Et combien peut la honte être aisément vaincue,
Et le plus long mensonge être sans remords lourds,
Et l'étreinte dernière être encor calculée,
Pour ceux-là dont l'extase était l'heure volée !
Et cependant, — telle est notre nature, tel
Son besoin d'une idole et son besoin d'autel, —
Malgré la ressemblance où ta stupeur s'abreuve,
Tu te reprends quand même à douter par moment,
A t'écrier parfois dans ta ferveur : « Il ment !
Le jeune homme pervers, l'accusateur sans preuve,
Le fils dénaturé qui souille à lui tout seul
Sa mère au front sans tache à travers un linceul ! »
Mais quand alors, ainsi qu'un justicier farouche,
La narine renflée, et l'écume à la bouche,
Prêt à bondir devant ce jeune homme étonné,
Et ton choix déjà fait sur quelque panoplie,
Tu ramènes ton bras avant l'œuvre accomplie,
Qui pourrait lire au fond de l'élan refréné,
Si c'est l'accusateur de la morte, ou lui-même,
L'autre mort, que tu veux frapper dans son emblème !
La preuve irrécusable, elle est là, devant toi !
Celle qui déserta ton honneur et sa foi,
Aurait-elle avoué sa faute et sa traîtrise
Au prêtre murmurant son bréviaire banal ;
Ce prêtre, sans respect pour le saint tribunal,
T'aurait-il tout redit par peur ou par surprise,
Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/110
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