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mac & sur les intestins. Or nous pensons que dans les indigestions graves prolongées, cette cause doit être soupçonnée au-moins pendant trois jours. Quant à leurs suites proprement dites, c’est-à-dire ce tems qu’il faut regarder comme une maladie secondaire ou subséquente, la circonstance d’avoir été produite ou déterminée par une indigestion, ne paroît point influer sur le caractere de cette maladie, de façon à contre-indiquer les secours ordinaires. (b)

INDIGETE, s. m. & f. (Littér.) nom que les anciens donnoient à quelques-uns de leurs dieux : sans discuter ici les différentes opinions des savans sur la signification & l’origine de ce mot, je me contenterai de dire, que le sentiment le plus vraissemblable est de ceux qui le dérivent de inde genitus, ou de in loco degens, ou bien encore de inde, & ago, pris pour dego, je vis, je demeure. En effet, on appelloit aussi ces dieux, dieux locaux, dii locales ; ou pour m’exprimer avec Servius, dieux topiques.

Les dieux Indigetes étoient communément des mortels divinisés, qui étoient censés des dieux du lieu, des protecteurs des lieux où on les faisoit dieux. Virgile joint patrii avec Indigetes, comme étant la même chose, dii patrii, Indigetes, Géorg. I. v. 498.

Les dieux auxquels les Romains donnoient le nom d’Indigetes, sont entr’autres Faune, Vesta, Enée, Romulus, ou Quirinus, tous dieux d’Italie ; à Athènes Minerve dit Servius, & Didon à Carthage. Mais parmi les dieux Indigetes, il n’y en avoit point de plus célebre & dont le culte fût plus répandu, que celui d’Hercule. La Grece, l’Italie, les Gaules, l’Espagne, l’Afrique, la Lybie, l’Egypte, & la Phénicie, lui avoient élevé des temples & des autels.

Il est vrai que l’on trouve Jupiter Indiges ; mais ce Jupiter Indigete, est Enée, & non le grand Jupiter. Le fils d’Anchise ayant perdu la vie dans un combat contre Mézence, comme son corps ne se trouva point, parce qu’on l’avoit peut-être jetté dans le fleuve Numicus, près duquel s’étoit donné la bataille, on dit que Vénus, après l’avoir purifié dans les eaux de cette riviere, l’avoit mis elle-même au rang des dieux. Sur cette tradition, on prit soin de lui élever un tombeau dans cet endroit, monument qui subsistoit encore du tems de Tite-Live ; & là, on lui offrit des sacrifices sous le nom de Jupiter Indigete. Tout cela paroît incontestable par le témoignage de Tite-Live, liv. I. ch. iij. & liv. VI. chap. xij. C’est aussi ce que confirme Servius, sur le I. liv. de l’Enéïde, v. 262, où il ajoute que dans ce sens, Indiges vient de in diis ago, je suis parmi les dieux.

Le lecteur peut consulter sur les Indigetes, leurs temples & leur culte, Pausanias & Strabon entre les anciens ; & parmi les modernes, outre Vossius, l’ouvrage de Meursius, de Græciâ feriatâ, mérite d’être lû. (D. J.)

INDIGIRKA, (Géog.) fleuve de la partie septentrionale de la Sibérie, qui a son embouchure dans la mer glaciale.

* INDIGNATION, s. f. (Gramm.) sentiment mêlé de mépris & de colere que certaines injustices inattendues excitent en nous. L’indignation approuve la vengeance, mais n’y conduit pas. La colere passe ; l’indignation plus réfléchie dure : elle nous éloigne de l’indigne. L’indignation est muette ; c’est moins par le propos que par les mouvemens qu’elle se montre. Elle ne transporte pas, elle gonfle ; il est rare qu’elle soit injuste ; nous sommes souvent indignés d’un mauvais procédé, dont nous ne sommes pas l’objet. Une ame délicate s’indigne quelquefois des obstacles qu’on lui oppose, des motifs qu’on lui croit, des rivaux qu’on lui donne, des récompenses qu’on lui promet, des éloges qu’on lui adresse, des préférences mêmes qu’on lui accorde ; en un mot,

de tout ce qui marque qu’on n’a pas d’elle l’estime qu’elle croit mériter.

