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Pour multiplier les juliennes de plant enraciné, il faut prendre un pié de deux ans qui ait fait touffe ; on en éclate les tiges, de telle maniere que chaque brin a des racines ; on les replante, on les arrose aussi-tôt : on les laisse reprendre, & on leur donne une culture convenable. Voyez Morin, culture des fleurs. (D. J.)

JULIERS, (Géog.) en allemand Julich, ville d’Allemagne, capitale du duché de même nom, avec une bonne citadelle, dont les murs épais sont bâtis sur pilotis ; Juliers est ancienne, car l’itinéraire d’Antonin en parle sous le nom de Juliacum ; elle étoit au pays des Ripuaires. Ammien Marcellin, lib. XVII. cap. ij. la désigne entre Cologne & Rheims, elle est sur la Roër à 6 de nos lieues N. E. d’Aix-la-Chapelle, 7 O. de Cologne, 11. N. E. de Mastricht. Long. 24. 10. lat. 50. 55. (D. J.)

Juliers, le duché de, (Géog.) petit pays d’Allemagne dans la Westphalie avec titre de duché, borne N. par la Gueldre, E. par l’archevêché de Cologne, S. par les pays d’Eiffel & de Luxembourg, O. par le pays d’entre-Meuse. Les principales villes sont Juliers capitale, Duren & Aix la-Chapelle ; ce pays est à l’Electeur palatin. (D. J.)

JULIOBONA, (Géog. anc.) ancienne ville de la Gaule lyonnoise, dans le pays des Caletes (de Caux) selon Ptolomée. On a cru trouver cette ville dans l’Islebonne, dans Dieppe, dans Troyes, dans Angers, dans Bayeux, &c. enfin on s’est inutilement cassé la tête à la rechercher, elle n’est point encore découverte. (D. J.)

JULIS s. m. (Ichtyolog.) ou ἰουλὶς, julia en latin par Gaza, & par les Génois girella ; petit poisson qu’on prend principalement sur la côte de Gènes & d’Antibes, & qu’on vend dans les marchés à cause de sa délicatesse. Il vit en troupes, comme le remarque Aristote, & est poisson de rocher, comme le dit Galien.

Sa grandeur est de la longueur, & un peu plus de la largeur du pouce. Il est couvert de petites écailles variées, brillantes & fortement adhérentes à la chair. Le long des côtés regne une ligne blanche, & au-dessous une autre saffrannée ; son ventre est d’un blanc de perle ; ses yeux sont ronds & petits ; son iris est rouge ; le trou des excrémens est placé au milieu du corps ; sa bouche est petite, armée de dents fortes & aiguës ; ses levres sont épaisses & charnues ; sa nageoire du dos s’étend jusqu’à la queue, qui est non fourchue.

Les mâles sont peints des plus brillantes couleurs, vertes sur le dos, tachetées de jaune & de rouge sur la tête, bordées de raies dorées sur les côtés, & mouchetées de rouge & de bleu sur la nageoire du dos, ainsi que sur la queue.

Elien assure que ce poisson a les dents venimeuses. Il eût rencontré plus juste s’il eût dit avec Athénée, qu’il est friand de chair humaine, car il persécute les nageurs, les plongeurs, coure sur eux à grande troupe, & vient mordre les jambes nues à ceux qui sont dans l’eau. Rondelet, liv. VI, ch. vij. Aldrovand, liv. I. chap. vij. Gesner de Piscibus ; pag. 549. (D. J.)

Julis, (Géog. anc.) ville de l’isle de Céos, dont Ptolomée, Suidas & Valere-Maxime ont fait mention. Cette ville, située sur une montagne à trois milles de la mer, a été la patrie de Bacchylide, fameux poëte grec, qui fleurissoit vers l’an du monde 3552, propre neveu de Simonide, qui étoit de la même isle, & vraissemblablement de la même ville. Il nous reste quelques fragmens des poésies de Simonide, qui ont été recueillies par Fulvius Ursinus. Le sophiste Prodicus, le medecin Erasistrate, & un philosophe nommé Ariston, étoient aussi natifs de Julis.

