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mies, quelque supériorité que ces armées eussent sur les leurs ; qu’ils les ont empêché de pénétrer dans le pays, en se présentant toujours de près à leur ennemi, & cela par le choix seul des postes qu’ils ont su prendre. M. le maréchal de Créquy en a usé de même dans des campagnes difficiles contre M. le duc de Lorraine. M. le maréchal de Luxembourg, contre le sentiment duquel l’usage des lignes s’est établi en France, a toujours été persuadé que cet usage étoit pernicieux à un général qui sait la guerre ; & il n’a jamais voulu, quelque commodité qui pût en résulter, que son armée campât dans le dedans des lignes. (Q)

Ligne blanche, linea alba, (Anatomie.) est une espece de bande qui est formée du concours des tendons des muscles obliques & du transverse, & qui partage l’abdomen en deux par le milieu. Voyez Abdomen.

Elle est appellée ligne, parce qu’elle est droite, & blanche, à cause de sa couleur.

La ligne blanche reçoit un rameau de nerf de l’intercostal dans chacune de ses digitations ou dentelures, qui sont visibles à l’œil, sur-tout dans les personnes maigres.

On donne aussi ce nom à une espece de ligne qui se remarque le long de la partie moyenne & postérieure du pharinx. Voyez Pharinx.

Ligne de Marcation, (Hist. mod.) ou ligne de division, de partition, établie par les papes pour le partage des Indes entre les Portugais & les Espagnols ; l’invention de cette ligne fictice est trop plaisante pour ne la pas transcrire ici d’après l’auteur de l’Essai sur l’hist. générale.

Les Portugais dans le xv. siecle demanderent aux papes la possession de tout ce qu’ils découvriroient dans leurs navigations ; la coutume subsistoit de demander des royaumes au saint siege, depuis que Grégoire VII. s’étoit mis en possession de les donner. On croyoit par-là s’assurer contre une usurpation étrangere, & intéresser la religion à ces nouveaux établissemens. Plusieurs pontifes confirmerent donc au Portugal les droits qu’il avoit acquis, & qu’un pontife ne pouvoit lui ôter.

Lorsque les Espagnols commencerent à s’établir dans l’Amérique, le pape Alexandre VI, en 1493, divisa les deux nouveaux mondes, l’américain & l’asiatique, en deux parties. Tout ce qui étoit à l’orient des îles Açores, devoit appartenir au Portugal ; tout ce qui étoit à l’occident, fut donné par le saint siege à l’Espagne. On traça une ligne sur le globe qui marqua les limites de ces droits réciproques, & qu’on appella la ligne de marcation, ou la ligne alexandrine ; mais le voyage de Magellan dérangea cette ligne. Les îles Marianes, les Philippines, les Molucques, se trouvoient à l’orient des découvertes portugaises. Il falut donc tracer une autre ligne, qu’on nomme la ligne de démarcation ; il n’en coûtoit rien à la cour de Rome de marquer & de démarquer.

Toutes ces lignes furent encore dérangées, lorsque les Portugais aborderent au Brésil. Elles ne furent pas plus respectées par les Hollandois qui débarquerent aux Indes orientales, par les François & par les Anglois qui s’établirent ensuite dans l’Amérique septentrionale. Il est vrai qu’ils n’ont fait que glaner après les riches moissons des Espagnols ; mais enfin ils y ont eu des établissemens considérables, & ils en ont encore aujourd’hui.

Le funeste effet de toutes ces découvertes & de ces transplantations, a été que nos nations commerçantes se sont fait la guerre en Amérique & en Asie, toutes les fois qu’elles se la sont faites en Europe ; & elles ont réciproquement détruit leurs colonies naissantes. Les premiers voyages ont eu pour objet d’unir toutes les nations. Les derniers ont été entre-

pris pour nous détruire au bout du monde ; & si l’esprit

qui regne dans les conseils des puissances maritimes continue, il n’est pas douteux qu’on doit parvenir au succès de ce projet, dont les peuples de l’Europe payeront la triste dépense. (D. J.)

Ligne, (Jurisprud.) se prend pour un certain ordre, dans lequel des personnes se trouvent disposées de suite, relativement à la parenté ou affinité qui est entre elles. On distingue plusieurs sortes de lignes.

Ligne ascendante, est celle qui comprend les ascendans, soit en directe, comme le fils, le pere, l’ayeul, bisayeul, & toujours en remontant ; ou en collatérale, comme le neveu, l’oncle le grand-oncle, &c.

Ligne collaterale, est celle qui comprend les parens, lesquels ne descendent pas les uns des autres, mais qui sont joints à latere, comme les freres & sœurs, les cousins & cousines, les oncles, neveux & nieces ; & la ligne collatérale est ascendante ou descendante. Voyez Ligne ascendante, & Ligne descendante.

Ligne defaillante ou eteinte, est lorsqu’il ne se trouve plus de parens de la ligne dont procede un héritage.

Dans ce cas les coutumes de Bourbonnois, Anjou, Maine & Normandie, font succéder le seigneur à l’exclusion des parens d’une autre ligne. Mais la coutume de Paris, art. 30, & la plûpart des autres coutumes font succéder une ligne au défaut de l’autre par préférence au seigneur.

Ligne descendante, est celle où l’on considere les parens en descendant, comme en directe le pere, le fils, le petit-fils, &c. & en collatérale, l’oncle, le neveu, le petit-neveu, &c.

Ligne directe, est celle qui comprend les parens ou alliés qui sont joints ensemble en droite ligne, & qui descendent les uns des autres, comme le trisayeul, le bisayeul, l’ayeul, le pere, le fils, le petit-fils, &c.

La ligne directe, est ascendante ou descendante ; c’est-à-dire, qu’on considere la ligne directe en remontant ou descendant ; en remontant, c’est le fils, le pere, l’ayeul ; en descendant, c’est tout le contraire, l’ayoul, le pere, le fils, &c.

Ligne égale, c’est lorsque deux parens collatéraux sont éloignés chacun d’un même nombre de degrés de la souche commune. Voyez Ligne inégale.

Ligne éteinte, Voyez Ligne défaillante.

Ligne franche, dans la coutume de Sens, art. 30, s’entend de la ligne de celui des conjoints qui étoit légitime.

Ligne inégale, c’est lorsque des deux parens collatéraux l’un est plus éloigné que l’autre de la souche commune, comme l’oncle & le neveu, le cousin-germain & le cousin issu de germain.

Ligne maternelle, est le côté des parens maternels.

Ligne paternelle, est le côté de parens paternels.

Ligne transversale, est la même chose que ligne collatérale.

Ligne, (Marine), mettre en ligne. C’est la disposition d’une armée navale sur la même ligne le jour du combat. L’avant-garde, le corps de bataille & l’arriere-garde se mettent sur une seule ligne pour faire face à l’ennemi, & ne point s’embarrasser les uns des autres pour envoyer leurs bordées.

Lorsqu’il s’agit d’évolutions navales, on dit garder sa ligne, venir à sa ligne, marcher en ligne, &c.

Ligne, (Marine), vaisseau de ligne, se dit d’un vaisseau de guerre, assez fort pour se mettre en ligne un jour de combat.