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n’avez nulle considération, nul égard pour moi. On dit encore : c’est un misérable, en parlant d’un homme méprisable par sa bassesse & par ses vices. Enfin misérable s’applique aux choses inanimées, aux tems, aux saisons. (D. J.)

MALHERBE, s. f. (Teinture.) plante d’une odeur forte, qui croît dans le Languedoc & dans la Provence, qui sert aux Teinturiers.

MALHONNÊTE, adj. (Gram.) c’est l’opposé d’honnête. Voyez l’article Honnête. Il se dit des choses & des personnes. Il y a des actions malhonnêtes, & il y a des hommes malhonnêtes. Tout ce qui est contraire à la probité rigoureuse, a le caractere de la malhonnêteté.

MALIAQUE, Golfe, en latin Maliacus sinus, (Géog.) ancien nom d’un golfe de Grece dans l’Archipel. Polybe l’appelle Melicus sinus, & Pausanias Lamiacus sinus. Son nom moderne est golfe de Zeiton, & non pas golfe de Volo, car ce golfe de Volo est le sinus Pelasgicus des anciens. (D. J.)

MALICE, s. f. (Mor. Gramm.) C’est une disposition à nuire, mais avec plus de finesse que de force.

Il y a dans la malice de la facilité & de la ruse, peu d’audace, point d’atrocité. Le malicieux veut faire de petites peines, & non causer de grands malheurs. Quelquefois il veut seulement se donner une sorte de supériorité sur ceux qu’il tourmente. Il s’estime de pouvoir le mal, plus qu’il n’a de plaisir à en faire. La malice n’est habitude que dans les ames petites, foibles & dures.

MALICORIUM, s. m. (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on appelle quelquefois l’écorce de la grenade ; c’est comme qui diroit écorce de grenade.

MALICUT, (Géog.) petite île des Indes sur la côte de Malabar, & à 35 lieues N. des Maldives. Elle est entourée de bancs dangereux, mais l’air y est tempéré, & le terroir abondant en toutes sortes de fruits. (D. J.)

MALIGNE, Fievre, (Medec.) fievre accompagnée d’affections morbifiques très-dangereuses, & dont la cause est difficile à dompter par la coction, ou à expulser par les excrétoires naturels, où à se déposer par éruption.

Ainsi les fievres que les Medecins appellent malignes, sont celles dont la cause, les complications, les accidens, s’opposent aux effets salubres que le méchanisme propre de la fievre produiroit, si la cause de la maladie n’avoit pas des qualités pernicieuses qui la rendent funeste, ou du-moins indomptable ; ou si les complications, les accidens, les symptômes étrangers à la fievre, ou le mauvais traitement du medecin, ne troubloient pas les opérations par lesquelles ce méchanisme pourroit procurer la guérison de la maladie.

Ce n’est donc pas à la fievre même qu’on doit imputer la malignité, ou les mauvais effets de la maladie, puisque ce desordre n’en dépend pas ; qu’il lui est entierement étranger, & qu’il la dérange & la trouble. Quelquefois même cette malignité ne paroît pas accompagnée de fievre, car elle y est d’abord fort peu remarquable. Ainsi, lorsque selon le langage ordinaire, nous nous servons de l’expression de fievre maligne, nous entendons une fievre qui n’est pas salutaire, parce qu’elle ne peut pas vaincre la cause de la maladie : alors cette cause & ses effets sont fort redoutables, sur-tout dans les fievres continues, épidémiques, où l’art ne peut suppléer à la nature, pour expulser une cause pernicieuse qui n’a pas d’affinité avec les excrétoires ; c’est pourquoi on peut regarder dans ce cas une maladie comme maligne, par la seule raison que la nature ne peut pas se délivrer de cette cause par la fievre, ou par des éruptions extérieures, avant qu’elle fasse périr le malade.

Les fievres malignes sont caractérisées par les signes

fâcheux que l’on tire des symptômes qui les accompagnent, & par les signes privatifs de coction. Le medecin doit toujours envisager ensemble ces deux classes de signes, pour reconnoître une fievre maligne, & pour établir son pronostic sur l’événement. Encore faut-il qu’il prenne garde si les symptômes redoutables de ces fievres ne dépendent point, comme il arrive souvent, du spasme excité dans les premieres voies, par des matieres vicieuses retenues dans l’estomac ou dans les intestins ; car alors les mauvais présages peuvent disparoître en peu de tems par l’évacuation de ces matieres. Mais quand les desordres dépendent d’une cause pernicieuse qui a passé dans les voies de la circulation ; & qu’il n’y a à l’égard de la coction ou de la dépuration des humeurs, aucun signe favorable, on peut prévoir les suites funestes de la maladie.

Les symptômes des fievres caractérisées malignes, sont le spasme, les angoisses, la prostration des forces, les colliquations, la dissolution putride, des évacuations excessives, les assoupissemens léthargiques, les inflammations, le délire & les gangrenes ; la fievre est ici le mal qui doit le moins occuper le medecin ; elle est même souvent ce qu’il y a de plus favorable dans cet état. Les accidens dont nous venons de parler, présentent seuls la conduite qu’il faut remplir dans le traitement de ces maladies compliquées. En général, le meilleur parti est de corriger le vice des humeurs suivant leur caractere d’acrimonie, de putridité, de colliquation ; les évacuer doucement par des remedes convenables, & soutenir les forces accablées de la nature. Consultez le livre du docteur Pringle, on the discases of the army, & le traité des fievres de M. Quesnay. (D. J.)

Malignité, s. f. (Gram.) malice secrette & profonde, Voyez l’article Malice. Il se dit des choses & des personnes. Sentez-vous toute la malignité de ce propos ? Il y a dans le cœur de l’homme une malignité qui lui fait adopter le blâme presque sans examen. Telles sont la malignité & l’injustice, que jamais l’apologie la plus nette, la plus autentique, ne fait autant de sensation dans la société que l’accusation la plus ridicule & la plus mal-fondée. On dit avec chaleur ; savez-vous l’horreur dont on l’accuse, & froidement il s’est fort bien défendu. Qu’un homme pervers fasse une satyre abominable des plus honnêtes gens, la malignité naturelle la fera lire, rechercher & citer. Les hommes rejettent leur mauvaise conduite sur la malignité des astres qui ont présidé à leur naissance. Le substantif malignité a une toute autre force que son adjectif malin. On permet aux enfans d’être malins. On ne leur passe la malignité en quoi que ce soit, parce que c’est l’etat d’une ame qui a perdu l’instinct de la bienveillance, qui desire le malheur de ses semblables, & souvent en jouit. Il y a dans la malignité plus de suite, plus de profondeur, plus de dissimulation, plus d’activité que dans la malice. Aucun homme n’est né avec ce caractere, mais plusieurs y sont conduits par l’envie, par la cupidité mécontente, par la vengeance, par le sentiment de l’injustice des hommes. La malignité n’est pas aussi dure & aussi atroce que la méchanceté ; elle fait verser des larmes, mais elle s’attendriroit peut-être si elle les voyoit couler.

Malignité, s. f. (Médecine.) se dit dans les maladies, lorsqu’elles ont quelque chose de singulier & d’extraordinaire, soit dans les symptômes, soit dans leur opiniâtreté à résister aux remedes ; sur quoi il faut remarquer que bien des gens, faute d’expérience, trouvent de la malignité où il n’y en a point. On ne peut pas donner de regles sûres de pratique dans ces sortes de maladies ; car souvent les remedes rafraîchissans y conviennent, tandis que d’autres fois ils sont très-contraires, & qu’il est besoin d’em-