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corps d’un autre, c’est répandre les molecules de celui-ci entre les molécules du premier, ensorte qu’il y en ait par-tout également : c’est ainsi qu’un drap est imprégné de la liqueur colorante ; qu’une eau est imprégnée de sel, &c. Ainsi l’imprégnation se fait ou par le mélange, ou par l’imbibition, ou par la combinaison, ou par la dissolution, &c.

IMPRENABLE, adj. (Gram.) qui ne peut être pris, forcé. Il ne se dit guere que d’une place fortifiée. Il n’y a aucune place imprenable depuis l’invention de la poudre à canon.

IMPRESCRIPTIBLE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui ne peut être prescrit, comme le domaine du roi. Il y a des choses qui sont imprescriptibles de leur nature, de maniere qu’elles ne peuvent jamais être prescrites ; d’autres qui, quoique sujettes en général à la loi de la prescription, ne peuvent être prescrites pendant un certain tems où la prescription ne court pas. Voyez Prescription. (A)

IMPRESCRIPTIBILITÉ, s. f. (Jurisprud.) est la nature d’une chose qui la rend imprescriptible, ou non sujette à être prescrite, soit activement ou passive. Voyez Prescription. (A)

IMPRESSE, adj. (Philosop.) on dit des especes impresses, & des especes expresses. On entend par les premieres, des émanations qui se détachant des corps dont elles sont des simulacres legers, viennent frapper nos organes, & sont transmises au sensorium commune, où le principe intelligent s’en occupe & s’en forme des concepts qu’on appelle especes expresses. Les especes impresses sont materielles, les expresses sont spirituelles ; les unes & les autres sont chimériques. Voyez les articles Idées, Sensation, &c.

IMPRESSION, s. f. (Gram.) c’est en général la marque de l’action d’un corps sur un autre. Les piés des animaux s’impriment sur la terre molle. Le coin laisse son impression sur la monnoie. Les objets extérieurs font impression sur nos sens. Les impressions reçues dans la jeunesse, ressemblent aux caracteres gravés sur l’écorce des arbres ; ils croissent & se fortifient avec eux. Ce n’est point par les impressions de détail, qu’il faut juger de la bonté morale d’un ouvrage dramatique, mais par l’impression derniere qu’on en remporte. Vous avez cent fois ri du mysanthrope Alceste ; vous l’avez trouvé brutal, opiniâtre, insensé, ridicule ; mais à la fin, vous prendriez volontiers son rôle dans la société, & vous l’estimez assez pour souhaiter de lui ressembler. Le mot impression a cent autres acceptions diverses, tant simples que figurées.

Impression, s. f. c’est le produit de l’art de l’Imprimeur. La beauté d’une impression dépend de tant de circonstances différentes, qu’il est presque impossible de trouver à cet égard un seul livre également bien conditionné : il n’y a guere que du plus ou moins.

L’impression d’Hollande a dû la réputation dont elle jouissoit, à l’élégance de ses caracteres, & à la beauté de son papier. La fonderie en caracteres a surpassé ici celle de Hollande ; mais il seroit encore à desirer qu’en faisant l’œil un peu plus creux, il devînt moins sujet à se remplir d’encre, & s’écrasât moins promptement. Les caracteres anciens sont moins beaux, mais ils conservent plus long-tems l’œil net par cette raison.

Il seroit encore d’une grande utilité dans l’Imprimerie, que tous les caracteres, même chez les différens fondeurs, fussent exactement de la même hauteur ; mais par une politique qui nuit extrèmement à la qualité de l’impression, chaque fondeur a presque des hauteurs particulieres. Et quand dans la même feuille on est obligé d’employer différens carac-

teres, ce qui arrive souvent, on a le desagrément

de voir une partie noire, & l’autre blanche. Tout le talent des imprimeurs à la presse ne peut y remédier entierement.

Pour le papier, bien-loin que nos manufactures égalent celles de Hollande, il devient de plus en plus mauvais. Dans la même main de papier, il se trouve souvent des feuilles de trois épaisseurs différentes ; du blanc & du gris. Les imprimeurs trempant leur papier, & touchant leur forme suivant la qualité du papier, ne peuvent que se tromper souvent. On voit dans une édition une feuille noire, après une blanche. C’est cependant quelquefois la faute des imprimeurs.

IMPRESSIONS digitales, (Anatom.) c’est ainsi qu’on nomme quelques enfoncemens superficiels, que présente la partie de l’os frontal, qui forme la voûte orbitaire. On appelle ces enfoncemens impressions digitales, parce qu’ils ressemblent assez à ceux qu’on feroit avec l’extrémité des doigts sur une matiere molle. Ils sont formés par les circonvolutions de la substance corticale des lobes antérieurs du cerveau. Voyez Frontal os. (D. J.)

IMPRIMAGE, s. m. se dit parmi les Tireurs d’or, de l’action de l’avanceur qui passe une fois son fil dans chacun de ses prégatons, ce qui fait le premier & le second imprimage.

IMPRIMER, (Grammaire.) c’est porter l’empreinte d’un objet sur un autre.

Imprimer en lettres, c’est porter l’empreinte des lettres sur du papier, ou quelqu’autre matiere propre à la recevoir.

Imprimer en taille-douce, c’est porter l’empreinte d’une planche gravée sur des surfaces propres à la prendre ; & aussi de toutes les autres manieres d’imprimer. Voyez les articles Imprimerie en lettres, & Imprimerie en taille-douce.

Imprimer, en Architec. v. a. c’est peindre d’une ou de plusieurs couches d’une même couleur à huile ou à detrempe les ouvrages de charpenterie, de menuiserie, de serrurerie, & quelquefois les plâtres qui sont au dedans ou au dehors des bâtimens, autant pour les conserver, que pour les décorer.

On appelle toutes les peintures de bâtimens peintures d’impressions.

Imprimer, en terme de Cirier, c’est imbiber la méche d’une premiere couche de cire, pour la rendre plus facile à prendre les autres.

Imprimer, se dit en Peinture, des couches de colle & de celles de couleurs qu’on met sur les toiles, pour les rendre telles qu’elles doivent être pour y faire quelque tableau. Lorsque les toiles sont imprimées, il faut qu’elles soient bien seches avant de peindre dessus.

Imprimer se dit aussi des couches de couleurs à huile ou en détrempe qu’on donne sur les ouvrages de charpenterie, de menuiserie, & de serrurerie & de maçonnerie, soit pour les conserver ou les embellir de divers ornemens, de figures, panneaux, &c.

Imprimer se dit encore des estampes que l’on imprime.

IMPRIMERIE. s. f. (Hist. des Invent. modern.) art de tirer sur du papier l’empreinte des lettres, des caracteres mobiles, jettés en fonte, & qui servent de moule. On l’appelle autrement art typographique, & c’est un fort bon terme. Venons à la chose.

L’Imprimerie, cet art si favorable à l’avancement des Sciences, qui acquierent toûjours de la perfection à mesure que les connoissances se multiplient, fut trouvée vers le milieu du quinzieme siecle, à-peu-près dans le tems que la Gravûre fut connue, & les Romains n’avoient qu’un pas à faire pour en avoir la gloire.