Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un cheval sublime. Ils ne cessent tous de me corner aux oreilles que ton cheval sera mauvais, qu’il est impossible que tu le fasses bon. J’embrasserai tes pieds si tu fais qu’ils en aient menti.

Je vous parlerai une autre fois, plus à mon aise, de la lettre de votre pasteur anglais sur la poésie, la peinture et la sculpture. En attendant, je vous avouerai qu’il a avec moi l’air d’un pasteur hargneux qui se détourne de son chemin pour venir me donner un coup de pied, sans rime ni raison. Il n’a rien entendu, à ce qu’il a dit, de mon drame, mais rien du tout. Il a pris des instructions jetées, par-ci par-là, à l’usage de ceux qui seraient tentés de le jouer, pour des choses qui tenaient au fond. Eh ! par Dieu, si cela lui refroidissait la lecture de l’ouvrage, il n’avait qu’à les passer, et il se serait aperçu que l’action et la scène marchent à merveille sans cela.

Adieu, mon ami, adieu, mon amie, portez-vous bien. Nous vous embrassons tous et de tout notre cœur. Aimez-vous, aimez-nous, comme nous vous aimons, et allez remercier le général de tout ce qu’il m’a dit d’agréable de l’un et de l’autre.

Votre bon ami M. de La Live n’est pas devenu imbécile, mais fou.

Vous connaissez son cabinet. J’en ai envoyé le catalogue à M. le général Betzky. Je crois qu’on m’en ferait volontiers une vente clandestine. Nous n’aurions là nul concurrent.

Voyez, mon ami, vous êtes bien sûr que si la guerre n’empêche pas cette acquisition, j’userai pour le service de Sa Majesté Impériale de tout l’accès que j’ai dans cette maison par mon ancienne amie, Mme d’Épinay, belle-sœur de M. de La Live. Réponse sur ce point.


11 juillet 1769.


XXIII


Je ne saurais refuser, mon ami, un mot de recommandation à la personne qui vous remettra ce billet. C’est un galant homme qui vous porte des livres, la denrée que vous aimez le plus.