Mais nous ne pouvons taire un fait bien singu-

lier que rapporte Valere-Maxime, liv. II, chap. vj. num. 7. Il raconte qu’allant en Asie avec Sextus

Pompée, & passant par Julis, il assista aux dernieres heures d’une dame de cette ville, âgée de plus de 90 ans. Elle avoit déclaré aux magistrats les raisons qui la portoient à renoncer à la lumiere, & ils les avoient approuvées. Comme elle crut que la présence de Pompée donneroit un grand éclat à cette cérémonie, elle le fit supplier de vouloir bien y assister. Il lui accorda cette faveur, dans l’espérance de l’engager, par son esprit & par ses instantes prieres, à changer de résolution ; mais ce fut inutilement.

Elle le remercia de ses bontés, & chargea envers lui de sa reconnoissance, non-pas tant les dieux qu’elle alloit joindre, que ceux qu’elle alloit quitter. Tibi quidem, inquit, Sexte Pompei, dii magis quos relinquo, quàm quos peto, gratias referant, quia nec hortator vita mea, nec mortis spectator esse, fastidisti.

En même tems elle lui déclara qu’ayant toujours été favorisée de la fortune, elle ne vouloit point s’exposer à ses revers. Ensuite ayant exhorté à la concorde deux filles & sept petits-fils qu’elle laissoit, elle prit d’une main ferme la coupe qui contenoit le poison. Alors après s’être recommandée à Mercure, pour l’heureux succès de son passage, elle but avidement la mortelle liqueur. Poculum in quo venenum temperatum erat, constanti dextrâ arripuit : Tum defusis Mercurio delibamentis, & invocato numine ejus, ut se placido itinere in meliorem sedis inferna deduceret partem, cupido haustu mortiferam traxit potionem.

Ce récit intéressant sur un citoyenne de Julis, nous apprend encore une particularité qu’on ne trouve point ailleurs, je veux dire la maniere dont on se recommandoit aux dieux à l’article de la mort : nous ne lisons nulle part qu’on leur demandât pardon de ses péchés. (D. J.)

JUMART, s. m. (Maréch.) animal monstrueux, engendré d’un taureau & d’une jument, ou d’une ânesse, ou bien d’une âne & d’une vache. Cet animal n’engendre point, & porte des fardeaux très-pesans.

JUMALA, (Mythol.) c’est la divinité suprème des Lapons ; elle est placée sur un autel, avec une couronne sur la tête & une chaîne d’or au col. Les Lapons la regardent comme la souveraine de la nature.

JUMEAUX, freres, (Physiol.) terme relatif qui se dit de deux enfans mâles qu’une mere a portés en même tems dans son sein.

La naissance de deux freres jumeaux a fait naître dans la société civile une question insoluble en elle-même, j’entends celle du droit d’aînesse. On peut bien décider par la loi (parce qu’il faut une décision vraie ou fausse), que le premier qui vient au monde, sera regardé comme étant l’aîné ; mais ce qui se passe dans les entrailles de la mere lors de la conception & du terme de l’accouchement, est un secret tellement impénétrable aux yeux des hommes, qu’il leur est impossible de dissiper le doute par les lumieres de la Physiologie.

De-là vient que quelques-uns de nos jurisconsultes qui ont traité des successions, aiment mieux s’en tenir au sort ou au partage égal des biens de patrimoine entre freres jumeaux, qu’aux arrêts d’une faculté de medecine. Pour moi j’approuve fort le partage égal à l’égard des particuliers, mais quand il s’agira d’un royaume, ces deux moyens de décision ne seront pas suivis : les royaumes ne se partagent pas aisément ; il y en a même, comme celui de France, où l’on n’admettroit pas le partage. Quant au sort, on obligeroit difficilement les concurrens à soumettre leurs droits à l’incertitude de cet arrêt. Un célebre espagnol offre ici l’élection faite par les états assemblés, mais vraissemblablement cette idée ne se-