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dans le ventre de sa mere, c’est peu de trouver épuisées les mamelles qui doivent le nourrir ; pour comble de maux il y suce un lait corrompu : car le plus pur & le plus spiritueux du sang de la mere est employé à la formation & à la nutrition du fœtus ; ainsi étant obligée de donner à tetter dans cet état, son lait ne peut être que grossier & dépravé, en comparaison de celui qu’elle fourniroit si elle n’étoit point pleine. Son lait peche non-seulement par la quantité, mais encore par la qualité. Le fœtus enleve les parties butyreuses & onctueuses ; il ne reste à ce suc que les parties caséeuses & séreuses : ce lait est très-propre à produire chez le poulain des levains qui par la suite forment différens genres de maladies dont on ignore souvent la cause, & que l’on croit avoir expliquées quand on a dit que c’est un reste de gourme ou fausse gourme.

Le poulain ôté d’auprès de sa mere avec les infirmités qu’il a reçûes d’elle & de l’étalon, soit vices de conformation, de constitution, ou vices de caractere, ne peut rendre qu’un très-mauvais service ; quelquefois même il se trouve absolument hors d’état de servir. Tels sont aujourd’hui la plûpart des chevaux qui sortent de nos haras.

Il importe donc de se procurer de bons étalons & de bonnes jumens de taille & de figure égale, pour en tirer une race propre à réparer le dépérissement de l’espece.

L’accouplement disparate, c’est-à-dire d’un grand étalon & d’une petite jument, ou d’une grande jument avec un petit étalon, l’un bas du devant, & l’autre bien relevé, font souvent des poulains qui ne sont propres ni à la selle ni au carrosse.

L’on pourroit nous objecter 1°. que notre système seroit trop dispendieux & trop difficile à mettre en pratique : 2°. qu’il ne faut pas un si long tems ni un si long exercice pour s’assûrer de la bonté d’un étalon & d’une jument que l’on destine à la propagation. Mais nous croyons pouvoir répondre 1°. que la dépense qu’exigeroit notre système seroit bientôt remplie par les sommes immenses que l’on épargneroit, en trouvant dans des haras ainsi menés des poulains propres non seulement à remplir tous nos objets, mais encore à faire des étalons excellens & des jumens parfaites : 2°. qu’un cheval est comme un ami, qu’on ne peut connoître qu’aux services que nous en exigeons ; ainsi tel cheval nous paroît bon pendant plusieurs mois, qui se trouve mauvais dans la suite ; au contraire il en est d’autres qui nous paroissent ne rien valoir, & qui se bonifient par l’usage.

Un homme, quelque connoisseur qu’il se dise, peut-il faire un choix judicieux d’étalons & de jumens d’un coup-d’œil qu’il leur donne à peine en passant ? Il est d’expérience que nos célebres Ecuyers, dans le nombre prodigieux de chevaux étrangers qu’on leur amene, en trouvent à peine quelques-uns qui puissent leur convenir pour l’emploi auquel ils sont destinés : on devroit encore être bien plus circonspect dans le choix des étalons & des jumens pour peupler un haras ; puisque c’est de ce choix réfléchi & judicieux que dépendent la beauté & la bonté des poulains qui en résultent.

Nota. M. de Puismarets, Gentilhomme du Limousin, a observé, & a appris de divers Gentilshommes versés comme lui depuis très long-tems de pere en fils dans l’éducation des chevaux, qu’une jument poussive engendre des poulains qui deviennent poussifs ou lunatiques, si l’on peut nommer ainsi avec le vulgaire cette maladie des yeux. Artic. de M. Genson.

Haras ; c’est par rapport à l’Architecture, un grand lieu à la campagne composé de logemens, écuries, cour, préau, où l’on tient des jumens poulinieres avec des étalons pour peupler.

HARAUX, donner le (Art. milit.) C’est, selon M. le maréchal de Saxe, une maniere d’enlever les chevaux de la cavalerie à la pâture ou au fourrage : voici en quoi elle consiste.

