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Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/143

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La nuit règne. Son ombre étreint comme un mystère ;
Sous les cieux déployant son crêpe avec lenteur,
Elle éteint le sanglot de l'éternel labeur ;
Elle incline et remplit le front du solitaire ;
Et la vierge qui dort la laisse ouvrir son cœur.

Voici l'heure où le front du poète s'incline ;
Où, comme un tourbillon d'abeilles, par milliers
Volent autour de lui les rêves réveillés
Dont l'essaim bourdonnant quelquefois s'illumine ;
Où dans l'air il surprend des frissons singuliers.

L'insaisissable essaim des rêves qui bourdonne
L'entoure ; et dans son âme où l'angoisse descend
S'agite et s'enfle, avec un reflux incessant,
La houle des désirs que l'espoir abandonne :
Amour, foi, liberté, mal toujours renaissant.

Comme une houle épaisse où fermente la haine
De la vie, en son cœur plus caché qu'un cercueil,
S'élève et vient mourir contre un sinistre écueil
L'incurable dégoût de la clameur humaine
Dont la nuit au néant traîne le vain orgueil !