* INDIGNE, adj. (Gramm.) qui ne mérite pas une chose. C’est la honte de l’Eglise d’être gouvernée par des hommes indignes du rang où ils sont élevés. Dictionnaire de Trévoux.

Il se dit aussi des actions : il y a des hommes vains qui croient qu’il est indigne d’eux de parler honnêtement à leurs domestiques.

Il est indigne de la grace qu’il me demande ; il s’est rendu indigne de mon amitié ; il a fait une action indigne d’un galant homme.

Ce qui n’est pas indigne d’un pere qui a une femme & des enfans ; d’un amant qui est sensible à la misere de celle qu’il aime ; d’un ami qui parle pour son ami, seroit quelquefois indigne d’un homme libre.

Indignes, (Jurisprud.) sont ceux qui pour avoir manqué à quelque devoir envers une personne de son vivant ou après sa mort, ont démérité à son égard, & en conséquence sont privés par la loi de sa succession ou des legs & autres droits qu’ils pouvoient avoir à répéter sur ses biens.

Ainsi le donataire qui use d’ingratitude envers son donateur, se rend indigne de la donation ; & quoiqu’en général elle soit irrévocable de sa nature, néanmoins dans ce cas, elle peut être révoquée par le donateur, mais elle ne l’est pas de plein droit.

La femme qui est convaincue d’adultere perd sa dot & toutes ses conventions matrimoniales ; le mari ne lui doit que des alimens dans un couvent.

Celle qui quitte son mari sans cause légitime, ou qui étant veuve se remarie dans l’an du deuil, ou qui vit impudiquement soit dans l’an du deuil ou depuis, ou qui se remarie à une personne indigne de sa condition, est privée, selon le Droit écrit, de tous ses gains nuptiaux.

Le conjoint survivant qui a procuré la mort du prédécédé, ou qui n’en a pas poursuivi la vengeance, est aussi privé comme indigne des avantages qu’il auroit pû prétendre en vertu de la loi, coutume, ou usage sur les biens du prédécédé.

L’héritier testamentaire ou ab intestat qui est auteur ou complice de la mort du défunt, ou qui a négligé d’en poursuivre la vengeance, se rend indigne de la succession ; la peine s’étend même jusqu’aux enfans du coupable.

Il faut néanmoins observer qu’il y a des circonstances telles que la minorité & autres, qui peuvent excuser l’héritier de n’avoir pas poursuivi la mort du défunt.

Celui qui a attenté à l’honneur du défunt, ou qui lui a fait quelque injure grave, se rend aussi indigne de sa succession.

On doit appliquer aux légataires ce qui vient d’être dit de l’héritier.

Ceux qui traitent de la succession de quelqu’un de son vivant, qui ont empêché le défunt de faire un testament, qui tiennent le testament caché, au préjudice des héritiers, sont indignes de la succession, & de toutes les libéralités que le défunt auroit pû leur faire.

Chez les Romains, ce qui étoit ôté aux indignes, appartenoit au fisc ; mais parmi nous le fisc n’en profite point ; les biens appartiennent à ceux qui les auroient eu, si la personne devenue indigne ne les eût pas recueillis.

L’indignité est différente de l’incapacité, en ce que celle-ci empêche d’acquérir ; l’autre empêche bien aussi d’acquérir, mais elle opere de plus que l’indigne ne peut conserver ce qu’il a acquis. Voyez le tit. 9. du XXXIV. liv. du Digeste, & le tit. 35. du V I. livre du code. (A)

INDIGO, autrement appellé INDE, s. m. (Botan. & Comm.) substance de couleur bleue servant