Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/171

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À Octave Mirbeau.


 
Quand le rêveur en proie aux chagrins qu'il ravive,
Pour fuir l'homme et la vie, et lui-même à la fois,
Rafraîchissant sa tempe au bruit des cours d'eau vive,
S'en va par les prés verts, par les monts, par les bois ;

Il refoule bien loin la pensée ulcérée,
Cependant qu'un désir de suprême repos
Profond comme le soir, lent comme la marée,
L'assaille, et l'enveloppe, et l'étreint jusqu'aux os.

Il aspire d'un trait l'air de la solitude ;
Il se couche dans l'herbe ainsi qu'en un cercueil,
Et lève ses regards chargés de lassitude
Vers le ciel où s'éteint l'éclair de son orgueil.

Il promène son rêve engourdi dans l'espace,
Errant des pics aigus aux cimes des forêts,
Suit l'oiseau, dont le vol paisible les dépasse,
Et s'exhale en ce cri plein de ses longs regrets :