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lebre par l’avanture fabuleuse d’Endymion, pour qui la Lune eut de l’amour. De là vient qu’il est nommé latmius heros par Ovide, Trist. l. II. v. 299. & latmius venator, par Valerius Flaccus, l. VIII. v. 28. Le nom moderne de cette montagne est Palatchia selon M. Baudrand. (D. J.)

LATOBIUS, (Litter.) nom d’un dieu des anciens Noriques, qu’on suppose être le dieu de la santé. Quoi qu’il en soit, il n’en est parlé que dans deux inscriptions de Gruter trouvées en Carinthie ; l’une de ces inscriptions, est un vœu qu’une mere fait pour la santé de son fils & de sa fille, en ces mots : Latobio sac. pro salute Nam. Sabiniani & Julitæ Babillæ Vindona mater, V. S. L. L. M. Nous n’avons aucun autre monument qui nous instruise du dieu Latobius, & nous ignorons si ce mot est grec, latin ou sclavon. (D. J.)

LATOBRIGES les, en latin Latobrigi & Latobrici, (Géog. anc.) ancien peuple de la Gaule au voisinage des Helvétiens. Quelques critiques les ont placés à Lausane, d’autres dans le Vallais, & d’autres dans le Kletgow ; mais Nicolas Sanson les met avec plus d’apparence, près des Rauraci, peuple aux environs de Bâle, & des Tulingi, peuple du pays de Dutlingen. Dans cette supposition, il estime que les Latobrigi ne se peuvent mieux choisir que pour le Brisgaw contigu au territoire de Bâle, & à celui de Dutlingen. Sanson ajoute que son sentiment s’accorde à l’ordre de César, quand il parle des peuples auxquels les Helvétiens avoient persuadé de quitter le l’ays, & d’en chercher un plus avant dans les Gaules, & qui fût hors des courses continuelles des Germains : persuadent Rauracis, Tulingis & Latobrigis sinitimis suis, ut codem usi consilio, oppidis suis vicisque exustis, unà cum iis prosiciscantur. « Ils persuadent à ceux de Bale, de Dutlingen & de Brisgaw leurs voisins, de suivre le même conseil, & de se joindre avec eux après avoir brûlé toutes leurs villes & leurs bourgades«. (D. J.)

LATOMIES, s. f. pl. (Géog. histor.) chez les Latins latomiæ, mot qu’ils emprunterent des Grecs, pour signifier un lieu où l’on coupoit les pierres. Comme ce nom devint commun à toute, les grandes carrieres, il arriva que les anciens nommerent latomios divers endroits de l’Italie, de la Sicile, de l’Afrique, &c. En effet les latomies de Sicile étoient d’abord une carriere ; mais elles devinrent fameuses parce que les tyrans du pays en firent une prison, dans laquelle ils envoyoient ceux qui avoient le malheur de leur déplaire. Ces prisonniers y demeuroient quelquefois si long-tems, que quelques-uns s’y sont mariés. Celle que Denys tyran de Syracuse, lit creuser dans le roc, avoit un stade de long, sur deux cent pas de large. Le poéte Philoxene y fut mis par ordre de ce prince, pour n’avoir pas approuvé ses vers ; & l’on croit que ce fut-là qu’il composa sa piece sanglante, intitulée le Cyclope. Cicéron reproche à Verrès d’avoir fait enfermer dans cette même prison des citoyens romains : cet endroit s’appelle aujourd’hui le Tagliate. (D. J.)

LATONE, s. f. (Mythol.) déesse du paganisme, sur laquelle je serai très-court ; son-histoire est fort cachée, & répond à l’étymologie qu’on donne du nom de cette divinité. On sait qu’Hésiode la fait fille du Titan Coëus & de Phébé sa sœur. La Fable ajoûte qu’elle eut de Jupiter Apollon & Diane, qui lui valurent une place dans le ciel, malgré la haine de Junon. Les autres avantures de cette déesse se trouvent dans Ovide, Apollodore, Noël le Comte, & ailleurs.

