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cours des siecles à diverses révolutions ; telles, quoiqu’impériales, ont été forcées de se soûmettre à leurs évêques, & telles autres ont été engagées par les empereurs ; mais aujourd’hui la plûpart ont obtenu le privilége de ne pouvoir être engagées. Plusieurs de ces villes s’étant trouvées plus foibles que les princes contre lesquels elles étoient en guerre, sont restées sous la domination des vainqueurs : telles sont Attembourg, Chemnitz, Zuickau, autrefois villes impériales ; & enfin subjuguées par Frédéric margrave de Misnie. Constance ayant refusé de recevoir l’interim, a été mise au banc de l’empire par Charles-Quint, & forcée de se soumettre ; d’autres villes impériales ont été absolument perdues pour l’empire, comme Basle, Berne, Zuric, qui aujourd’hui sont du corps de la république des Suisses. Metz, Toul, & Verdun, par la paix de Munster ; Strasbourg & autres par la paix de Riswick, ont été cédées à la France.

On partage présentement les villes impériales d’Allemagne sous deux bancs, qui sont celui du Rhin, & celui de Suabe. Voyez Impériales villes. (Géog.)

Mais il faut lire Struvii syntagma Juris publici, Jenæ 1711. in-4°. pour de plus amples instructions sur l’origine, les droits, & les priviléges des villes nommées impériales. (D. J.)

Impériale (ville) Géogr. ville immédiatement soumise à l’Empire, & à son chef. Voyez l’article Impériales (villes.) Droit public german. On compte présentement quarante-neuf villes impériales, divisées en deux bancs, qui sont ceux du Rhin & de Suabe.

Les villes du banc du Rhin, au nombre de treize, sont Cologne, Aix-la-Chapelle, Lubeck, Worms, Spire, Francfort sur le Mein, Goslar, Mulhausen, Nordhausen, Wetzlar, Gelnhausen, Dortmund & Friedberg.

Celles du banc de Suabe, au nombre de trente-six, sont Ratisbonne, Ausgbourg, Nuremberg, Ulm, Memmingen, Kaufburen, Eslingen, Rentlengen, Nortlingen, Dunckelspihel, Biberach, Aalen, Boffingen, Gihengen, Rotenbourg, Hall, Rotweil, Uberlingen, Pfullendorf, Weil, Hailbron, Buchorn, Wangen, Gemnid, Lindau, Ravensbourg, Winsheim, Wimpfen, Offembourg, Zell, Buchan, Leutkirk, Schweinfurt, Kempten, Weissembourg, & Gengenbach.

Il y a eu plusieurs autres villes impériales qui ont été démembrées, soit par cession, soit par aliénation des empereurs ; il y en avoit huit à dix dans l’Alsace seule, Strasbourg, Haguenau, Colmar, Schelstat, Landau, Keisersberg, Roshein, Turcheim, &c. conquises par Louis XIV. & sur lesquelles l’Empire a cédé son droit de souveraineté à la France.

Les villes impériales subsistantes font le troisieme collége de la diete ; mais ce collége des villes n’est presque plus aux dietes que le témoin de ce qui se passe entre les deux autres colléges, celui des électeurs & celui des princes. Il est vrai que le collége des villes a droit de connoitre de toutes les affaires qui concernent l’Empire ; mais ce droit ne consiste guere à consulter, il consiste seulement à conclure au point que ses résolutions n’ont aucune force, si elles sont différentes de celles des deux autres colléges que je viens de nommer. Le directoire de celui-ci est tenu d’ordinaire par le magistrat de la ville impériale où la diete est convoquée ; & si c’est dans une ville qui ne soit pas impériale, la premiere ville de chaque banc le fait exercer alternativement par son syndic. (D. J.)

* Impériales, s. f. pl. (Manufact. d’ourdissage.) serges fabriquées de laine fine de toison du pays de Languedoc, ou de laine d’Espagne de pareille qualité.

Elles auront quarante-trois portées & demi de

quarante fils chacune, faisant dix-sept cens quarante fils, qui seront passés dans des peignes larges de quatre pans, pour avoir quatre pans moins un pouce au sortir du métier, & trois pouces & demi au retour du foulon.

Celles du Gevaudan seront de dix-neuf portées de quatre-vingt-seize fils chacune, & passées en peignes ou rots de quatre pans moins un doigt, pour avoir en toile quatre pans moins deux doigts de large, & au retour du foulon trois pans & demi, mesure de Montpellier, ou trois quarts d’aune, mesure de Paris.

Nous avons douze cannes quatre pans de longueur en toile, pour revenir à douze cannes foulées, ou vingt aunes de Paris. Libre aux manufacturiers de doubler ou tripler cette longueur, sauf l’attention de les marquer par des montres placées à chaque douze cannes quatre pans, qu’ils seront obligés de couper avant que de les exposer en vente.

Et les ouvriers mettront à un coin du chef de chaque piece le nom du lieu, avec du fil ou coton, si la piece est en toile.

Les tondeurs payeront cinquante livres d’amende, si pliant quelque piece, ils laissent dehors le bout où sera le nom du lieu de la fabrique. Combien de sottises ! sans compter la défense de sortir ces étoffes de la province, sans avoir été visitées & marquées à Montpellier & à Nismes par les inspecteurs.

Impériale, s. f. (Menuiserie.) est le chassis d’un lit, ou le dessus de la caisse d’un carrosse.

Impériale, (Jeu.) nom d’une sorte de jeu de cartes qu’on croit, avec quelque vraissemblance, avoir été ainsi nommé, parce que ce fut un empereur qui le mit le premier en crédit. On le joue comme le piquet à deux personnes, & à trente-deux cartes, le roi, dame, valet, as, dix, neuf, huit & sept. Il y a quelques provinces où on le joue à 36 cartes, y ajoûtant les six de chaque couleur.

On convient de ce que l’on veut jouer avant de commencer, & à combien d’impériales se jouera la partie. Le nombre ordinaire des impériales, dont est composée une partie, est de cinq ; mais on peut l’augmenter & le diminuer au gré des joueurs, qui peuvent être trois si on le juge à propos, en jouant toutefois nécessairement avec trente-six cartes.

C’est un avantage pour celui qui donne ; celui qui tire la plus haute carte fait, en quoi l’impériale est différente du piquet où la plus haute carte fait battre & donner les cartes par son adversaire.

Celui qui fait commence donc à donner les cartes alternativement à soi-même ou à son adversaire deux à deux ou trois à trois, il tourne ensuite la carte qui est immédiatement derriere le talon, & cette carte s’appelle la triomphe. Voyez Triomphe.

Au jeu de l’impériale, les cartes ont toûjours la même valeur, & cette valeur est aussi la même qu’à tous les autres jeux de cartes selon l’ordre qui suit, le roi, la dame, le valet, l’as, le dix, neuf, huit, sept & six, la plus forte enlevant toûjours la plus foible.

Lorsque l’on joue à trois, il ne reste point de cartes ; & celui qui fait tourne la derniere des cartes qu’il se donne, & c’est la triomphe du coup.

Le premier à jouer assemble d’abord toutes les cartes de la même couleur comme au jeu de piquet, & fait son point de même. Si son adversaire ne le pare avec un plus haut, il compte quatre points, & en cas d’égalité, c’est le premier en cartes qui compte par droit de primauté.

S’il a quelque impériale, il doit la montrer avant que d’accuser son point, sans quoi elle ne lui vaudroit rien. Voyez Impériales.

Celui qui a dans son jeu le roi, la dame, le valet & l’as de la couleur dont il tourne, compte pour cela deux impériales. Ces impériales étalées sur