Aller au contenu

Page:Didon, Jésus-Christ, 1891.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-

112 ‘2 JÉSUS CHRIST.

La poésie est le langage des impressions véhémentes et des idées sublimes, Chez les Juifs, comme chez tous les peuples d’Orient, elle jaillit RRIRNES Toute âme est poëte, [a joie ou la douleur la fait chanter (1).

Si jamais un cœur a dû faire explosion dans quelque hymne inspirée, c’est bien celui de la jeune fille élue de Dieu pour. être la mère du Messie. |

Elle emprunte à l’histoire biblique des femmes qui, avant elle, ont tressailli dans leur maternité, comme Lia (2) et la mère de Samuel (3), des expressions qu’elle élargit et trans- figure. Les hymnes nationaux qui célèbrent la gloire de son peuple, la miséricorde, la puissance, la sagesse ét Ja fidélité de Dieu, reviennent sur ses lèvres habituées à les chanter.

Quelle créature eut jamais conscience d’une destinée plus haute et resta, dans sa grandeur, plus humble et plus effa- cée ? L’homme s’exalte en lui-même, il se prévaut souvent contre Dieu de sa force et de son génie ; la servante de Dieu ne se prévaut que de sa bassesse et ne : s’exalte qu’en Dieu : Elle prophétise sa gloire future, elle entend déjà l’immense acclamation qui la saluera tout le long des siècles ; mais elle ne voit là que le triomphe de Celui qui a fait en elle de grandes choses.

Ce n’est pas ainsi que parle une simple femme, une filleM

d’Ëve. Ce cantique inspiré dépasse tous les horizons ter- restres, et ferme le cycle des temps anciens ; ce n’est plus ! l’espérance qui appelle Dieu, c’est la foi triomphante qui le voit et le possède ; il est l’hymne des temps nouveaux, et le plus splendide cri d’allégresse qui ‘soit sorti d’une poitrine humaine. *

Le séjour de Marie à Karem, dans la maison de Zacharies se prolongea près de trois mois. Il fut une longue prière, une confidence ininterrompue, une adoration des desseins de Dieu et l’attente religieuse de leur exécution. Les sentiments que trahit la grande hymne de la Vierge étaient trop profonds pour n’être pas exclusifs ; elle en vivait comme ceux que l’amour absorbe, mais à la différence de l’amour humain qui se con- centre et s’isole, l’amour divin s’épanche et nourrit les autres;

(1)entre la poésie et la prose, chez les Juifs, 2 Sous est tout es re

ns le para F ui met en opposition deux contraires, ou

Délaute deux Mel fénpniques ‘ duehe (2) Gen, xxx, 10-13. — (3) 1 Rois, n, 1-8,

Î

L