Page:Diehl - Histoire de l’Empire Byzantin, 1920.djvu/12

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indéfiniment les créations de quelques artistes de génie.

En fait, Byzance a été tout autre chose. Quoiqu’elle se soit volontiers proclamée l’héritière et la continuatrice de Rome, quoique ses empereurs, jusqu’au dernier jour, se soient intitulés basileis des Romains, quoiqu’ils n’aient jamais renoncé aux droits qu’ils réclamaient sur l’ancienne et glorieuse capitale de l’empire, en réalité pourtant Byzance devint très vite et fut essentiellement une monarchie d’Orient. Il ne faut point la juger par comparaison avec les souvenirs écrasants de Rome : selon le mot d’un des hommes qui ont le mieux compris son caractère et entrevu son, aspect véritable, elle fut un État du moyen âge, placé sur les extrêmes frontières de l’Europe, aux confins de la barbarie asiatique [1]. Cet État a eu ses défauts et ses vices, qu’il serait puéril de vouloir dissimuler. Il a connu trop fréquemment les révolutions de palais et les séditions militaires ; il a aimé furieusement les jeux du cirque et davantage encore les disputes théologiques ; malgré l’élégance de sa civilisation, ses moeurs ont été souvent cruelles et barbares, et il a produit enfin,

  1. A. RAMBAUD, l’Empire grec au Xe siècle, p. VII.