Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Profitez de son voyage pour vous-même. Faites qu’il soit utile au commerçant. On ne m’a pas consulté sur le genre d’ouvrages dont on formait la pacotille, et j’en suis un peu fâché. Vous concevez que pour vous faire un billet aussi court que celui-ci, il faut que l’on ne m’ait guère accordé de temps. Je suis bien aise cependant d’avoir occasion de vous prévenir que vous serez suffisamment satisfait sur toutes les choses que vous m’avez demandées par votre dernière lettre. Si ce commerçant se trouve bien de son premier voyage, il ne tardera pas d’en faire un second, et rien ne vous empêchera de l’employer à votre service particulier.

Nous nous portons à merveille. Nous vous souhaitons toutes sortes de bonheur. Ils ont ici une peur de diable que vous ne fassiez une belle chose. Cette peur est un joli commencement d’éloge. J’embrasse Mlle Victoire, et je la félicite sur ses succès. Mon ami, faites-leur un beau cheval, ce sera le refrain de toutes mes lettres. Surtout un beau cheval. Cette maudite guerre contre les Turcs ne finira-t-elle pas bientôt, et quelque grande et signalée victoire ne restituera-t-elle pas, l’année prochaine, Sa Majesté Impériale à des fonctions plus importantes et plus glorieuses que celle de massacrer les Turcs ? Nous sommes ici agités de toutes sortes de rumeurs. Il est incroyable tout ce qu’on dit, et tout ce qu’on ne dit pas. Heureusement, la malveillance est bien connue, et les gens sensés demeurent en suspens, en attendant quelque événement qui soit décisif. Bonjour, mon ami, je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur.


À Paris, ce 17 juillet 1769.


XXIV


Recevez, mon ami, mon très-sincère compliment sur le retour du prince de Galitzin. Vous avez donc à présent à côté de vous quelqu’un avec qui causer, ouvrir votre âme, et vivre doucement. Je pense avec plaisir que je serai, de temps en temps, au