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que le feu n’y prenne par le grand frottement, & mettre tout en œuvre pour accélérer la marche du vaisseau. A cette fin on engage sous la quille de longues solives par le bout pour l’ébranler & lui donner du mouvement si le vaisseau ne part pas assez vîte. Les hommes qui tiennent les cordes de l’avant, comme on l’a dit ci-dessus, les tirent alors ou les roidissent par le moyen des cabestans, & ils hâlent celles des côtés pour retenir le vaisseau dans sa chûte, ou pour diminuer la force du choc dans l’eau, qui lui seroit préjudiciable.

Cette maniere de lancer les vaisseaux à l’eau, qui est la meilleure qu’on ait imaginé, n’est pas cependant suivie par les Portugais. Ils croient qu’il vaut mieux que le vaisseau entre dans l’eau par la poupe que par la proue. Il n’est pas aisé de découvrir sur quelles raisons ils fondent une pareille manœuvre.

Dans la nord-Hollande, pour lancer les vaisseaux à l’eau, on les fait passer sur une digue qui s’éleve en talut des deux côtés, & qui est frottée de graisse. Le vaisseau est construit sur un pont à rouleaux au bas de la digue. On amare deux cordes à l’étrave en deux endroits, & autant à la quille, & on ceintre l’arriere avec d’autres cordes. Ces cordes passent par divers vindas ou cabestans, dans chacun desquels il y a deux poulies & trois rouets dans chaque poulie. Vingt à trente hommes virent ces machines, tandis que d’autres sont attentifs à roidir les cordes de l’arriere lorsque le bâtiment vient à rouler. On le monte d’abord au haut de la digue ; & quand il y est parvenu, on le met sur la pente qui conduit à l’eau, & on le suit à-peu-près de la même façon qu’on l’a suivi pour le faire monter. Cette méthode est aussi fort bonne.

Lancer la navette, (Rubannier.) voici ce que c’est : lorsqu’un ouvrier commence un ouvrage, ou même lorsqu’il remonte sur son métier, il faut toujours que sa navette commence à lever par sa main gauche, parce que sa premiere marche est marchée du pié gauche, la main devant suivre le pié du même côté. Il y a encore une autre raison de cet usage ; si c’étoit la main droite qui partit la premiere, la navette reviendroit (au dernier coup du cours de marche) dans cette même main droite : il faudroit donc que l’ouvrier changeât sa navette de main pour pouvoir tirer un autre retour ; ce qui, outre l’embarras, feroit beaucoup perdre de tems, puisque ces retours sont toujours à sa main droite.

Lancer le cerf, (Chasse.) c’est le faire partir de la reposée comme les autres bêtes fauves.

Autrefois on ne lançoit qu’avec les limiers ; à-présent on découple les chiens de meute pour lancer le cerf.

Lancer un loup, c’est le faire partir du liteau.

Lancer un lievre, c’est le faire sortir du gîte.

Lancer une bête noire, c’est la faire partir de la bauge. Voyez nos Pl. de Chasse.

LANCEROTE ou LANCELOTE, (Géog.) île de l’Afrique ; l’une des Canaries, d’environ 12 lieues de longueur sur 7 de largeur, selon Delisle. On la met à 40 lieues françoises de la côte du continent la plus proche, au nord-est de Forteventura, dont elle est séparée par un détroit de 5 lieues de large, & comme couronnée au nord par quatre petites îles ; savoir, Sainte-Claire, Alagranca, Rocca & Graciosa. Elle fut découverte en 1417 par Jean de Bethencourt, qui la céda au roi de Castille, d’où elle est passée à l’Espagne. Long. 5. 25. lat. 28. 40. (D. J.)

LANCETTE, s. f. (Chirurgie.) c’est un petit instrument de Chirurgie, d’un acier extrèmement fin, très-pointu & à deux tranchans, qui sert principalement à ouvrir la veine.

