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fisamment lavés, on les porte au pourrissoir. Voyez l’article Papeterie.

Lavage, (Salpêtre.) voyez Salpêtre.

LAVAGNA, (Hist. nat.) c’est une espece d’ardoise qui se tire aux environs de Gènes sur la côte de Laragna, à deux ou trois lieues de Rapallo. On couvre les maisons de cette ardoise, & on en fait du pavé. Elle est encore propre par sa grandeur & son épaisseur à des tableaux de peinture au défaut de la toile, & dans les lieux où l’on craindroit que la toile ne vînt à pourrir. On en a fait l’expérience avec succès, car il y a des tableaux peints sur cette espece d’ardoise dans l’église de saint Pierre de Rome, entr’autres un de Civoli, représentant saint Pierre qui guérit un boiteux à la porte du temple de Jérusalem. (D. J.)

Lavagna, (Géogr.) riviere d’Italie dans l’état de Gènes ; elle a sa source dans l’Appennin, & se jette dans la mer entre le bourg de Lavagna & Chiavari.

LAVAL, (Géograph.) On la nomme aujourd’hui Laval-Guyon, en latin Vallis-Guidonis ; ville de France dans le bas Maine, avec titre de comté-pairie. Elle est à 6 lieues de Mayenne, 16 N. O. du Mans ; 14 de Rennes, d’Angers & de la Fleche ; 58 S. O. de Paris. Long. 16. 45 lat. 48. 4.

Laval n’est point dépourvûe de gens de lettres nés dans son sein : ma mémoire me fournit les quatre suivans.

Bigot (Guillaume), qui fleurissoit sous François I. Ce prince, ayant oui parler de sa grande érudition, voulut lui faire du bien, mais on trouva le secret de l’en détourner par une méchanceté qui n’a que trop souvent réussi à la cour. On dit au roi que Bigot étoit un politique aristotélicien, préférant, comme ce grec, le gouvernement démocratique à la monarchie. Alors François I. se récria qu’il ne vouloit plus voir ni favoriser de ses graces un fou qui adhéroit à de pareils principes.

Rivault (David), sieur de Flurance, devint précepteur de Louis XIII. & fit entr’autres ouvrages des élémens d’artillerie, imprimés en 1608 in-8o, qui sont rares & assez curieux. Il mourut en 1616 âgé de 45 ans.

Tauvry (Daniel), de l’académie des sciences, ingénieux anatomiste, mais trop épris de l’amour des systèmes, qui lui fit adopter des erreurs pour des vérités. Il mourut en 1700 à la fleur de son âge, à 31 ans.

Paré (Ambroise) s’est immortalisé dans la Chirurgie. Il finit ses jours en 1592, & peu s’en fallut que ce ne fût 20 ans plûtôt, je veux dire dans le massacre de la S. Barthélemi ; mais Charles IX. dont il étoit le premier chirurgien, le sauva de cette boucherie, soit par reconnoissance ou pour son intérêt personnel. (D. J.)

LAVANCHES, LAVANGES ou AVALANCHES, s. m. (Hist. nat.) en latin labina, en allemand lauwinen. On se sert en Suisse de ces différens noms pour désigner des masses de neiges qui se détachent assez souvent du haut des Alpes, des Pyrénées, & des autres montagnes élevées & couvertes de neiges, qui, après s’être peu-à-peu augmentées sur la route, forment quelquefois, sur-tout lorsqu’elles sont aidées par le vent, des masses immenses, capables d’ensevelir entierement des maisons, des villages, & même des villes entieres qui se trouvent au bas de ces montagnes. Ces masses de neiges, sur-tout quand elles ont été durcies par la gelée, entraînent les maisons, les arbres, les rochers, en un mot, tout ce qui se rencontre sur leur passage. Ceux qui voyagent en hiver & dans des tems de dégel dans les gorges des Alpes, sont souvent exposés à être ensevelis sous ces lavanches ou éboulemens de neige. La moindre

chose est capable de les exciter & de les mettre en mouvement, c’est pour cela que les guides qui conduisent les voyageurs, leur imposent un silence très rigoureux lorsqu’ils passent dans de certains défilés de ces pays qui sont dominés par des montagnes presque perpétuellement couvertes de neige.

On distingue deux sortes de lavanches : celles de la premiere espece sont occasionnées par des vents impétueux ou des ouragans qui enlevent subitement les neiges des montagnes, & les répandent en si grande abondance que les voyageurs en sont étouffés & les maisons ensevelies. Les lavanches de la seconde espece se produisent lorsque les neiges amassées sur le haut des montagnes & durcies par les gelées, tombent par leur propre poids le long du penchant des montagnes, faute de pouvoir s’y soutenir plus long-tems ; alors ces masses énormes écrasent & renversent tout ce qui se rencontre sur leur chemin.

Rien n’est plus commun que ces sortes de lavanches, & l’on en a vû un grand nombre d’effets funestes. En l’année 1755, à Bergemoletto, village situé dans la vallée de Stura en Piémont, plusieurs maisons furent ensevelies sous des lavanches ; il y eut entr’autres une de ces maisons dans laquelle deux femmes & deux enfans se trouverent renfermés par la neige. Cette captivité dura depuis le 19 du mois de Mars jusqu’au 25 d’Avril, jour auquel ces malheureux furent enfin délivrés. Pendant ces trente-six jours ces pauvres gens n’eurent d’autre nourriture que quinze châtaignes, & le peu de lait que leur fournissoit une chevre qui se trouva aussi dans l’étable où la lavanche les avoit ensevelis. Un des enfans mourut mais les autres personnes eurent le bonheur de réchapper, par les soins qu’on en prit lorsqu’elles eurent été tirées de cette affreuse captivité.

On donne aussi le nom de lavanches de terre aux éboulemens des terres qui arrivent assez souvent dans ces mêmes pays de montagnes ; cela arrive surtout lorsque les terres ont été fortement détrempées par le dégel & par les pluies : ces sortes de lavanches causent aussi de très-grands ravages. Voyez Scheuchzer, hist. nat. de la Suisse, & le journal étranger du mois d’Octobre 1757. (—)

LAVANDE, lavandula, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale labiée, dont la levre supérieure est relevée arrondie & ordinairement fendue ; la levre inférieure est partagée en trois parties : il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embrions ; ils deviennent dans la suite autant de semences renfermées dans un capsule qui a été le calice de la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent à la cime des tiges & des branches, & qu’elles sont disposées en épi. Tournefort inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte dix especes de ce genre de plante, mais nous ne décrirons ici que la lavande mâle & la lavande femelle, employées indifféremment dans la Medecine & dans les Arts.

La lavande mâle, le nard commun, le spic, s’appelle en Languedoc & en Provence l’aspic, & par les Botanistes lavandula major ou latifolia.

Sa racine ligneuse, divisée en plusieurs fibres, pousse des jets ligneux de la hauteur d’une coudée & demie ou de deux coudées, garnis de plusieurs rameaux grêles, quadrangulaires, noueux : ses feuilles inférieures sont nombreuses & placées presque sans ordre ; celles qui sont plus haut sont au nombre de deux, rangées alternativement en sautoir, charnues, blanches, larges de deux lignes, quelquefois de six, longues de deux ou trois pouces, garnies d’une côte dans leur milieu d’une odeur forte & agréable, d’une saveur amere.