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du peuple, c’est encore un plus grand crime, dont il est plûtôt puni ; ainsi la plûpart des kans de cette contrée passent de la souveraineté à l’exil, & finissent leurs jours à Rhodes, qui est d’ordinaire leur prison & leur tombeau. Cependant le sang otthoman dont les kans de Crimée sont descendus, & le droit qu’ils ont à l’empire des Turcs, au défaut de la race du grand-seigneur, rendent leur famille respectable au sultan même, qui n’ose la détruire, & qui de plus est obligé de nommer à la place du kan qu’il dépossede, un autre prince qui soit du même sang.

Le kan des Tartares koubans ne reconnoît point les ordres du grand-seigneur, & s’est maintenu libre jusqu’à ce jour.

Quoique le kan des Tartares mongules de l’ouest soit sous la protection de la Chine, cette soumission n’est au fond qu’une soumission précaire, puisque loin de payer le moindre tribut à l’empereur chinois, il reçoit lui-même des présens magnifiques de la cour de Péking, & en est fort redouté ; car s’il lui prenoit jamais fantaisie de se liguer avec les Calmoucks, le monarque qui siége aujourd’hui dans l’empire de la Chine, n’auroit qu’à se tenir bien ferme sur le trone.

Les Tartares du Daghestan ne sont pas seulement indépendans de leurs voisins, à cause de leurs montagnes inaccessibles ; mais ils n’obéissent à leur propre kan, qui est élû par le chef de leur religion, qu’autant qu’il leur plaît.

Les Tartares noghais n’ont point de kan général pour leur maître, mais seulement plusieurs chefs qu’ils nomment Murses. Voyez Mursa.

Si les Tartares de la Casastchia orda ont un seul kan pour souverain, les Murses brident encore son pouvoir à leur volonté.

Enfin les Tartares circasses obéissent à divers kans particuliers de leur nation, qui sont tous sous la protection de la Russie.

Il résulte de ce détail que la dignité de kan est très-différente chez les peuples tartares, pour l’indépendance, la puissance, & l’autorité.

Le titre de kan en Perse répond à celui de gouverneur en Europe ; & nous apprenons du dictionnaire persan d’Halinti, qu’il signifie haut, éminent, & puissant seigneur. Aussi les souverains de Perse & de Turquie le mettent à la tête de tous leurs titres ; Zingis conquérant de la Tartarie, joignit le titre de kan à son nom ; c’est pour cela qu’on l’appelle Zingis-Kan. (D. J.)

KANAKO-JURI, s. m. (Hist. nat. Botan.) nom que l’on donne dans le Japon à un lis, lilium martagon majus ; c’est une fleur qui a quelque ressemblance avec un turban des Turcs ; elle panche comme la fritillaire ; elle est couleur de chair ; de son calice sortent sept étamines comme celles des lis blancs ; elle croît à la hauteur d’environ deux piés ; ses feuilles sont fermes, épaisses, & remplies de beaucoup de fibres. La racine ou la bulbe est comme composée d’écailles. Les Japonois mangent cette racine, & cultivent cette fleur dans leurs jardins, sans qu’on en fasse usage dans la Médecine. Voyez éphémérid. nat. curios. décur. II. anno viij. observ. 191. pag. 490.

KANASTER, s. m. (Commerce.) nom que l’on donne en Amérique à des paniers de jonc ou de canne, dans lesquels on met le tabac que l’on envoie en Europe : c’est-là ce qui a fait donner le nom de tabac de Kanaster, au tabac à fumer en rouleaux, qui vient d’Amérique : le plus estimé est celui qui vient de Makaribou.

KANDEL, s. m. (Botan.) arbrisseau dont Ray a fait mention. Les racines, l’écorce, les feuilles broyées ou cuites dans l’huile & le petit-lait, sou-

lagent les douleurs, & calment les flatulences.

KANELLI, s. m. (Botan.) arbre des Indes orientales. Les feuilles séchées & réduites en poudre, prises dans du lait, guérissent la diarrhée. Les bains faits de leur décoction, sont bienfaisans dans les douleurs des membres, de quelque espece qu’elles soient.

KAN-JA, s. m. (Hist. mod.) c’est une fête solemnelle qui se célebre tous les ans au Tonquin, à l’imitation de la Chine. Le bova ou roi du pays, accompagné des grands du royaume, se rend à un endroit marqué pour la cérémonie : là il forme avec une charrue plusieurs sillons, & il finit par donner un grand repas à ses courtisans. Par cet usage le souverain veut inspirer à ses sujets le soin de l’agriculture, qui est autant en honneur à la Chine & au Tonquin, qu’elle est négligée & méprisée dans des royaumes d’Europe où l’on se croit bien plus éclairé.

KANGIS, ou KENGIS, (Géog.) bourg de Bothnie, au nord de Bornéo, remarquable par des mines de fer & de cuivre. Des mathématiciens suédois ayant pris avec un astrolabe la hauteur du soleil en 1695, supputerent la hauteur du pole de Kangis, un peu plus grande que 66. 45. De leurs observations M. Cassini l’estime de 66. 42. Voyez les mémoires de l’académie des Sciences, de l’année 1700. (D. J.)

KANGUE, s. f. (Hist. mod.) supplice qui est fort en usage à la Chine, & qui consiste à mettre au col du coupable deux pieces de bois qui se joignent l’une à l’autre, au milieu desquelles est un espace vuide pour recevoir le col. Ces pieces de bois sont si larges, que le criminel ne peut voir à ses piés, ni porter les mains à sa bouche, en sorte qu’il ne peut manger, à moins que quelque personne charitable ne lui présente ses alimens. Ces pieces de bois varient pour la pesanteur ; il y en a depuis 50 jusqu’à 200 livres : c’est la volonté du juge, ou l’énormité du crime qui décide de la pesanteur de la kangue, & du tems que le criminel est obligé de la porter ; il succombe quelquefois sous le poids, & meurt faute de nourriture & de sommeil. On écrit la nature du crime, & le tems que le coupable doit porter la kangue, sur deux morceaux de papier qui sont attachés à cet instrument. Lorsque le tems est expiré, on va trouver le mandarin ou le juge, qui fait une réprimande & fait donner la bastonade au coupable, après quoi il est remis en liberté.

KANIOW, Kaniovia, (Géog.) ville de Pologne en Ukraine, au palatinat de Kiowie, sur le bord occidental du Borysthene. Elle appartient aux Cosacks, & est près du Nieper, à 25 lieues sud-est de Kiowie, 50 nord-est de Braclaw. Long. 50. 5. lat. 49. 25. (D. J.)

KANISCA, (Géog.) ou CANISA, ville de la basse-Hongrie, qui passe pour imprenable, & qui est capitale du comté de Salawar. Elle se rendit à l’empereur en 1690. Elle est sur la Drave, à 32 lieues sud-ouest d’Albe-Royale, 53 sud-est de Vienne, 42 sud-ouest de Bude. Long. 35. 12. lat. 46. 23. (D. J.)

KANNE, s. f. (Commerce.) mesure dont on se sert en Allemagne & dans les Pays-Bas, pour mesurer le vin, la bierre & les autres liqueurs. Elle varie pour la grandeur, comme la pinte en France.

KANNO, s. m. (Hist. mod. Superst.) c’est le nom sous lequel les Negres, habitans des pays intérieurs de l’Afrique, vers Sierra Léona, désignent l’être suprème. Quoiqu’ils lui attribuent la toute-puissance, l’omniscience, l’ubiquité, l’immensité, ils lui refusent l’éternité, & prétendent qu’il doit avoir un successeur qui punira les crimes & récompen-