Cet instrument est composé d’une lame & d’une

châsse ou manche. La lame est faite en pyramide, dont la pointe est très-aiguë : elle ne doit pas excéder un pouce 6 ou 7 lignes sur 4 de largeur à sa base. Le corps de la lancette, qui est d’environ sept lignes de longueur, ne coupe point sur les côtés, mais le poli, qui est long de sept à huit lignes, est très-tranchant & très-net jusqu’à la pointe. La base, qui en fait le talon, est engagée dans la châsse par le moyen d’un clou de laiton, autour duquel elle tourne pour pouvoir s’ouvrir & se nettoyer facilement. La châsse, qui est longue de deux pouces quatre à cinq lignes, est composée de deux petites lames d’écailles fort minces & polies, qui ne sont point arrêtées ensemble par leur extrémité.

On fait ordinairement de quatre sortes de lancettes ; la premiere est à grain d’orge, figure 13. Pl. I. elle est plus large vers la pointe que les autres, afin de faire une plus grande ouverture en saignant ; elle convient pour les vaisseaux gros & superficiels : cette lancette dispense de faire une élevation après la ponction ; & dans ce cas elle peut convenir aux commençans. La seconde est appellée lancette à grain d’avoine, figure 11. Pl. I. parce que sa pointe est plus allongée que celle de la précédente : elle est propre à tous les vaisseaux, principalement à ceux qui sont profonds : en la retirant on peut faire une élevation aussi grande qu’on le juge-à-propos. La figure 12. en représente une autre plus petite pour les saignées difficiles. La troisieme est en pyramide ou à langue de serpent ; elle va toujours en diminuant, & se termine par une pointe très-longue, très-fine & très-aiguë : elle ne convient qu’aux vaisseaux les plus profonds, figure 14. Pl. I. La quatrieme est nommée lancette à abscès ; elle est plus forte, plus longue & plus large que les autres ; la lame a deux pouces & demi de longueur ; sa pointe est à grain d’avoine, sans être extrêmement fine, crainte qu’elle ne se casse, fig. 10. Pl. I. On peut ouvrit les abscès superficiels & faire des scarifications avec ces quatre especes de lancettes. En Allemagne on saigne très-adroitement avec une flâme à ressort : cet instrument n’est point en usage en France. Voyez Phlebotomie. (Y)

Lancette, (Graveur en bois.) outil de graveur en bois, est un ferrement de la forme des lancettes des Chirurgiens, tranchant des deux côtés & fort aigu, qui est emmanché dans un petit bâton ; il sert aux graveurs en bois pour évider les petits points blancs qui se trouvent entre les hachures qui se croisent en cette sorte, Encyclopedie-9-p239-lancette.PNG ce qui se fait en enfonçant la lancette obliquement aux quatre faces du point blanc ; par ce moyen on enleve une petite pyramide de bois dont la base est le point blanc, & le sommet au fond du trou qu’elle fait dans la planche. Mais comme l’encre des Imprimeurs en lettre ne s’applique que sur la surface de la planche, & non dans les creux, il suit que le papier ne doit recevoir l’empreinte que des parties saillantes de la planche, & laisser du blanc vis-à-vis des creux qui y sont. Voyez nos Planches de gravure en bois.

LANCIA, (Géog. anc.) ancienne ville d’Espagne dans l’Asturie ; elle est qualifiée ville très-forte, validissima civitas, par Florus, l. IV. c. xij. (D. J.)

LANCIA OPPIDANA, (Géog. anc.) ancienne ville de Lusitanie, chez les Vettons, selon Ptolomée, l. II. c. v. Pline nomme les habitans de cette ville Lancienses. On en trouve encore un monument du siecle d’Auguste dans une inscription de Gruter, p. 199. n. 3.

Term. Aug. inter
Lanc. Oppi. & Igædit.

C’est peut être présentement la penna di Franciat (D. J.)