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che, au nord par la Normandie, au couchant par l’Anjou & la Bretagne, au midi par la Touraine & le Vendomois. Sa longueur du levant au couchant est de 35 lieues ; sa largeur du midi au nord de 20 ou environ, & son circuit de 90.

Le nom du Maine, aussi bien que celui du Mans sa capitale, vient des peuples celtiques, Cenomani, nommés aussi Aulerci, nom qui leur étoit commun avec quelques autres peuples d’entre les Celtes.

Les Francs se rendirent maîtres de ce pays, peu après leur arrivée dans les Gaules : il fut souvent désolé sous la seconde race par les Normands ; & dans le x. siecle, sous le regne de Louis d’Outremer, il vint au pouvoir du comte Hugues, qui laissa ce comté héréditaire à sa postérité.

Philippe Auguste conquit le Maine sur Jean-sans-Terre ; S. Louis le donna en partage avec l’Anjou, à son frere Charles, qui fut depuis roi de Sicile, & comte de Provence ; enfin, il échut par succession à Louis XI. & depuis lors, le Maine est demeuré uni à la couronne.

C’est une bonne province, où l’on trouve des terres labourables, des côteaux ornés de quelques vignobles, de jolies collines, des prairies, des forêts, & des étangs. Ses principales rivieres sont la Mayenne, l’Huisne, la Sarte, & le Loir.

Il y a dans le Maine des mines de fer, deux carrieres de marbre, & plusieurs verreries. Laval a une ancienne manufacture de toiles fines & blanchies.

Cette province se divise en haut & bas Maine ; elle a sa coûtume particuliere, & est du ressort du parlement de Paris.

Entre les gens de lettres qu’elle a produits, c’est assez de nommer ici Belon, de la Chambre, la Croix du Maine, Lami, Mersenne, & Poupart.

Belon (Pierre), a publié les observations qu’il avoit faites dans ses courses en Grece, en Egypte, en Arabie, &c. & d’autres écrits sur l’histoire naturelle, qui sont rares aujourd’hui. Il fut tué près de Paris par un de ses ennemis, à l’âge d’environ 46 ans.

M. de la Chambre, (Marin Cureau), l’un des premiers des 40 de l’académie françoise, & ensuite de l’académie des Sciences, se fit beaucoup de réputation par des ouvrages qu’on ne lit plus. Il décéda en 1669, à 75 ans.

La Croix du Maine, (François Gradé de) est uniquement connu par sa bibliotheque françoise, qu’il mit au jour en 1584. Il fut assassiné à Tours en 1592 à la fleur de son âge.

Lami (Bernard) de l’Oratoire, savant en plus d’un genre, composa ses élémens de mathématiques, dans un voyage qu’il fit à pié de Grenoble à Paris. Il est mort en 1715, à 70 ans.

Mersenne (Marie) minime, ami de Descartes, philosophe doux & tranquille, fut un des savans hommes en plus d’un genre du xvij. siecle ; il préféra l’étude & les connoissances à toute autre chose ; ses questions sur la Genèse, & ses traités de l’harmonie & des sons, sont de beaux ouvrages. Il mourut séxagénaire en 1648. Le P. Hilarion de Coste a donné sa vie.

Poupart (François), de l’académie des Sciences, où il a donné quelques mémoires, cultiva beaucoup l’histoire naturelle, qui est peut-être la seule physique à notre portée. Il vécut pauvre, & mourut tel, ayant toûjours mieux aimé étudier, que de chercher à se procurer les commodités de la vie.

Maine le, ou la Mayenne, en latin Meduana, (Géog.) riviere de France ; elle a sa source à Limieres, aux confins du Maine & de la Normandie, parcourt la seule généralité de Tours, & se jette dans la Loire, à deux lieues au-dessous du pont de Cé

en Anjou. Il seroit aisé de rendre cette riviere navigable jusqu’à Mayenne ; & ce seroit une chose très-utile, non-seulement pour tout le pays, mais encore pour les provinces de Normandie & de Bretagne.

MAINLAND, Minlandia, (Géog.) île au nord de l’Ecosse, entre celles de Schetland. Elle a environ 20 lieues de long sur cinq de large ; elle est fertile, & bien peuplée sur les côtes. Ses lieux les plus considérables sont Lerwich & Scallowai : cette île est à la couronne britannique. (D. J.)

MAINOTES, (Hist. mod.) peuples de la Morée ; ce sont les descendans des anciens Lacédémoniens, & ils conservent encore aujourd’hui l’esprit de bravoure qui donnoit à leurs ancêtres la supériorité sur les autres Grecs. Ils ne sont guere que 10 à 12 mille hommes, qui ont constamment résisté aux Turcs, & n’ont point encore été réduits à leur payer tribut. Le canton qu’ils habitent est défendu par les montagnes qui l’environnent. Voyez Cantemir, histoire ottomane.

MAINTENIR, v. act. (Gramm.) c’est en général appuyer, & défendre ; il a ce sens au simple & au figuré ; on maintient la vérité de son sentiment ; on se maintient dans sa religion ; les anciens bâtimens se sont maintenus en tout ou en partie contre le tems.

Maintenir & garder le change, (Vénerie.) il se dit des chiens, lorsqu’ils chassent toûjours la bête qui leur a été donnée, & la maintiennent dans le change.

Maintenir son cheval au galop, (Manege.) c’est la même chose qu’entretenir. Voyez Entretenir.

MAINTENON, (Géog.) gros bourg de France dans la Beauce, sur la riviere d’Eure, à quatre lieues de Chartres. Il y a une collégiale & un château : ce fut près de ce bourg, que Louis XIV. entreprit en 1684, de conduire une partie des eaux de la riviere d’Eure à Versailles. Les travaux furent abandonnés en 1688, & sont restés inutiles. En 1679, le même prince érigea la terre de Maintenon en marquisat, & en fit présent à Françoise d’Aubigné, qui prit le titre de marquise de Maintenon, sous lequel elle devint si célebre par sa faveur auprès du monarque dont elle conserva la confiance tant qu’il vécut, quoiqu’elle fût plus âgée que lui. Long. de ce bourg. 19. 15. lat. 48. 33. (D. J.)

MAINTENUE, s. f. (Jurisprud.) est un jugement qui conserve à quelqu’un la possession d’un héritage ou d’un bénéfice.

Ces sortes de jugemens interviennent sur le possessoire ; le juge maintient & garde en possession celui qui a le droit le plus apparent.

Lorsque la possession n’est adjugée que provisoirement, & pendant le procès, cette simple maintenue s’appelle récréance.

Mais lorsque la possession est adjugée définitivement à celui qui a le meilleur droit, cela s’appelle la pleine maintenue.

Avant de procéder sur la pleine maintenue, le jugement de récréance doit être entierement exécuté.

L’appel d’une sentence de pleine maintenue, n’en suspend pas l’exécution.

En matiere bénéficiale, quand le juge royal a adjugé la pleine maintenue d’un bénéfice sur le vû des titres, on ne peut plus aller devant le juge d’église pour le pétitoire. Voyez l’ordonnance de 1667. titre XV. (A)

MAINTIEN, s. m. (Gramm. & Morale.) il se dit de toute l’habitude du corps en repos. Le maintien séant marque de l’éducation & même du jugement ; il décele quelquefois des vices : il ne faut pas trop compter sur les vertus qu’il semble annoncer ; il prouve plus en mal qu’en bien. Maintien se prend dans