Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/163

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Et tes propres croyants conduits par leurs pontifes,
Plus louches au massacre ou plus fous de terreurs,
Se tordront plus courbés sous le faix de leurs âmes.
Pour en finir avec les hommes et les femmes
Dont le gémissement s'allonge sous tes lois,
Peut-être un jour, après des millions d'années,
Tu diras : « Que la nuit se fasse ! » et cette fois,
Dans la flamme ou dans l'eau, pour jamais condamnées,
Les générations périront sans appel.
Mais le chemin, ô maître ! Est ardu de ton ciel.
Peu d'élus près de toi siégeront sous leurs nimbes,
Tandis que mes états seront pleins jusqu'aux bords ;
Et l'éternel sanglot des enfers et des limbes,
Montant vers toi, sera ton éternel remords ! »


XVI

- Son éternel remords ! à ce jaloux augure
L'ange a-t-il répondu ? Je ne sais. Dans la nuit
Un coup d'aile fouetta les airs avec grand bruit,
Et dans les flots le vent de l'immense envergure
Me lança. Pour mourir j'y fis de vains efforts.
La mer ici toujours a refoulé mon corps ;
Et toujours mon stylet contre ma chair s'arrête.
Abandonné, depuis bien des soleils j'attends,
Sur les étroits revers de cette sombre arête.