Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JAICZA, (Géog.) ville forte de la Turquie européenne, dans la Bosnie, dont elle est la capitale, sur la Pliva, à 20 lieues N. O. de Bagnaluck, 52 S. O. de Bude, 54 N. O. de Belgrade. Long. 35. 10. lat. 45. 5. (D. J.)

JAILLIR, verb. & JAILLISSANT, adj. (Hydr.) se dit des eaux qui s’élevent en l’air, & qui y sont poussées avec violence. Voyez Jet d’eau. (K)

JAIS ou JAYET, s. m. gagates, lapis thracius, succinum nigrum. (Hist. nat. minéral.) On nomme ainsi une substance d’un noir luisant, opaque, seche, & qui a presque la dureté d’une pierre ; elle prend un poli aussi vif qu’une agate ; elle est legere au point de nager sur l’eau ; elle brûle dans le feu, répand une fumée fort épaisse, accompagnée d’une odeur semblable à celle du charbon de terre. Le jais est une substance résineuse ou bitumineuse, qui a pris de la solidité & de la consistence dans le sein de la terre ; elle est plus legere, plus pure & moins chargée des parties terrestres, que le charbon de terre ; & quand on la brûle, elle donne moins de cendres ou de terre que lui. Il y a en Angleterre une espece de charbon fossile très-pur, qu’on nomme kennel-coal, qu’il seroit aisé de confondre avec le jais. Cependant il y a des différences réelles, attendu que le jais se trouve par masses détachées, ou par morceaux de différentes grandeurs dans le sein de la terre, au lieu que le charbon de terre se trouve par couches ; joignez à cela que le jais s’allume beaucoup plus promptement que le charbon de terre.

Le jais se trouve dans beaucoup de parties de l’Europe, telles que l’Angleterre, l’Allemagne, & sur-tout dans le duché de Wirtemberg ; il y en a aussi en France dans le Dauphiné & dans les Pyrénées. Les morceaux de jais qu’on trouve sont toujours accompagnés d’une terre argilleuse, noirâtre ; ils ont une figure qui les fait ressembler à des morceaux de bois ; & on ne peut douter que, de même que le charbon de terre, le succin & tous les bitumes, le jais ne tire son origine de bois extrèmement résineux, qui ont été enfouis dans le sein de la terre par des révolutions arrivées au globe ; la partie ligneuse s’est décomposée & a été détruite dans la terre, de maniere qu’on ne trouve plus que la partie résineuse qui, en se durcissant, a conservé la forme du bois qui lui a servi comme de moule.

Tout le monde sait qu’on fait avec le jais un grand nombre de bijoux & d’ornemens, comme des boëtes, des bracelets, des colliers, des pendants d’oreilles, & des boutons pour le deuil ; on les taille pour ces usages comme on feroit des pierres. On contrefait le jais avec du verre noir, dont on forme de petits cylindres creux que l’on coupe & que l’on enfile les uns près des autres, pour faire des ajustemens de deuil pour les femmes, & on les nomme jais artificiel. Il y en a de noir & de blanc ; ce dernier n’est appellé jais que très-improprement. (—)

JAYET, (Chimie & Matiere médicinale.) l’analyse chimique prouve clairement que le jayet est un bitume fort analogue au charbon de terre, dont il ne différe presque que par un plus grand degré de pureté, & une moindre proportion de parties terrestres. Le jayet distilé sans intermede donne d’abord un phlegme blanchâtre un peu acide, & une huile empyreumatique qui devient de plus en plus noire & épaisse. Il laisse un residu abondant très-spongieux, qui n’a pas été examiné que je sache.

Le jayet s’enflame aisément & sans le secours des soufflets ; il brûle en repandant une fumée noire & épaisse, & il ne se fond point au feu. L’esprit-devin n’en tire qu’une teinture très-legere.

