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tête deux trous qui y suppléent, un de chaque côté. Les yeux sont aussi placés sur la face supérieure de la tête ; les nageoires sont en partie de couleur d’or, & en partie de couleur d’argent ; celles qui se trouvent au dessous des nageoires voisines des ouies, ont plus de longueur, & sont placées fort près de la bouche. Le dos a deux nageoires : la premiere est soit petite, & de couleur d’or, avec des traits de couleur d’argent : la seconde est très-longue, & terminée par cinq pointes ; il se trouve au-delà de l’anus une nageoire dorée dans toute son étendue, excepté le bord qui est noir ; le corps a peu de diametre ; la queue a une nageoire très longue, & noire sur le bord ; la couleur du dos est d’un jaune verdâtre ; les côtés ont de petites taches argentées & bleuâtres ; le ventre est blanc, large, plat, & revêtu seulement d’une peau déliée ; la chair du lacert a beaucoup de rapport à celle du goujon. On voit des lacerts à Gêne & à Rome. Voyez Rond. Hist. des poissons, liv. X. Voyez Poisson.

LACET, s. m (Art mécan.) petit cordon ferré par les deux bouts, qui sert à quelques vêtemens des femmes ou des enfans, & à d’autres usages ; il y a des lacets ronds, des lacets plats, & des lacets de fil & de soie.

Des lacets de fil. On fait avec le fil deux sortes de lacets, les uns de fil de plain, & les autres de fil d’étoupes ; le fil de plain qui provient du chanvre, qui porte le chénevi, & que néanmoins on nomme mâle, parce que c’est le chanvre le plus fort, sert à la fabrique des meilleurs lacets, & ne s’emploie jamais qu’en blanc, parce que ces lacets étant plus fins & plus chers, le débit ne s’en fait qu’aux gens aisés ; le fil d’étoupes qui est fait des matieres grossieres qui restent après que le frotteur a tiré la meilleure filasse, tant du chanvre femelle que du mâle, s’emploie pour la fabrique des lacets d’étoupes que l’on teint de différentes couleurs, parce que les gens de la campagne donnent volontiers dans tout ce qui est apparent ; mais la vraie raison est que la teinture altere beaucoup moins le fil d’étoupes que le blanchissage qui en abrege considérablement la durée. On fait cependant blanchir la sixieme partie du fil d’étoupes, pour faire un mêlange de couleurs dont il sera parlé ci-après ; on teint tout le reste, mais la moindre partie en rouge avec le bois de Bresil & l’alun, & le surplus en bleu avec le bois d’Inde & le verd de gris.

Du rouet. Le fil étant blanchi on le devide en bobines sur un rouet ordinaire, tel qu’on le voit à la Planche I. fig. 1. Ce rouet A est composé d’une roue B, de deux montans C qui la soutiennent, d’une piece de bois D qui sert d’empatement à toute la machine, & de quatre morceaux de bois qui servent de pié pour élever cette piece de bois, au bout de laquelle il y a une espece de coffre E dans lequel on met la bobine F sur laquelle on doit devider le fil. Cette bobine tourne sur son axe, par le moyen d’une broche de fer G, qui parcourt toute la longueur du coffre ; cette broche traverse les deux bouts du coffre. Voyez la bobine séparée de cette broche, Planche III. fig. 1. Cette bobine tourne sur elle-même par le moyen d’une petite poulie qui est fixée sur elle, & la corde de boyau passant sur cette poulie, la fait tourner avec la broche. A deux piés de distance se trouve un devidoir H sur lequel le fil qu’on doit devider doit être mis. Ce qui étant disposé comme on le voit à la Planche I. fig. 1. on commence par tirer de la main droite le fil du devidoir, lequel étant parvenu au rouet, on l’attache sur la bobine, l’ouvrier tourne de la main gauche la roue qui par son mouvement fait tourner la broche, & de la droite il tient toujours le fil qu’il dirige & entasse sur la bobine.

Du tri. Le fil étant devidé sur plusieurs bobines, on les met sur un tri, Planche I. fig. 2. qui est au bas du métier à lacets. Ce tri A est composé de quatre petites colonnes BBBB rangées en ligne droite, & enclavées sur le marche-pié du métier à lacets ; elles sont arrêtées dans le haut par une petite traverse qui les embrasse & leur sert de chapiteau. Ces colonnes sont hautes d’un pié & demi, & eloignées d’un demi-pié l’une de l’autre ; elles sont percées sur leur hauteur, à distance égale de quatre pouces. On passe dans ces trous des petites broches de fer dans lesquelles on fait passer des bobines, & on en met entre les colonnes le nombre dont on a besoin, ce qui ne va qu’à trois ou quatre. Voyez Planche I. fig. 2.

Du métier à lacet, Planche I. fig. 3. il est composé de deux colonnes AA d’un demi-pié d’équarissage, hautes de trois piés chacune. Elles sont soutenues par deux petites pieces de bois BB, longues de deux piés, qui sont couchées, & dans lesquelles sont enclavées les deux colonnes : elles sont éloignées l’une de l’autre de trois piés, & arrêtées dans le bas par deux planches CC, qui sont clouées de chaque côté des colonnes, sur les deux pieces de bois sur lesquelles on met deux poids pesans chacun cent livres ou environ. Voyez ces poids mis séparément, Planche I. fig. 6. AA. Ces deux colonnes soutiennent une traverse D qui est percée à distance égale de vingt-quatre trous F, sur une ligne droite, & de douze autres E rangés également sur une seconde ligne, à l’opposite des vingt-quatre premiers, où l’on place les fers à crochet. Planche III. fig. 2.

Du fer à crochet. Le fer à crochet, Planche II. fig 1. est une manivelle qui sert à tordre le lacet. A en est la poignée, B le coude, C un bouton qui appuie contre la traverse du métier, D le bout du fer à crochet qui ayant passé par la traverse, Planche III. fig. 3. est recourbé à la pointe ; c’est au bout de ce crochet qu’on attache le fil pour le tordre. Derriere cette traverse E, il s’en trouve une autre F, de même longueur, qui est attachée aux deux bouts par deux petits cordons à la premiere traverse, & qui étant percée d’autant de trous que la premiere, reçoit le bout des fers à crochet, & les fait tourner tous ensemble. On observe que cette seconde traverse n’est attachée que foiblement, afin qu’elle puisse se prêter au mouvement. Derriere ce métier est une escabelle C, Planche I. fig. 2. ou s’assied l’ouvrier.

Du chariot. Le chariot, Planche I. fig. 4. est un second métier à lacet, qui se met à l’opposite du premier. Il est composé d’un montant A, arrêté par deux goussets montés sur deux roulettes, & terminé au-dessous par une traverse B pareille à celle du premier métier, laquelle est percée de douze trous qui répondent aux douze autres trous de la seconde ligne, Planche III. fig. 4. du premier métier. Il y a derriere cette traverse, comme à celle du premier mérier, une autre double traverse C, que les Fabriquans appellent la poignée, Planche III. fig. 5. qui étant percée d’autant de trous que cette premiere traverse, reçoit les fers à crochet, comme je l’ai dit dans celle du premier métier. Cette seconde traverse du chariot sert à accélérer le mouvement des fers à crochet, en les faisant tourner en sens contraire, Planche I. fig. 7. de ceux du premier métier, & par ce moyen on parvient à accélérer du double le tortillement des lacets. On met sur ce second métier un poids A de cent livres pesant, ou environ, pour arrêter la force de l’ourdissement du lacet, qui ne doit se faire sentir qu’imperceptiblement.

Connoissant à présent la disposition du métier à lacet, & les instrumens qu’on y emploie, il faut