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de sa fondation, mais elle n’eut des murs & des portes qu’en 1390 ; elle est du domaine des princes d’Orange. Long. 22. 34. lat. 52. 6. (D. J.)

ISENBOURG, (Géog.) petit canton d’Allemagne dans la Wétéravie, dont le chef-lieu n’est qu’un gros bourg avec un château ; mais je me rappelle deux littérateurs du xvje siecle nés dans ce comté, Paul Léonard & François Nansius ; le premier mort en 1567 à 57 ans, a mis au jour vingt livres de mêlanges, miscellaneorum, sive emendationum, libri viginti, qui sont remplis d’une grande érudition & d’un jugement droit ; le second, mort en 1595, âgé de 70 ans, a donné des notes sur Théocrite, Hésiode & Callimaque, qui lui ont fait honneur dans son tems. (D. J.)

ISEQUEBO, (Geog.) nom d’une colonie hollandoise d’Amérique, établie sur les bords d’une riviere de même nom dans la Guiane, province de l’Amérique méridionale.

ISER, l’(Géog.) riviere considérable de l’Allemagne ; elle prend sa source aux confins du Tirol & de la Baviere, & après avoir baigné les villes de Munich & de Landshut, elle se jette dans le Danube, entre Straubing & Passau. (D. J.)

ISÈRE, (Géog.) riviere qui prend sa source dans le mont d’Isérano, aux confins du Piémont & de la Savoye, & qui après avoir traversé une grande étendue de pays, se jette dans le Rhône, à 15 lieues au-dessous de Grenoble, & à 2 lieues au-dessus de Valence. (D. J.)

ISERNIA, (Géog.) ville d’Italie au royaume de Naples, dans le comté de Molisse, avec un évêché suffragant de Capoue ; elle est au pié de l’Apennin, à 14 lieues N. E. de Capoue, 21 N. E. de Naples, 50 de Molisse. Long. 31. 55. lat. 41. 42.

C’est la patrie de Pierre Célestin, qui institua l’ordre qui porte son nom. Il fut à peine élu pape, qu’il abdiqua le pontificat, & Boniface VIII. son successeur, l’enferma au château de Fumon, où il mourut en 1296, âgé de 81 ans. Un pape le fit périr, un autre pape, Clément V, le canonisa sept ans après. (D. J.)

ISERNLOHN, (Géog.) petite ville d’Allemagne en Westphalie, au comté de la Marck, sur la riviere de Baren. Long. 25. 30. lat. 51. 48. (D. J.)

ISET, (Géog.) nom d’une province de l’empire russien, en Sibérie, arrosée par une riviere de même nom ; elle dépend du gouvernement général de Tobolsk.

ISIAQUE, s. m. (Littérat.) prêtre de la déesse Isis. On trouve les isiaques représentés vêtus de longues robes de lin, avec une besace, une clochette & une branche d’absynte marine à la main. Ils portoient quelquefois la statue d’Isis sur leurs épaules, & se servoient du sistre dans leurs cérémonies. Voyez Sistre.

Après avoir ouvert le temple de la déesse au lever du soleil, ils se prosternoient devant elle & chantoient ses louanges ; ensuite ils couroient une partie du jour pour demander l’aumône, revenoient le soir adorer de nouveau la statue d’Isis, l’accommoder, la couvrir, & refermer son temple.

Ils ne se couvroient les piés que d’écorce fine de la plante appellée papyrus ; ce qui a fait croire à plusieurs auteurs qu’ils alloient nuds piés. Ils étoient vêtus de lin, parce qu’Isis passoit pour avoir appris aux hommes à cultiver & à travailler cette plante. Ils ne mangeoient ni cochon ni mouton, se piquoient d’une grande austérité, & ne saloient jamais leurs viandes, pour être plus chastes. Ils mêloient beaucoup d’eau dans leur vin, & se rasoient très-souvent la tête ; c’est ce que nous disent Plutarque & Diodore de Sicile.

