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L’arbre qui donne la résine ambrée, s’appelle liquidambari arbor, sive styracifera, aceris folio, fructæ tribuloïde, id est, pericarpio orbiculari, ex plurimis apicibus coagmentato, semen recondens, dans Pluk. Phyt. fab. 42. Xochiocotzo Quahuitt, seu arbor liquidambari indici, Hernand 56. Styrax aceris folio, Raii, hist. 2. 1848. Arbor virginiana, aceris folio, vel potiùs platanus virginiana, styracem fundens, Breyn. Prod. 2. 1799. Acer virginianum, odoratum, Herm. Catal. Hort. Lugd. Batav. 641.

C’est un arbre fort ample, beau, grand, branchu, & touffu ; ses racines s’étendent de tous côtés ; son tronc est droit ; son écorce est en partie roussâtre, en partie verte, & odorante ; ses feuilles sont semblables à celles de l’érable, partagées au-moins en trois pointes blanchâtres d’un côté, d’un verd un peu foncé de l’autre, dentelées à leur circonférence, & larges de trois pouces ; ses fleurs viennent en bouquets ; ses fruits sont sphériques, épineux comme ceux du plane, composés de plusieurs capsules jaunâtres, saillantes, & terminées en pointe : dans ces capsules sont renfermées des graines oblongues, & arrondies.

Il découle de l’écorce de cet arbre, soit naturellement, soit par l’incision que l’on y fait, le suc résineux, odorant, & pénétrant, qu’on nomme liquidambar. On séparoit autrefois de ce même suc récent, & mis dans un lieu convenable, une liqueur qui s’appelloit huile de liquidambar. Quelques-uns coupoient par petits morceaux les rameaux & l’écorce de cet arbre, dont ils retiroient une huile qui nageoit sur l’eau, & qu’ils vendoient pour le vrai liquidambar. On mettoit aussi l’écorce de cet arbre coupée par petits morceaux avec la résine, pour lui conserver une odeur plus douce & plus durable dans les fumigations. Enfin, on consumoit autrefois beaucoup de liquidambar, pour donner une bonne odeur aux peaux & aux gants.

Mais présentement à peine connoissons-nous de nom ce parfum ; nous sommes devenus si délicats, que toutes les odeurs nous font mal à la tête, & causent aux dames des affections hystériques. On ne trouveroit peut-être pas une once de vrai liquidambar dans Paris. (D. J.)

LIQUIDATION, s. f. (Jurisprud. & Com.) est la fixation qui se fait à une certaine somme ou quantité d’une chose dont la valeur ou la quantité n’étoit pas déterminée. Par exemple, lorsqu’il est dû plusieurs années de cens & rentes en grain ou en argent, on en fait la liquidation en fixant la quantité de grain qui est dûe, ou en les évaluant à une certaine somme d’argent.

La liquidation des fruits naturels dont la restitution est ordonnée, se fait sur les mercuriales ou registres des gros fruits. Voyez Fruits & Mercuriales. Voyez aussi Liquide & Liquider. (A)

LIQUIDE, adj. f. (Gram.) on appelle articulations & consonnes liquides, les deux linguales l & r. Voyez Linguales.

Liquide, adj. pris subst. (Phys.) corps qui a les propriétés de la fluidité, & outre cela la qualité particuliere d’humecter ou mouiller les autres corps qui y sont plongés. Cette qualité lui vient de certaine configuration de ses parties qui le rend propre à adhérer facilement à la surface des corps qui lui sont contigus. Voyez Fluide, Humide, & Fluidité.

M. Mariotte au commencement de son traité du mouvement des eaux, donne une idée un peu différente du corps liquide. Selon lui liquide, est ce qui étant en quantité suffisante, coule & s’étend au-dessous de l’air, jusqu’à ce que sa surface se soit mise de niveau ; & comme l’air & la flamme n’ont pas cette propriété, M. Mariotte ajoute que ce ne sont

point des corps liquides, mais des corps fluides. Au lieu que l’eau, le mercure, l’huile, & les autres liqueurs, sont des corps fluides & liquides. Tout liquide est fluide, mais tout fluide n’est pas liquide ; la liquidité est une espece de fluidité.

Les liquides, selon plusieurs physiciens, sont dans un mouvement continuel. Le mouvement de leurs parties n’est pas visible, parce que ces parties sont trop petites pour être apperçues ; mais il n’est pas moins réel. Entre plusieurs effets qui le prouvent, selon ces philosophes, un des principaux est la dissolution & la corruption des corps durs causée par les liquides. On ne voit, par exemple, aucun mouvement dans de l’eau-forte qu’on a laissé reposer dans un verre ; cependant si l’on y plonge une piece de cuivre, il se fera d’abord une effervescence dans la liqueur : le cuivre sera rongé visiblement tout-autour de sa surface, & enfin il disparoîtra en laissant l’eau-forte chargée par-tout & uniformément de ses parties devenues imperceptibles, & teintes d’un bleu tirant sur le verd de mer. Ce que les eaux fortes font à l’égard des métaux, d’autres liquides le font à l’égard d’autres matieres ; chacun d’eux est dissolvant par rapport à certains corps, & plus ou moins, selon la figure, l’agitation, & la subtilité de ses parties. Or il est clair que la dissolution suppose le mouvement, ou n’est autre chose que l’effet du mouvement. Ce n’est pas le cuivre qui se dissout de lui-même ; il ne donne pas aussi à la liqueur l’agitation qu’il n’a pas ; le repos de ses parties, & le repos des parties du liquide joints ensemble, ne produiront pas un mouvement. Il faut donc que les parties du liquide soient véritablement agitées, & qu’elles se meuvent en tous sens, puisqu’elles dissolvent de tous côtés & en tous sens des corps sur lesquels elles agissent. Quoiqu’il y ait des corps tels que la flamme, dont les parties sont extrèmement agitées de bas en haut, ou du centre vers la circonférence par un mouvement de vibration ou de ressort, ils ne sauroient néanmoins être appellés liquides, & ce ne sont que des fluides, parce que le mouvement en tous sens, le poids, & peut-être d’autres circonstances qui pourroient déterminer leurs surfaces au niveau, leur manquent.

Un liquide se change en fluide par l’amas de ses parcelles lorsqu’elles se détachent de la masse totale, comme on voit qu’il arrive à l’eau qui se résout en vapeurs : car les brouillards & les nuages sont des corps ou des amas fluides, quoique formés de l’assemblage de parcelles liquides ; de même un fluide proprement dit, peut devenir liquide, si l’on insere dans les intervalles des parties qui le composent, quelque matiere qui les agite en tous sens, & les détermine à se ranger de niveau vers la surface supérieure.

Les parties intégrantes des liquides sont solides, mais plus ou moins, disent les Cartésiens, selon que la matiere subtile les comprime davantage, ou par la liberté & la vîtesse avec laquelle elle se meut entre elles, ou par la quantité & la qualité des surfaces qui joignent entre eux les élémens ou parties encore plus petites, qui composent les premieres. Ces parties intégrantes sont comme environnées de toute part de la matiere subtile ; elles y nagent, y glissent, & suivent en tous sens les mouvemens qu’elle leur imprime, soit que le liquide se trouve dans l’air, soit qu’il se trouve dans la machine pneumatique. C’est le plus ou le moins de cette matiere enfermée dans un liquide, selon qu’elle a plus ou moins d’agitation & de ressort, qui fait principalement, selon ces philosophes, le plus ou le moins de liquidité : mais le plus ou le moins d’agitation de cette matiere dépend de la grosseur, de la figure, de la nature des surfaces planes ou convexes, ou con-