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Minerve, de Vulcain & de Prométhée, toutes en actions de graces de ce que la premiere de ces divinités leur avoit donné l’huile ; que Vulcain étoit l’inventeur des lampes, & que Prométhée les avoit rendues inutiles, en dérobant le feu du ciel. Le même jour de cette fête ils faisoient des sacrifices & des jeux, dont le grand spectacle servoit à voir courir des hommes un flambeau à la main pour remporter des prix.

On célébroit dans Athènes trois fois l’année cette course du flambeau ; la premiere pendant la fête des Panathénées à l’honneur de Minerve ; la seconde pendant la fête Vulcain, à l’honneur de ce même dieu ; & la troisieme à l’honneur de Prométhée, & pendant sa fête. Celle des Panathénées se faisoit au port de Pirée, & les deux autres dans le ceramique, c’est-à-dire dans le parc de l’académie.

De jeunes gens couroient successivement un certain espace de toutes leurs forces, en portant à la main un flambeau allumé. Celui entre les mains de qui le flambeau venoit à s’éteindre, le donnoit à celui qui devoit courir après lui, & ainsi des autres ; mais celui-là seul étoit victorieux qui achevoit sa carriere avec le flambeau toujours allumé. A la course des Panathénées, on jettoit les flambeaux tout allumés du haut d’une tour, & aux deux autres celui qui devoit courir, l’alloit allumer sur l’autel de Prométhée, près de la statue de l’amour consacrée par Pisistrate.

Le jour de la fête de Cérès, se nommoit par excellence dies lampadum, le jour des flambeaux, en mémoire de ceux que la déesse alluma aux flammes du mont Etna, pour aller chercher Proserpine. Tous les initiés aux mysteres de la déesse, célebroient dans l’Attique le jour des flambeaux. Phedre découvrant à sa nourrice l’amour dont elle brûle pour Hyppolite, lui dit dans Séneque, que sa passion lui fait oublier les dieux ; qu’on ne la voit plus avec les dames athéniennes agiter les flambeaux sacres autour des autels de Cérès :

Non colere donis templa votivis libet,
Non inter aras Atridûm> mixtam choris
Jactare tacitis conscias sacris faces
. (D. J.)

LAMPANT, adj. (Commerce.) c’est ainsi que l’on appelle en Provence & en Italie l’huile claire & bien purifiée.

LAMPANGUY, (Géog.) montagne de l’Amérique méridionale auprès de la Cordeliere, à 80 lieues de Valparaiso, sous le 31 degré de latitude. Frézier dit qu’on y a découvert en 1710 plusieurs mines d’or, d’argent, de fer, de plomb, de curvre & d’étain ; il ajoûte que l’or de Lampanguy est de 21 à 22 carats ; mais aucune des mines de Frezier n’a produit de grandes richesses jusqu’à ce jour. (D. J.)

LAMPAREILLES, s. f. (Manufact. en laine) petits camelots legers qui se fabriquent en Flandres. Il y en a d’unis, à fleurs & de rayés. Leur largeur est de ou & de l’aune de Paris : quant à la longueur des pieces, elle varie. Il s’en fabrique tout de laine, ou de laine mêlée d’un fil de laine en chaîne. Le terme lampareule est espagnol : nous disons nonpareilles. Les Flamands, polimites, polemits ou polemmites.

LAMPAS, s. m. (Maréchallerie.) sorte d’enflure qui arrive au palais du cheval, ainsi appellée, parce qu’on la guérit en la brulant avec une lampe ou un fer chaud.

Le lampas est une inflammation ou une tumeur au-dedans de la bouche du cheval, derriere les pinces de la mâchoire supérieure. Il vient de l’abondance excessive du sang dans ces parties, qui fait enfler le palais au niveau des pinces ; ce qui empêche le che-

val de manger, ou du moins fait tomber son manger

à demi-mâché de sa bouche.

Le lampas est une infirmité naturelle qu’il faut qu’un cheval ait tôt ou tard, mais que tout maréchal est en état de guérir.

Lampas, (Manufacture en soie.) espece de persienne qui, tous les quatre ou six coups, reçoit un coup de navette de fil d’argent, en place de la navette blanche. Il y a des lampas sans dorure : cette étoffe a cinq huitiemes de large.

LAMPASSES, s. f. pl. (Commerce.) toiles peintes qui se font aux Indes orientales, en plusieurs lieux de la côte de Coromandel. Elles ont 18 cobres de long sur deux de large, à raison de 17 pouces de roile cobre. Le commerce en est avantageux de l’Inde en l’Inde : on les porte sur-tout aux Manilles.

LAMPASSÉ, adj. en terme de Blason, se dit de la langue des lions & des autres animaux.

Daubigne de gueules, au lion d’hermine, armé, lampassé & couronné d’or ; c’est la maison de madame la marquise de Maintenon.

LAMPE, s. f. (Litterat.) en grec λύχνος, en latin lychnus, lucerna ; vaisseau propre à faire brûler de l’huile, en y joignant une meche de coton pour éclairer.

Les lampes servoient chez les anciens à trois principaux usages, indépendamment de l’usage domestique.

Elles servoient 1°. aux fêtes, aux temples & aux actes de religion ; car, quoique l’usage de la cire ne fût pas inconnu des anciens, quoiqu’ils usassent de gros flambeaux, ils n’avoient point de bougres comme nous, mais des lampes de différentes grandeurs, formes & matieres, d’où vint le proverbe latin, tempus & oleum perdidi, pour dire j’ai perdu ma peine. Dans les premiers tems de Rome, ces lampes étoient la plûpart très-simples, de terre cuite ou de bronze ; mais par l’introduction du luxe, on en fit d’airain de Corinthe, d’or, d’argent, & à plusieurs meches ; enfin l’on en disposa par étages, qu’on plaçoit sur des lustres, des candélabres à plusieurs branches, qui formoient une véritable illumination.

En second lieu l’usage de ces lampes se prodigua dans les maisons aux jours de réjouissances, de noces & de festins, qui se faisoient seulement la nuit. On ne voit, dit Virgile, dans sa description d’une brillante fête, on ne voit que lampes pendues aux lambris dorés, qui étouffent la nuit par leur lumiere.

Dependent lychni laquearibus aureis.
Incensi & noctem flammis funalia vincunt.

En troisieme lieu, l’usage des lampes s’introduisit pour les sépulchres ; l’on en mit dans les tombeaux, mais rarement enfermées dans le cercueil, & ces lampes prirent le nom de lampes sépulchrales, que quelques modernes ont prétendu brûler perpétuellement. Voyez Lampe perpétuelle. Lorsqu’on enterroit vive une vestale qui avoit enfreint son vœu de chasteté, on mettoit dans son tombeau une grande lampe qui brûloit jusqu’à ce que l’huile fût consumée.

Enfin, les Romains ainsi que les Grecs avoient des lampes de veille, c’est-à-dire des lampes particulieres qu’ils n’éteignoient jamais pendant la nuit, & qui étoient à l’usage de tous ceux de la maison. Cet établissement régnoit par un principe d’humanité, car, dit Plutarque dans ses questions romaines sur la coutume, question 75 ; il n’est pas honnête d’éteindre une lampe par avarice, mais il faut la laisser brûler, pour que chacun qui le desire puisse jouir à toute heure de sa clarté ; en effet, ajoûtoit-il, s’il étoit possible quand on va se coucher, que quelqu’un se servît alors de notre propre vûe pour ses besoins, il ne faudroit pas lui en refuser l’usage. (D. J.)

Lampe perpétuelle, ou Lampe inextinguible,