Mais l’histoire romaine nous apprend que ces

prêtres mendians de leur profession, & si vertueux en apparence, se servoient souvent du voile de la religion pour pratiquer des intrigues criminelles. Ils s’insinuoient adroitement dans les maisons la besace sur l’épaule, & sous prétexte de quêtes pour leurs besoins, ils rendoient aux dames secretement des billets, & leur donnoient des rendez-vous de la part de leurs amans.

Ils étoient d’autant plus propres à ce commerce, qu’on les en soupçonnoit le moins, & que les temples d’Isis étoient les lieux où les femmes galantes faisoient le plus volontiers leurs stations. Aussi Ovide dit aux hommes : « Ne fuyez point le temple de la génisse du Nil ; elle enseigne aux dames à faire ce qu’elle a fait pour Jupiter ».

Nec fuge Niliacæ memphitica templa juvencæ,
Multas illa facit, quod fuit ipsa Jovi.

Et ailleurs il dit au garde de sa maîtresse : « Ne vas point t’informer de tout ce qui se peut pratiquer dans le sanctuaire de l’égyptienne Isis ».

Nec tu Niligenam fieri quid possit ad Isim Quæsieris.

En un mot, les prêtres isiaques étoient très-bien assortis à ces tems de la dépravation des mœurs. On sçait l’histoire de Pauline, qui fut violée dans un des temples d’Isis par Mundus, lequel s’étoit couvert de la peau d’un lion, afin de passer plus sûrement pour être le divin Anubis. (D. J.)

ISIAQUE, table (Antiq. égypt.) monument des plus considérables que l’antiquité nous ait transmis. On imagine qu’il désigne les grandes fêtes d’Isis & d’autres divinités égyptiennes.

Quoi qu’il en soit, ce monument fut trouvé au sac de Rome en 1525. C’est une table de bronze à compartimens, qui a environ cinq piés de long sur trois de large ; elle fut portée en Italie du tems des croisades, par un seigneur de la maison de Gonzague ; ensuite elle a passé à Turin, sans qu’on sache par qui ni comment.

On m’a mandé de cette ville, que cette table représentoit en bas-relief cent choses différentes, dont les plus frappantes sont, à ce qui paroît, des divinités égyptiennes. On y voit plusieurs personnes faisant des offrandes à ces divinités, qui sont assises sur des trônes. On y remarque d’autres figures à genoux, qui semblent adorer des oiseaux, des bêtes à quatre piés & des poissons. Ces dernieres figures se trouvent dans la petite bordure qui environne les principaux compartimens. On distingue parmi les dieux, Osiris, son fils Horus, plusieurs Isis, une dans son vaisseau, une autre à tête de lion, une autre avec le circ ou cercle solaire entre deux cornets de lotus & deux feuilles de perséa, portant la mesure du Nil en main, & ayant sous son trône la canicule. On y distingue des sceptres d’Osiris, sa clé, son fouet, son bâton pastoral. Horus y paroît emmailloté, portant la girouette à tête de hupe, l’équerre & le clairon. On y trouve des signes du zodiaque, toutes sortes d’especes d’animaux, de reptiles & d’oiseaux, l’ibis, la cigogne, l’épervier, le sphinx. Enfin on y voit représenté différentes mesures du Nil, des avirons, des ancres, des canopes, des girouettes, des équerres, & quantité d’hyéroglyphes indéchiffrables : tel est le spectacles qu’offre la table isiaque, dont Kircher & Pignorius ont donné des gravures dans leurs ouvrages.

On est fort partagé sur l’antiquité de ce monument. M. Shuckford, dans son histoire du monde, la juge des premiers tems, & croit qu’il a été gravé avant que les Egyptiens adorassent des figures d’hommes ou de femmes.

M. Warburthon pense au contraire que cette table a été faite pour les personnes attachées à Rome