« On se mêle déguisé, à cheval, parmi les fourrageurs ou pâtureurs, du côté que l’on veut fuir. On commence à tirer quelques coups : ceux qui doivent serrer la queue y répondent à l’autre extrémité de la pâture ou du fourrage ; puis on se met à courir vers l’endroit où l’on veut amener les chevaux, en criant & en tirant. Tous les chevaux se mettent à fuir de ce côté-là, couplés ou non couplés, arrachant les piquets, jettant à bas leurs cavaliers & les trousses ; & fussent-ils cent mille, on les amene ainsi plusieurs lieues en courant. On entre dans un endroit entouré de haies ou de fossés, où l’on s’arrête sans faire de bruit ; puis les chevaux se laissent prendre tranquillement. C’est un tour qui desole l’ennemi : je l’ai vû joüer une fois ; mais comme toutes les bonnes choses s’oublient, je pense que l’on n’y songe plus à-présent ». Réveries ou Mémoires sur la guerre, par M. le maréchal de Saxe.

HARBERT, Salamboria, (Géog.) ville d’Asie dans le Diarbek, proche d’Amid, sous la domination du turc, avec un archevêque arménien & un archevêque syrien. Long. 54. 21. Lat. 40. 55. (D. J.)

HARBOROUGH, (Géograph.) ville d’Angleterre dans la province de Leicester.

HARBOU CHIENS, (cri de Chasse.) Le piqueur doit se servir de ce terme pour faire chasser les chiens courans pour le loup.

HARBOURG, Harburgum, (Géog.) ville d’Allemagne dans le cercle de la basse Saxe, au duché de Lunebourg, dans l’électorat d’Hanovre avec un fort château pour sa défense. Elle est sur l’Elbe, à 6 lieues S. O. de Hambourg, 15 N. O. de Lunebourg. Long. 27. 16. lat. 53. 34. D. J.)

HARCOURT, (Géog.) bourg de France en Normandie, au diocèse de Bayeux, appellé auparavant Thury, & érigé en duché par Louis XIV. en 1700. Son nom latin est Harcontis, selon M. de Valois. Il y a un autre bourg de ce nom en Normandie, au diocèse d’Evreux, avec titre de comté ; ce dernier est à 10 lieues de Rouen. (D. J.)

HARD, subst. m. (Gantier.) nom que les Gantiers & les Peaussiers donnent à une grosse cheville de fer tournée en cercle, sur laquelle ils passent leurs peaux pour les amollir.

Harder une peau, c’est la passer sur le hard.

* HARDE, sub. fém. (Venerie.) Il se dit des bêtes fauves ou noires, lorsqu’elles sont en troupe ; une harde de cerf. Le cerf se met en harde au mois de Novembre. Le froid rassemble des animaux que la disette de la nourriture sembleroit devoir disperser. Au lieu de harde, on dit aussi herde. Le même mot a lieu en Fauconnerie, où on l’applique aux oiseaux qui vont par bande.

HARDER LES CHIENS DANS L’ORDRE, (Venerie.) c’est mettre chacun dans sa force, pour aller de meute aux relais.

Harder, c’est encore tenir cinq ou six chiens courans couplés avec une longue laisse de crin, pour donner à un relais. On harde les nouveaux chiens avec les vieux pour les dresser.

HARDERIE, subst. m. (Peinture sur le verre) espece de préparation métallique qu’on fait avec de la limaille & du soufre stratifié dans un creuset couvert, qu’il faut renverser après l’avoir tenu au feu pendant cinq à six heures. Ainsi l’harderie n’est autre chose qu’une chaux de mars obtenue par le soufre : on l’appelle aussi ferret d’Espagne. On s’en sert dans la Verrerie, dans la Peinture en émail, &c.

HARDERWIK, Harderwicum, (Géog.) ville des