Latone étoit hyperboréenne selon Diodore de Sicile ; Hérodote la fait égyptienne, & pourroit bien avoir raison : car il senible que les Grecs n’ont fait que déguiser sous le nom de Latone une histoire vé-

ritable des Egyptiens. Il est certain qu’elle avoit un

culte & un oracle très-respecté dans la ville de Buto en Egypte. Les habitans de Délos lui bâtirent un temple, mais celui qu’elle eut dans Argos l’emporta de beaucoup par la magnificence, outre que sa statue étoit l’ouvrage de Praxiteles. Les Tripolitains & les Gaulois lui rendirent aussi de grands honneurs. Elle avoit part aux jeux apollinaires, où on lui sacrifioit une génisse aux cornes dorées ; enfin Latone, Diane & Venus devinrent les trois divinités les plus vénérées chez les Romains par le beau sexe ; elles faisoient toutes trois la matiere la plus ordinaire de leurs cantiques. (D. J.)

LATONÉ, (Géog.) ville d’Egypte sur le Nil, selon Ptolomée, l. IV. c. 5. Le nom grec est Λητοῦς πόλις, c’est-à-dire la ville de Latone, parce que Latone mere d’Apollon y avoit un temple & un culte particulier. Elle étoit la capitale d’un nome qui en prenoit le nom de Latapolite, Latapalites nomos. On croit que cette ville est présentement Dérote. (D. J.)

LATONIGENE, (Mythol.) Latonigena, Ovide, Seneque ; épithere d’Apollon & de Diane, nés de Latone & de Jupiter selon la Fable. (D. J.)

LATOVICI, (Géogr. anc.) ancien peuple de la haute Pannonie. Antonin place prætorium Latovicorum sur la route d’Æmona à Sirmich ; cette position répond aux environs du confluent de la Save & de la Sane. (D. J.)

LATOWTTZ, (Géog.) ville & château du royaume de Pologne, à peu de distance de Varsovie.

LATRAN, (Théol.) originairement nom propre d’homme, de Plautius Lateranus consul désigné, que Néron fit mourir, qui a passé dans la suite à un ancien palais de Rome, que Constantin, selon Baronius, donna au pape Melchiade, & aux bâtimens que l’on a faits à sa place, sur-tout à l’église de saint Jean de Latran qui est le principal siége de la papauté. Voyez Pape.

On appelle conciles de Latran ceux qui se sont tenus à Rome dans la basilique de Latran en 1123, 1139, 1179, 1215 & 1513. Voyez Concile.

Chanoines réguliers de la congrégation de saint Sauveur de Latran, est une congrégation de chanoines réguliers dont l’église de saint Jean de Latran étoit le chef-lieu.

On prétend qu’il y a eu depuis les apôtres une succession non-interrompue de clercs vivans en commun ; & que c’est de ces clercs que les papes établirent à saint Jean de Latran après que Constantin l’eût fait bâtir. Mais ce ne fut que sous Léon I. vers le milieu du viij siecle, que les chanoines réguliers commencerent à vivre en commun. Ils posséderent cette église pendant 800 ans jusqu’à Boniface VIII. qui la leur ôta l’an 1294 pour y mettre des chanoines réguliers ; Eugene IV les y rétablit 150 ans après. Voyez le Dictionnaire de Trévoux.

LATRIE, s. f. terme de Théologie. Culte de religion qui n’appartient qu’à Dieu seul. Voyez Culte, Adoration.

Les Chrétiens adorent Dieu d’un culte de latrie ; ils honorent les saints d’un culte de dulie. On confond quelquefois les termes honorer, adorer. Voyez Saint, Relique, &c.

Cette adoration intérieure que nous rendons à Dieu en esprit & en vérité a ses marques extérieures, dont la principale est le sacrifice qui ne peut être offert qu’à Dieu seul, parce que le sacrifice est établi pour faire un aveu public & une protestation solemnelle de la souveraineté de Dieu, & de notre dépendance de lui. Voyez Sacrifice.

M. Daillé est convenu que les peres du iv siecle ont reconnu la distinction que nous faisons de latrie & de dulie. Dictionnaire de Trévoux.

LATRINE, s. f. (Littér.) latrina, a, dans Var-