Quelques anciens, tels que Dioscoride & Ætius, ont celebré dans le jayet la vertu émolliente & résolutive ; le dernier de ces auteurs dit que le vin, dans

lequel on a éteint des morceaux de jayet enflamés, guérit la cardialgie. On ne fait plus d’usage, parmi nous, que de son huile, soit noire, soit rectifiée. On la fait flairer aux femmes pendant les paroxysmes de passion hystérique, & l’odeur bien forte de cette huile les soulage en effet ; on donne aussi quelquefois intérieurement cette huile rectifiée, aussi bien que l’huile de succin, contre les vapeurs hystériques, & la supression des menstrues & des vuidanges. Il regne au sujet de ce remede une erreur populaire qui n’a pas le plus leger fondement. On pense communément que l’usage intérieur de l’huile de jayet cause infailliblement la stérilité, & que les lois défendent au médecin d’en donner à une femme sans l’aveu de son mari. (b)

JAIZI, s. m. (Hist. mod.) secrétaire ou contrôleur. En Turquie toutes les dignités ont leur chécaya & leur jaizi. Le jaizi de l’imbro-orbassi est grand écuyer sur le registre ou contrôle des écuries.

JAIHAH, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) espece de renard de la basse Ethiopie. On dit qu’il a l’odorat très-fin, & qu’il chasse de concert avec le lion qui partage avec lui sa proie.

JAKAN, (Hist. nat. Botan.) c’est une plante du Japon, à fleur-de-lis, petite, rouge & marquetée en dedans de taches couleur de sang. Une autre espece, qui se nomme siaga, croît sur les montagnes, & porte une fleur blanche, double, quelquefois d’un bleu détrempé.

JACK, s. m. (Hist. nat. Bot.) espece de fruit particulier à l’isle de Ceylan, & à qui les habitans donnent différens noms suivant ses différens degrés de maturité ; on le nomme polos lorsqu’il commence à pousser, cose lorsqu’il est encore verd, & ouaracha ou vellas lorsqu’il est parfaitement mûr. Ce fruit croît sur un grand arbre ; sa couleur est verdâtre ; il est hérissé de pointes & d’une grosseur prodigieuse ; il est rempli de graines comme la citrouille ; ce fruit est d’une grande ressource pour le peuple ; on le mange comme on fait les choux, & il en a le goût ; un seul jack suffit pour rassassier sept à huit personnes ; ses graines ou pepins ont la couleur & le goût des châtaignes ; on les fait cuire à l’eau ou sous les cendres.

JAKSHABAT, s. m. (Hist. mod.) douzieme & dernier mois de l’année des Tartares orientaux, des Egyptiens & des Cataïens. Il répond à notre mois de Novembre. On l’appelle aussi jachchaban ou mois de rosées.

JAKUSI, s. m. (Myth.) c’est le nom que les Japonois donnent au dieu de la medecine ; ils le représentent debout, la tête entourée de rayons ; il est porté sur une feuille de tarato ou de nymphæa.

JAKUTES ou YAKUTES, s. m. pl. (Géog.) nation tartare payenne de la Sibérie orientale, qui habite les bords du fleuve Lena. Elle est divisée en dix tribus d’environ trois mille hommes chacune. Dans de certains tems, ils font des sacrifices aux dieux & aux diables ; ils consistent à jetter du lait de jument dans un grand feu, & à égorger des chevaux & des brebis qu’ils mangent, en buvant de l’eau-de-vie jusqu’à perdre la raison. Ils n’ont d’autres prêtres que des schamans, especes de sorciers en qui ils ont beaucoup de foi, qui les trompent par une infinité de tours & de supercheries, par lesquels il n’y a qu’une nation aussi grossiere qui puisse être séduite. Ils sont tributaires de l’empire de Russie, & payent leur tribut en peaux de zibelines & autres pelleteries. Un usage bien étrange des Jakutes, c’est que, lorsqu’une femme est accouchée, le pere de l’enfant s’approprie l’arriere-faix & le mange avec ses amis qu’il invite à un régal si extraordinaire. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

JAKUTSK, (Géog.) ville de Sibérie sur les bords du grand fleuve de Lena qui va se jetter dans la mer