Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/101

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Pleins d'une sève auguste, et les rameaux unis,
En défiant l'acier des haches assassines,
Puissamment agrafés, enfonçaient leurs racines ;
Visités par la mort, et désormais sans nids ;
Saignant de tous côtés comme des troncs d'érables ;
Tristes, mais beaux toujours, brisés, mais vénérables.

L'odieux travailleur aux efforts grandissants
Avait si bien repris son œuvre en tous les sens ;
Il avait tant rongé, tant fouillé sans relâche
Les précieux filons du trésor souterrain ;
Tant perforé la voûte avec son bec d'airain ;
Tant crié vers le jour d'une voix rauque et lâche,
Que le jour s'était fait dans un énorme puits,
Et que tout un passé s'abîmait sans appuis.

Avec un grand fracas de ramures penchées
Qui s'effondrent, froissant leurs feuilles desséchées,
Tout croulait à la fois dans l'espace béant,
Et l'honneur, et l'amour, et l'amitié, — chimères !
Tout, tout, jusqu'à l'espoir des vindictes amères,
Tout avait disparu dans l'antre du néant ;
Et la foudre pouvait choisir Hemrick pour cible :
Il n'était déjà plus qu'un sépulcre insensible.