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Page:Diderot - Le Neveu de Rameau.djvu/7

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à faire, je m’amuse à regarder un instant ceux qui le poussent bien.

LUI. — En ce cas, vous vous amusez rarement : excepté Légal et Philidor, le reste n’y entend rien.

MOI. — Et monsieur de Bussy donc ?

LUI. — Celui-là est en joueur d’échecs ce que mademoiselle Clairon est en actrice : ils savent de ces jeux l’un et l’autre tout ce qu’on en peut apprendre.

MOI. — Vous êtes difficile, et je vois que vous ne faites grâce qu’aux hommes sublimes.

LUI. — Oui, aux échecs, aux dames, en poésie, en éloquence, en musique, et autres fadaises comme cela. À quoi bon la médiocrité dans ces genres ?

MOI. — À peu de choses, j’en conviens. Mais c’est qu’il faut qu’il y ait un grand nombre d’hommes qui s’y appliquent, pour faire sortir l’homme de génie : il en est un dans la multitude. Mais laissons cela. Il y a une éternité que je ne vous ai vu. Je ne pense guère à vous quand je ne vous vois pas, mais vous me plaisez toujours à revoir. Qu’avez-vous fait ?

LUI. — Ce que vous, moi et tous les autres