essentielle à la recolte du blé.

Pendant cette année la culture a deux objets ; d’ameublir la terre, & de détruire l’herbe. Ces deux objets sont remplis par les labours, lorsqu’ils sont distribués & faits avec intelligence. On donne aux terres trois ou quatre labours pendant l’année de jachere, mais il vaut toujours mieux en donner quatre, excepté dans les glaises, parce que la difficulté de saisir le moment favorable pour les labourer, est beaucoup plus grande.

On dit lever la jachere, lorsqu’on donne le premier labour. Il doit être peu profond, & fait, autant qu’il est possible, pendant les mois de Novembre & de Décembre. Les gelées qui surviennent ameublissent & façonnent la terre, lorsqu’elle est retournée. Ce labour d’hiver a beaucoup plus d’influence qu’on ne croit sur les recoltes.

Vers la fin d’Avril, lorsque les semailles de Mars sont finies, on donne le second labour aux jacheres, & les autres successivement, à mesure que l’herbe vient à croître. Voyez Labour. Dans les intervales de chacun de ces labours, les troupeaux paissent sur les jacheres qui leur sont très-utiles depuis le printems jusqu’au moment où la recolte des foins leur laisse les prés libres.

La terre exposée ainsi pendant un an, dans presque toutes ses parties, aux influences de l’air, acquiert une disposition à la fécondité qui est nécessaire pour assurer une récolte abondante de blé. Mais si l’on veut rendre & le repos & les labours aussi utiles

qu’ils peuvent l’être, il faut que ces labours soient toujours faits par un tems sec, & suivis, quelques jours après, d’un hersage. Sans ces deux conditions la terre n’est point suffisamment ameublie, & les herbes ne sont pas assez détruites. Dans les années pluvieuses, souvent quatre labours ne suffisent pas ; il faut les multiplier autant que les herbes qui renaissent en établissent la nécessité.

A ces préparations on joint l’engrais. C’est pendant l’année de jachere qu’on porte le fumier sur les terres. Lorsque la cour en est suffisamment fournie, on fait bien de répandre ce fumier immédiatement avant le second labour. Il se desseche moins alors, que lorsqu’il est répandu pendant les grandes chaleurs de l’été, & il est mieux mêlé avec la terre par les labours qui suivent le second.

Si une terre est dans un état habituel de bonne culture, & qu’elle ait été long-tems engraissée, on peut, sans crainte, ne pas la laisser entierement oisive pendant l’année de jachere. Alors on retourne le chaume de Mars au mois de Novembre, & on herse bien ce labour. Au mois de Mars suivant on fume bien la terre, on la laboure de nouveau, & on y seme de bonne heure des pois ou de la vesce. Dès qu’ils sont recueillis, on laboure encore pour semer le blé dont on peut se promettre une bonne recolte. Mais il est sage de ne pas toujours demander à la terre cette fécondité continue. On doit conseiller aux cultivateurs de ne traiter ainsi chaque année que la moitié de leurs jacheres, afin que leurs terres se réparent tous les six ans par un plein repos. Il y a cependant des méthodes qu’on peut tenter peut-être avec de grands succès, quoique le repos n’y entre pour rien. Telle est celle qui a été pratiquée par Patulot. Voyez l’Essai sur l’amélioration des terres.

JACHERER, v. act. (Agricult.) c’est donner à un champ le premier labour.

JACI d’Aquila, (Géog.) petite ville maritime de Sicile sur la côte orientale, entre le golphe de sainte-Thecle & Ponta Sicca, à mi-chemin de Catane à Tavormina. Long. 33. 2. lat. 37. 42. (D. J.)

JACINTE, hyacinthus, s. f. (Bot.) genre de plante à fleur liliacée, monopetale & découpée en six parties ; elles a, en quelque façon, la forme d’une cloche, & par le bas celle d’un tuyau. Le pistil sort du fond de la fleur & devient dans la suite un fruit arrondi qui a trois côtes, qui est divisé en trois loges, & qui renferme des semences quelquefois arrondies, quelquefois plates. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

JACINTHE, voyez Hyacinthe.

JACKAASHAPUCK, s. m. (Hist. nat. Botan.) c’est le nom que les sauvages de l’Amérlque septentrionale donnent à une plante qui est connue par les Botanistes sous le nom de busserole, vitis idoea, uva ursi, myrtillus ruber minor humi serpens. Il y a quelques années que cette plante étoit en vogue en Angleterre ; on la faisoit venir d’Amérique, & on en mêloit les feuilles sechées avec le tabac à fumer. Ces feuilles donnoient une odeur agréable à la fumée, & comme elles sont fort astringentes, elles empêchoient la trop grande abondance de salive que la fumée du tabac excite ordinairement. On n’a pas besoin de faire venir cette plante d’Amérique ; elle se trouve en très-grande quantité sur nos montagnes, & sur-tout sur les Pyrénées ; on en trouve aussi sur les Alpes & en Suéde. Voyez les Mémoires de l’Académie de Suéde, année 1743. On attribue à cette plante des vertus beaucoup plus intéressantes, & sur-tout celle d’être un puissant litontriptique, & de diviser la pierre très-promptement de la vessie. (—)

JACOBÉE, jacoboea, s. f. (Bot.) genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de fleu-